Il ne dira rien des photos qu'il nous offre en hommage amoureux de cette Tunisie qu'il exalte mieux que personne. Mrad Ben Mahmoud n'est pas un bavard. Sa silhouette familière, son regard aigu se sont toujours fondus dans le paysage, et le paysage lui en sait gré. Il se livre tout entier à cet objectif non intrusif, qui sait respecter les jeux d'ombres et de lumières, qui sait quand et comment il faut shooter, qui sait attendre patiemment et sereinement que le monument, le site ou la rue qu'il a choisis soient au meilleur de leur forme, à l'apogée de leur beauté. Il ne dira rien des photos qu'il nous offre en hommage amoureux, de cette Tunisie qu'il exalte mieux que personne, il la montre et c'est tout. A d'autres de broder, interpréter, expliquer, apprécier, raconter. Jean-Pierre Krief, reprenant les termes de la célèbre photographe Diane Arbus, l'avait compris : «Une photographie est un secret sur un secret». Mais il continue : «Or, chez Mrad Ben Mahmoud il y a un secret majeur qui englobe tous les autres, comme une sorte de mystère supérieur dont le souffle circulerait sans cesse d'une image à la suivante, non pour brouiller le sens singulier de chacune d'entre elles, mais pour en amplifier l'effet d'ensemble. Cela se nomme l'invention d'un langage». Le langage de Mrad Ben Mahmoud est immédiatement perceptible, c'est celui, sans filtre et sans distorsion, bienveillant d'un esthète, exigeant d'un technicien, et sans compromis d'un amoureux. «Ces photos nous offrent une leçon de courage et d'optimisme dans ces temps d'inquiétude. Elles sont aussi le manifeste d'un art de vivre méditerranéen que nous partageons d'une rive à l'autre, et un rappel de nos racines, de notre culture commune que ce pays frère ...revendique à juste titre. C'est un chant d'un autre temps, non exempt de nostalgie que l'on vous offre ici, celui d'une Tunisie heureuse», écrit à son tour Michèle Brun Mais sans essayer de le disséquer, ne boudons pas notre plaisir. Immiscons-nous dans l'objectif de Mrad Ben Mahmoud, et retrouvons cette Tunisie que nous aimons, celle des grands monuments et des ruelles étroites, celle des petits métiers et des grands sourires, des rocs arides et des plages blondes, des vieillards sagaces et des enfants joyeux. Une Tunisie qu'il développe par régions, par sites, du nord au sud, des côtes à l'intérieur, et à laquelle on ne peut reprocher qu'une chose, avoir occulté Mahdia, la cité des deux mers.