Le nombre de migrants clandestins ayant touché le sol italien en 2017 était de 119.369 dont 6.151 Tunisiens et 544 enfants M. Valentin Bonnefoi a présenté, hier, lors de la conférence de presse du Ftdes, le rapport de l'émigration non réglementaire depuis la Tunisie pour l'année 2017. Ce document a été réalisé à partir des données fournies par le ministère de l'Intérieur italien, des statistiques de l'Unhcr et autres regroupées via le traitement médiatique des données du ministère de l'Intérieur tunisien. L'Italie constitue, indéniablement, la destination de la majorité des émigrants clandestins ayant choisi l'Europe comme terre d'accueil. Et alors que les «harragas» africains et nord-africains se dissuadent, de plus en plus, de l'utilité incertaine de jouer le tout pour le tout et de risquer leur vie pour rejoindre la rive nord de la Méditerranée, ceux tunisiens, en revanche, continuent de se hasarder à bord d'embarcations. En effet, les migrants clandestins ayant touché le sol italien en 2017 étaient au nombre de 119.369 personnes dont 6.151 Tunisiens, soit 5%. Les Tunisiens occupent ainsi la 8e place sur la liste des migrants non réglementaires; une donnée qui mérite d'être prise au sérieux par les autorités et les responsables de l'Etat afin de trouver des solutions à même d'atténuer ces flux vers l'Europe et de garantir au Tunisien les moyens susceptibles de lui permettre une vie digne dans son pays natal. M. Bonnefoi a précisé, toutefois, que ces chiffres ne récapitulent en rien le dossier récalcitrant de l'émigration clandestine ou non réglementaire – quoique cette appellation en elle-même vienne contrecarrer le droit de tout individu de « circuler librement » comme il a été mentionné, noir sur blanc, dans l'article 13 de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Cela dit, ces chiffres dressent déjà le tableau d'une fuite croissante vers l'inconnu. Il faut dire que le nombre des émigrants tunisiens ayant tenté, l'an dernier, d'atteindre les côtes italiennes, s'élève à 9.329 personnes. Si 66% d'entre elles ont été interceptées et arrêtées en Italie, 34%, en revanche, ont vu leur tentative échouer, suite à leur arrestation par les agents de la sécurité nationale. Notons, de surcroît, que 35% et 46% des tentatives d'émigration clandestine ont été avortées durant le troisième et le quatrième trimestres de l'année 2017. Des hommes, des femmes et des enfants... L'orateur n'a pas manqué d'attirer l'attention sur l'émigration clandestine des catégories sociales et des tranches d'âge vulnérables. Face à l'absence de perspectives économiques, professionnelles et même estudiantines, des femmes et des mineurs se trouvent, de plus en plus, hantés par l'émigration non réglementaire. D'ailleurs, sur les 6.151 Tunisiens arrêtés par les forces de sécurité italienne, 544 sont âgés de moins de 18 ans. D'autant plus que 67% des femmes émigrées interceptées sont de nationalité tunisienne. Pourtant, une année auparavant, les chiffres et statistiques italiens montraient que 69% des migrantes clandestines étaient de nationalités autres que tunisienne. De telles données reflètent le désespoir non pas des hommes en âge d'intégration professionnelle mais aussi des femmes et des enfants. Des familles tunisiennes préfèrent, ainsi, risquer leur vie dans l'espoir de la sauver ! Il est aussi à souligner que le nombre d'arrestations des migrants clandestins tunisiens par les agents de sécurité italienne a grimpé de 200% au bout d'une année ; une autre donnée prouvant l'évolution à la fois croissante et inquiétante de l'émigration clandestine depuis la Tunisie. 38% des tentatives avortées D'un autre côté, le présent rapport montre que le pic migratoire vers l'Europe via l'Italie a été observé en octobre avec un nombre record de 951 migrants arrêtés contre seulement 159 personnes en 2016. Ainsi, le nombre des tentatives de migration clandestine a-t-il quintuplé en une seule année. S'agissant des Tunisiens rapatriés en 2017, ils étaient au nombre de 2.193. Et dire que 38% des tentatives d'émigration clandestine réalisées en 2017 ont été avortées à Sfax. Certes, les Tunisiens occupent la 8e place sur la liste des migrants non réglementaires vers l'Europe et vers l'Italie en particulier. La Tunisie demeure, en outre, un pays de transit pour les migrants africains. Le présent rapport montre que 271 migrants maghrébins et africains ont tenté de rejoindre l'Europe via la Tunisie. La migration clandestine semble être le rêve, l'alternative, la fuite ou encore le moyen de protestation de bon nombre de Tunisiens qui n'ont pas réussi à décrocher leur place dans leur pays et à vivre dans des conditions qu'ils jugent favorables. Les voyages de la mort se sont, peut-être, convertis en des voyages de résurrection socioéconomique pour certains. Pour d'autres, le voyage prend fin dans la mort. Depuis 1993 et jusqu'à nos jours, quelque 33.293 émigrés ont péri avant de toucher le sol de leur destination.