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Les anciens du RCD, « citoyens de seconde zone »
Municipales
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 03 - 2018

Les anciens « rcédistes », dont beaucoup se trouvent à la tête de plusieurs listes aux élections municipales chez Ennahdha et Nida Tounès notamment, ne doivent, en fait, s'en prendre qu'à eux-mêmes pour ne pas avoir réussi à se rassembler afin de peser sur les décisions et changer la donne politique. Même les jeunes n'en ont cure, malgré la dynamique qu'ils ont, à un certain moment, engagée pour reprendre l'initiative et s'imposer comme une donnée incontournable. Désorientés par «les ego des chefs », ils ont compris que les appels à l'unité n'auront pas l'écho escompté, que le gâchis qui les étreint est incommensurable, et que leur avenir politique pourrait se jouer ailleurs. On les retrouve, aujourd'hui, dans la plupart des partis où certains d'entre eux ont réussi à s'imposer dans la hiérarchie, comme c'est le cas notamment de Nida Tounès et de son « fils illégitime » le Mashrou3.
Les partis d'obédience « destourienne » ont dénoncé la décision de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) d'interdire à « toute personne ayant assumé une responsabilité au sein des structures du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) de présenter sa candidature pour être membre d'un bureau de vote ». Nidaa Tounes, qui compte dans ses rangs un bon nombre d'anciens « Rcédistes », a affirmé qu'il « ne permettra jamais de fouler aux pieds les droits de la famille destourienne et du RCD qui ont contribué, durant de multiples étapes de l'histoire de notre pays, à l'édification de l'Etat et ont été au service de la société ». Le parti a condamné « les pratiques discriminatoires envers les anciens adhérents au RCD qui les privent d'assumer des responsabilités dans les bureaux de vote relevant de l'instance supérieure nationale des élections ». De son côté, Al Moubadara a estimé que cette décision « prive explicitement un très grand nombre de Tunisiens de leur droit de candidature pour être membre de bureaux de vote en raison de leur ancienne appartenance politique ».
Réaction tardive
Cette réaction est un peu trop tardive, car elle ne changera rien à la réalité des choses. En vouloir à l'Instance des élections est injuste car elle n'a fait que se référer à d'anciens textes promulgués par l'un des leur, le Président de la République par intérim Foued Mebazaâ, celui qui était président de la chambre des députés et membre du bureau politique du RCD jusqu'au 14 janvier 2011. Le décret-loi n° 2011-35 du 10 mai 2011 relatif à l'élection d'une Assemblée nationale constituante et le décret n° 2011-1089 du 3 août 2011 fixant les responsabilités au sein des structures du rassemblement constitutionnel démocratique, conformément à l'article 15 du décret-loi susmentionné, sont clairs à ce sujet. Le fameux article 15 a été repris tel quel dans l'article 121 de la loi organique relative aux élections et aux référendums du 26 mai 2014 adoptée par l'ANC. Il stipule, en effet, que « ne peut exister parmi les membres ou les présidents des bureaux de vote, toute personne ayant assumé une responsabilité au sein des structures du Rassemblement constitutionnel démocratique dissout, conformément aux dispositions du décret n° 2011-1089 du 3 août 2011 ».
Dans ce cas, « il est évident que toute personne ayant assumé des responsabilités dans un parti politique ne doit pas être membre d'un bureau de vote pour éviter toute interférence dans l'opération du scrutin, et cela concerne tous les partis, sans distinction », selon le membre de l'Isie Adel Brinsi. Car, ajoute-t-il, « imaginez un seul instant qu'un ancien délégué ou président de cellule destourienne se trouve à la tête ou dans un bureau de vote, quelles seraient les réactions des autres candidats » ? A son tour, le président de l'Isie, Mohamed Tlili Mansri, rejette toutes les accusations portées contre l'Instance « qui n'a fait qu'appliquer la loi ». « C'est à l'ARP de modifier l'article 121 et non à l'Isie », a-t-il expliqué.
En 2011, rares étaient les voix qui s'étaient élevées pour contester cette décision discriminatoire prise par le conseil de « l'instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique » présidée par Iyadh Ben Achour et composée de près de 140 membres choisis parmi les partis politiques et la société civile et les personnalités indépendantes. Dans un climat marqué par la haine et une sorte d'inquisition pour barrer le chemin au retour de ce qui est communément appelé «les sbires de l'ancien régime», tous les abus étaient permis, surtout qu'après l'arrestation des dignitaires du régime, la quasi-totalité des « militants rcédistes » se sont terrés, ou ont cherché à s'abriter sous de nouveaux toits pour éviter toutes sortes d'exactions. Englués dans un mensonge collectif, refusant tout droit d'inventaire, et se targuant de n'avoir jamais trempé le petit doigt dans la moindre combine du temps de Ben Ali qu'ils ont renié, ils n'ont pas hésité à vendre leur âme. Très peu d'entre eux ont tenté, avec beaucoup de courage, de rassembler cette «diaspora» et de s'opposer à leur diabolisation. Mais dans les clapotements furieux des « révolutionnaires », leur voix était tout simplement inaudible.
