L'annonce de l'interdiction des sacs en plastique dans les pharmacies et leur remplacement par des sachets kraft à partir du 1er mars 2018 a sonné le glas pour plusieurs jeunes entrepreneurs qui risquent aujourd'hui de mettre la clé sous la porte. L'interdiction des sacs en plastique dans les grandes surfaces qui est entrée en vigueur en mars 2017 sera suivie d'une nouvelle mesure qui sera aussi appliquée à partir du 1er mars 2018 visant l'interdiction des sacs bretelles en plastique dans les pharmacies. C'est le coup de grâce pour certains jeunes entrepreneurs qui ne savent plus à quel saint se vouer. Ces mesures, qui s'instaurent dans le cadre de la concrétisation d'une nouvelle orientation du ministère des Affaires locales et de l'Environnement visant à lutter contre la pollution, menacent de mettre sur la paille plusieurs jeunes entrepreneurs qui rêvaient d'un avenir bien meilleur. Des jeunes dans la tourmente Aujourd'hui, tout a basculé vers le pire, et on ne sait plus à qui s'adresser, témoigne Ali Ksibi, propriétaire d'une société de distribution spécialisée dans la production de sacs bretelles destinés aux pharmaciens. Il ajoute que son entreprise a été créée en 2015 et agréée par l'Agence de Promotion de l'industrie. Son projet a été financé grâce à un crédit Fonapram (destiné au financement de projets des petites entreprises et des petits métiers). Il a dû importer des machines de Turquie et signer un engagement avec le ministère de l'Industrie stipulant l'interdiction de la vente de ce matériel durant les cinq ans à venir. L'annonce de l'interdiction des sacs en plastique dans les pharmacies et leur remplacement par des sachets kraft à partir du 1er mars 2018 a sonné le glas pour plusieurs jeunes entrepreneurs qui risquent aujourd'hui de mettre la clé sous la porte. Ali Ksibi nous explique qu'il n'est plus en mesure de payer le loyer, de rembourser le crédit bancaire et de s'acquitter des charges salariales. Elles sont au moins 84 entreprises à vivre ce calvaire. Les tentatives de leurs propriétaires d'entrer en contact avec les représentants du ministère de l'Industrie n'ont pas abouti. Selon les estimations, 15.000 emplois seront perdus avec l'entrée en vigueur de la nouvelle mesure en mars prochain. «On a contacté le ministère de l'Industrie depuis le mois de septembre 2017 mais on n'a eu aucune réponse. De telles attitudes ne peuvent que nous léser en tant que jeunes entrepreneurs aspirant à travailler dans notre pays. Toutes les portes sont fermées devant nous, confie de son côté le jeune Mounir Abdelmoula. Ce dernier rappelle que les nouvelles mesures d'interdiction du sac plastique dans les grandes surfaces et au niveau des pharmacies ne peuvent que conforter ceux qui détiennent le secteur parallèle du marché des sacs en plastique et qui peuvent aujourd'hui se frotter les mains. Comment se fait-il que ceux qui sapent l'économie du pays ne soient pas dans le viseur du gouvernement, se demande-t-il. Une solution à l'horizon Contacté à ce sujet, Fayçal Bradii, représentant de la Chambre syndicale nationale des fabricants transformateurs de plastique, relevant de la Fédération nationale de la chimie, a souligné que rien n'est encore officiel quant à l'interdiction des sacs en plastique dans les pharmacies, tout en rappelant que cette mesure a été prise suite à un accord entre le syndicat tunisien des propriétaires de pharmacies privées et le ministère des Affaires locales et de l'Environnement .Il a toutefois rappelé le refus catégorique de la Chambre de cette décision. Quant aux pertes que vont subir les producteurs des sacs en plastique en raison des dernières mesures prises par le ministère des Affaires locales et de l'Environnement, Fayçal Bradii nous a informés que ledit ministère vient de charger une société d'assistance en management d'engineering et de formation pour la réalisation d'une étude comportant un diagnostic et une mise à niveau de la filière de production des sacs en plastique en Tunisie. Une réunion avec le ministre des Affaires locales et de l'Environnement sera tenue après l'élaboration de ce rapport pour entamer la phase d'indemnisation pour certains et celle de mise à niveau pour d'autres.