Des soldes privés et partiels ont été orchestrés par certaines enseignes de prêt-à-porter, une poignée de jours avant le début officiel des soldes aujourd'hui Une aubaine pour les consommateurs, certainement, pour les commerçants aussi, vraisemblablement. En défilant devant différentes boutiques de prêt-à-porter, cette hypothèse prend sa pleine mesure et toute sa signification. La semaine dernière, l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica) avait annoncé le début des soldes d'hiver, pour le 20 janvier 2018, au lieu du 1er février. «La décision a été prise en concertation avec le ministère du Commerce et dans le but de préserver le pouvoir d'achat du citoyen tunisien», peut-on lire sur le communiqué officiel. Les soldes d'hiver s'étaleront sur six semaines. On vous donne, ici, un avant-goût des jours pré-soldes vécus par les consommateurs, qui ne se sont pas fait prier pour se manifester et pointer le bout du nez, dans les espaces commerciaux. Un succès attendu ? En ce mercredi 17 janvier, le contraste du niveau d'activité de deux enseignes tunisiennes de prêt-à-porter est saisissant. Bien qu'elles soient séparées par une centaine de mètres, l'activité commerciale au sein des deux boutiques diffère totalement. D'un côté, une boutique complètement désertée, des clients aux abonnés absents et, d'un autre côté, une boutique qui grouille de monde. Emir, gérant d'un magasin de vêtements femmes, hommes et enfants de fabrication tunisienne, à Riadh Ennasr, donne son point de vue sur la décision prise par le ministère du Commerce et la chambre syndicale et les bénéfices potentiels à en tirer, l'air pas emballé pour un sou et assez sceptique :«Je reste dubitatif quant au succès escompté par l'avancement de dix jours de la date prévue des soldes d'hiver. Cela, pour la simple et bonne raison qu'en 2016, lors des soldes d'été avancés au 15 juillet, en lieu et place du 1er août, cette opération était sans effet productif et on n'en avait pas profité, d'une quelconque façon. L'essentiel, à mon sens, reste la disponibilité de la marchandise en qualité et en quantité». Les étagères sont pleines à craquer de vêtements invendus et qui attendent vainement les clients. On peut songer que le gérant attend les soldes, malgré lui et un peu à contrecœur... En parcourant son grand espace sur deux niveaux, le jeune vendeur qui rôde vous propose de bénéficier d'une carte de fidélité à acquérir sur place. Le client en possession d'une carte de fidélité peut, en effet, bénéficier de réductions de l'ordre de 5%. Les visiteurs de la boutique ne semblent pas convaincus et ont fini par déserter la boutique redevenue déserte sur le coup de seize heures. L'engouement commercial n'est pas du tout le même dans une autre enseigne de prêt-à-porter. Une mère, accompagnée de son fils adolescent, les bras chargés de vêtements pour toute la famille, passent à la caisse. «Ce sera trois cents dinars !» lance la caissière. Deux caisses ouvertes, une double file, un air de soldes. Les clients se font largement remarquer, pour flairer les bonnes affaires et leur sens aiguisé pour des achats profitables. Une cliente raconte avoir opté pour des chaussures pour enfants qui affichent une réduction de 30% : «J'en ai profité pour acheter deux paires de chaussures pour mes enfants». Soldes, mon doux souci Etant donné qu'il est interdit de pratiquer des soldes avant la date fixée, les grandes enseignes de prêt-à-porter ont informé discrètement leurs clients fidèles par SMS pour éviter d'être pénalisées. Quelques jours avant les soldes, les clients, en possession d'une carte de fidélité, ont pu profiter des réductions consenties sur certains articles. Tout cela dans la discrétion la plus totale. En effet, les nouveaux prix n'ont pas été affichés sur les articles exposés. C'est en présentant leur carte de fidélité à la caisse que les clients fidèles des enseignes ont pu bénificier de remises sur les articles achetés. Pour autant, tous les articles n'ont pas été soldés, notamment ceux de la nouvelle collection. Il faut demander, systématiquement, aux vendeurs sur place quels sont les articles soldés et quels sont ceux qui ne le sont pas. Au rayon masculin, les articles soldés sont minoritaires, limités aux jeans, sweat-shirts et pulls d'hiver, ainsi que quelques articles bien déterminés parmi les pyjamas ou pulls et chemises de demi-saison. Au niveau des articles présentant le rapport qualité/prix le plus intéressant, le choix est difficile. Il faut s'armer de patience, vérifier le prix exact, s'il y a réduction, contrôler l'état de l'habit choisi. Les pulls hommes se vendent entre 25 et 35 D avec ou sans soldes, les gilets à partir de 40 D, les jeans entre 40 et 60 D, les joggings à 60 D, les pyjamas à 40 D, les pantoufles à 25 D. Une autre ligne de vêtements pour toute la famille, de fabrication locale, a proposé à ses adhérents, par message personnel sur téléphone mobile, des soldes privés depuis le début de la semaine qui court. Des réductions allant de 20 à 50% ont alléché de nombreuses femmes, sur simple présentation de la carte de fidélité du magasin. Un seul hic, tout de même. De nombreuses femmes, mal averties et attendant patiemment dans la file d'attente devant les caisses, ne se sont pas gênées pour demander aux autres l'utilisation de leur carte afin de profiter des remises à la caisse. Une scène hilarante et loufoque. Drôles de dames et sacrés soldes !