Il est toujours utile de rafraîchir la mémoire des amnésiques, pour rappeler ce bras de fer engagé en 2011 par Béji Caid Essebsi, alors premier ministre, avec l'instance Ben Achour à propos de cette exclusion, et qui a tourné au profit des nouveaux « éradicateurs ». Béji avait appelé les « rcédistes » à bouger pour faire entendre leur voix. Son appel n'avait pas eu de grand écho, puisqu'une petite minorité s'est rassemblée devant le palais des congrès sur l'avenue Mohamed V non loin du siège du RCD déserté mais «habité par les hiboux». Sous la surveillance des sinistres « ligues de protection de la révolution », prêtes à intervenir pour les chasser.
Cette interdiction, imposée par l'Instance de Ben Achour, était, en fait, une insulte faite au quart de l'électorat, puisque près d'un million et demi de Tunisiens s'étaient vus, de manière sommaire, privés de l'exercice d'un droit aussi légitime que citoyen.
En son temps, la Presse avait attiré l'attention sur les dangers qui pourraient découler d'une telle décision. « Le risque est gros », lit-on dans un article publié le 14 avril 2011, sous le titre « citoyens de seconde zone, « de voir une frange de la société complètement déconsidérée, privée de ses droits légitimes, puisque des centaines de milliers de citoyens seraient classés « citoyens de seconde zone ». Elle avait critiqué la dérive de l'instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique qui s'était « autoproclamée parlement pour légiférer et adopter des lois qui engagent le devenir du pays ».
La revanche des « éradicateurs »
La bataille autour de l'exclusion a été perdue par ses « porteurs » au sein même de l'Assemblée nationale constituante dominée par les trois partis de la Troïka, Ennahdha, le CPR et Ettakatol. La pression mise sur les constituants pour ne pas tomber dans l'irréparable a fini par épargner au pays une Constitution « discriminatoire ». « Elle ne passera pas » avait martelé Béji Caid Essebsi qui allait conclure un deal avec son « ennemi juré » Rached Gahnnouchi, le 13 août 2013 à Paris. Cette rencontre entre le président du mouvement Nida Tounès, nouvellement créé, et le président d'Ennahdha, a permis de dissiper beaucoup de malentendus et de négocier un rapprochement entre les deux leaders qui a abouti à ce fameux « Consensus ». Il faut dire que Ghannouchi avait mis tout son poids pour empêcher l'adoption d'un article « exclusionniste » dans la Constitution, et honorer son engagement à l'égard de celui qui deviendra, plus tard, son « allié intime ». Mais ce n'était que partie remise, puisque la même formule de l'Instance de Ben Achour a été reprise dans la loi organique relative aux élections et aux référendums du 26 mai 2014 adoptée par l'ANC. Bien pis, ce même article 121 n'a pas été touché par la loi organique n° 2017-7 du 14 février 2017, modifiant et complétant la loi précédente adoptée par l'Assemblée des représentants du peuple, dominée par Nida Tounès et Ennahdha.
Maintenant que les dés sont jetés et qu'il est pratiquement impossible de pouvoir remédier à cette décision, car il s'agit de modifier la loi organique relative aux élections, il serait, par contre, judicieux de remédier à la situation avant les prochaines échéances de 2019.
Les anciens « rcédistes », dont beaucoup se trouvent à la tête de plusieurs listes aux élections municipales chez Ennahdha et Nidaa Tounes notamment, ne doivent, en fait, que s'en prendre à eux-mêmes pour ne pas avoir réussi à se rassembler afin de peser sur les décisions et de changer la donne politique. Avant Abir Moussi qui se bat pour rassembler les « vrais Destouriens », d'autres, comme Hamed Karoui ou encore Kamel Morjane, ont essayé sans y parvenir. Même les jeunes n'en ont cure, malgré une dynamique qu'ils ont, à un certain moment, engagée pour reprendre l'initiative et s'imposer comme une donnée incontournable. Désorientés par « les ego des chefs », ils ont compris que les appels à l'unité n'auront pas l'écho escompté, que le gâchis qui les étreint est incommensurable et que leur avenir politique pourrait se jouer ailleurs. On les retrouve aujourd'hui dans la plupart des partis où certains d'entre eux ont réussi à s'imposer dans la hiérarchie, comme c'est le cas notamment de Nidaa Tounes et de son « fils illégitime » le Mashrou3.


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