Les défaites symptomatiques, les revers et les travers. Tout est pardonné, tout est balayé ! Maintenant, il faut se montrer régulier en alliant constance et efficacité. Pour Bertrand Marchand, prendre le train en marche dans des conditions dantesques n'était pas évident. Mais le CA est aujourd'hui un corps sain après avoir fait face à ses troubles compulsifs. Il y a de très bons principes d'équipe, principalement en attaque où le CA a du poids et une dynamique intéressante. Les milieux de terrain offensifs sont aussi forts, avec l'idée de récupérer le ballon le plus rapidement possible. Dans le contenu du jeu, c'est sans doute l'équipe la plus séduisante de ces derniers temps. Après la révolution de palais et la passation technique, les puristes, indépendamment du classement du CA, ont insisté sur la volonté de l'équipe de désormais proposer un bon football. Il faut dire qu'en début de saison, les Clubistes n'arrivaient dans le dernier tiers du terrain adverse que sur du jeu direct et de longs ballons : «Ce n'est pas ma priorité du moment», avait lancé Marco Simone alors qu'il était sur le point d'être éjecté par la nouvelle direction. Le Lombard préférait focaliser sur les deniers des joueurs et son propre pécule ! Bertrand Marchand, lui, a débarqué avec des convictions. Il a tout simplement été emballé par le challenge et le projet sportif. En pleine tempête, il mobilise ses troupes et trouve les mots justes pour relancer la mécanique. Il faut comprendre que le coach ne parle que de football et quasiment jamais de l'extra-sportif. Et au CA de vite changer son contenu, proposer un visage plus rassurant, tout en s'émancipant tactiquement. Plus de schéma figé mais une aptitude à vite changer de module selon les circonstances. C'est ce que l'on appelle le pragmatisme, l'implication, le réalisme et l'opportunisme même. Le constat avec le prédécesseur du Français est d'ailleurs assez étrange, mais ça tranche avec ce qu'a proposé ce CA embryonnaire du début de saison. Dorénavant, le CA tente effectivement d'aller de l'avant, en jouant souvent vite et de manière limpide. Ses rencontres ne sont pas encore spectaculaires, mais les bases d'un fond de jeu et d'un cachet propres sont jetées. Bien avant, le CA se faisait surprendre en raison d'un secteur défensif friable. Ce fut le cas à Kairouan, face au Stade Tunisien et surtout à Bizerte. Actuellement, la défense semble plus compacte et les intentions de jeu du quatuor défensif sont de plus en plus convaincantes. Alors que pendant les premiers mois de compétition, l'équipe de Marco Simone se cherchait, celle de Bertrand Marchand est en train d'émerveiller. Comment ? Avec un football résolument offensif durant ses temps forts, ce CA-là s'est lancé dans une douce révolution qui ravit ses supporters. Un savant dosage Qu'il semble loin le temps de l'inconstance avec un CA en souffrance la plupart du temps. L'urgence de reprendre le contrôle et se donner de l'air était telle que les joueurs semblaient souvent tétanisés, en perte de vitesse et de confiance. Or, le doute est l'ennemi du footballeur. Quand le doute s'installe, rien ne va plus ! Ce faisant, maintenant que le CA est passé au-dessus de la ligne de flottaison du classement, l'espoir et surtout l'ambition sont de retour. Le Club Africain est de retour ! Les défaites symptomatiques, les revers et les travers. Tout est pardonné, tout est balayé ! Maintenant, il faut se montrer régulier après avoir parfaitement réagi ces derniers temps. Et en attendant la constance et l'efficacité, le CA doit s'efforcer d'enchaîner et ne plus alterner. Les situations compliquées, la suffisance, ont fait que le CA perd peu à peu du terrain sur ses concurrents historiques. Or, pour un prétendant classique, quand on est dos au mur, on doit arriver à fournir l'énergie et à se surpasser. C'est là l'un des thèmes chers à Bertrand Marchand. Un discours qui passe, forcément ! Oui, il semble que le CA est passé à autre chose. Pour preuve, il a récemment montré un autre visage avec plus de détermination, de surpassement et de cœur à l'ouvrage. Il semble avoir appris à prendre sur lui, à encaisser les coups sans s'effondrer par ailleurs. Ce CA-là a bel et bien retrouvé la lumière et n'est plus dans le brouillard. Ce n'est pas un miracle mais un accomplissement, un acte de bravoure. Pourquoi ? Parce qu'aussi, à la décharge des joueurs, tous les ingrédients n'étaient pas vraiment réunis en début de parcours pour leur permettre de démarrer la saison sereinement. Les départs de nombreux cadres s'étaient accumulés depuis deux ans (Dhaouadi, Belaïd, Nater, Touzghar, Farouk Ben Mustapha, Djabou, Salifu, Meniaoui, Haddedi, Srarfi). Et, dans le même temps, l'exécutif de Slim Riahi semblait incapable de les remplacer par des joueurs de même calibre. En témoignent d'ailleurs les camouflets infligés en ce début d'année par des outsiders qui n'en demandaient pas tant. Défense transpercée, milieu amorphe, attaque famélique. Le CA a mangé son pain noir et touché le fond. Même s'il a glané une Coupe de Tunisie et atteint le dernier carré de la Coupe de la CAF, il n'a pas convaincu, loin de là ! Et force est de constater qu'il a retenu la leçon, tirant les enseignements qu'il faut, s'attelant à corriger ce qui doit l'être, tout en se retroussant les manches. Bref, si rien ne tournait rond en début de saison, actuellement, le staff technique s'évertue à construire une équipe qui fonctionne. Avec les moyens du bord, Bertrand Marchand apporte sa science et tente le brassage entre anciens et apprentis. L'alchimie et la cohésion n'en seront que profitables. Avec ce mélange de tauliers et de jeunes pousses, il y a un vrai potentiel au CA. Aux supporters de faire preuve de patience pour recueillir à terme ce qui a été semé.