Le Portugal élargit pour la première fois son fonds environnemental national pour cofinancer un plan d'action conjointe avec la Tunisie pour développer des projets dans le domaine de l'environnement. Plusieurs projets en commun peuvent être menés entre les deux pays comme la réduction de l'émission de carbone et la mobilisation de l'eau. M. João Pedro Matos Fernandes, ministre de l'Environnement portugais, nous parle de ces projets et de l'aide portugaise à la Tunisie Quels sont les domaines de coopération à développer entre le Portugal et la Tunisie dans le domaine de l'environnement ? Il me faut commencer par souligner les excellentes relations d'amitié et de partage de valeurs en commun qui unissent nos deux pays depuis longtemps. Et une fois de plus, pendant la visite que Monsieur le ministre a effectuée au Portugal au mois de novembre dernier, nous avons vérifié tout de suite la convergence de vues sur les options stratégiques destinées à développer les politiques d'environnement et à garantir leur pérennité. Nous nous sommes immédiatement mis d'accord pour le lancement, dès le début de cette année, d'actions visant l'éducation environnementale, le traitement des eaux usées et la gestion des déchets. Ce choix a eu pour base les capacités des deux pays, mais surtout les priorités définies par le gouvernement tunisien. Le Portugal est-il disposé à fournir un appui financier pour permettre à la Tunisie de parachever son programme environnemental ? Depuis 2017, le gouvernement portugais a créé le nouveau Fonds environnemental à partir de l'intégration de divers fonds déjà existants, consolidant la capacité financière nationale de la politique environnementale. Ce fonds doit être l'instrument d'appui de cette politique dans la poursuite des objectifs de développement durable, contribuant à l'accomplissement des compromis et engagements nationaux et internationaux. Un des objectifs du fonds est la coopération internationale dans le domaine du changement climatique, tenant compte aussi des engagements de l'Accord de Paris pour le financement de l'action climatique. Pendant l'année 2017, nous avons développé un programme d'investissement dans des pays de langue officielle portugaise, et nous envisageons de consolider cette approche en élargissant, par étapes, ce programme à d'autres pays. Dans ce cadre, je peux annoncer qu'il a été prévu de faire un effort financier estimé, pour 2018, à 265.000 euros, pour permettre la mise en place des différentes actions prévues avec le gouvernement tunisien. Dans le domaine de l'eau, la Tunisie, comme beaucoup de pays d'Afrique du Nord, connaît un déficit chronique. Quelles sont les méthodes idéales à utiliser pour renforcer l'apport en eau en bénéficiant d'un transfert technologique portugais ? Un avantage du Portugal dans la mise en œuvre de ces projets communs est, au-delà des caractéristiques semblables des deux pays, la manière de procéder. Nous pouvons dire que le Portugal n'aime pas avoir des solutions universelles pour n'importe quel problème. Nous aimons bien connaître les réalités locales et, en concertation avec les autorités, promouvoir des solutions intégrées avec les meilleures techniques et technologies existantes, en ayant comme objectifs l'efficacité et la pérennité d'une solution locale. En ce qui concerne le déficit chronique, le Portugal est situé géographiquement dans une zone de transition entre différentes régions climatiques. La disponibilité variable d'eau parmi les régions et la saisonnalité nous forcent à une vigilance accrue de nos ressources hydriques. Bénéficiant de très importants investissements faits dans le passé que nous continuons à renforcer dans le présent, nous arrivons à une gestion assez raisonnable de l'eau, même en période de sécheresse. Nous sommes engagés actuellement à augmenter la capacité de stockage pluriannuelle et les interconnexions entre les infrastructures existantes, pour permettre des échanges d'eau entre régions. Mais dans les services d'eau, il y a encore beaucoup à faire en ce qui concerne l'efficacité de la gestion des réservoirs et des réseaux de distribution, en utilisant de nouvelles méthodes et de nouveaux outils informatiques. L'existence d'une entité régulatrice pour les services d'eau, qui peut être élargi aux services d'assainissement et de déchets, est aussi fondamentale pour garantir, d'une part, la fonction sociale de ces services mais, d'autre part, pour garantir la performance économique de tous les systèmes. Les capacités du Portugal dans ce domaine sont notoirement reconnues internationalement, avec des experts et des entreprises portugais travaillant déjà un peu partout dans le monde, comme en Tunisie. Le prochain Forum mondial de l'eau, organisé cette année au Brésil, sera une opportunité de plus pour l'échange d'expériences entre les différents acteurs du secteur, où le Portugal aura un rôle important, non seulement en ce qui concerne la région de l'Europe, mais surtout pour essayer d'établir un dialogue entre différentes régions. Les changements climatiques sont dus essentiellement à l'émission du CO2. Peut-on conclure un partenariat entre le Portugal et la Tunisie pour gagner des parts dans le marché du carbone au niveau mondial ? Le Portugal, depuis longtemps, a construit et consolidé une forte expérience dans la formulation des politiques, dans la définition des stratégies et dans les actions contre les effets du changement climatique. Nous avons eu la capacité d'accomplir les objectifs de Kyoto et nous sommes dans une trajectoire qui nous donne une garantie d'accomplir les objectifs de 2020, soit en ce qui concerne la réduction des émissions, soit pour l'efficacité énergétique et pour les énergies renouvelables. Le Portugal a obtenu une réduction des émissions de 20% durant la dernière décennie, et en 2016, le pays a utilisé pendant quatre jours d'affilée l'électricité provenant exclusivement de sources renouvelables. Aussi en 2016, 62% de toute l'électricité provenait de ces mêmes sources. Pendant la COP 22, nous avons défini l'objectif de la neutralité en carbone au Portugal pour 2050. En octobre 2017, le « Roadmap pour la neutralité en carbone » a été lancé pour s'adresser à tous les secteurs de l'économie et pour identifier des appuis adéquats destinés à promouvoir les changements de comportement des citoyens et des entreprises, en les orientant vers de nouveaux modes de consommation. En conséquence, je pense que les deux pays ont l'opportunité de faire en commun ce parcours de la neutralité en carbone.