Les mêmes raisons produisent les mêmes effets. L'Union tunisienne des taxis individuels (Utti) (Syndicat de taxis indépendants) ne cède pas. Aussi, une énième grève ouverte des taxis aura lieu lundi prochain et se poursuivra si la situation n'évolue pas dans la direction souhaitée par les protestataires. Cette fois-ci, la Chambre syndicale officielle des taxis de l'Utica, qui comporte un nombre plus élevé d'adhérents de la profession, n'est pas impliquée dans cette grève. Certains taxistes ont pris la peine d'informer les usagers, à l'instar de ce taximan qui a conduit son client à l'Ariana et qui en a profité pour lui annoncer la nouvelle. «Lundi prochain nous allons débrayer parce que nos revendications n'ont pas été satisfaites». Faits et méfaits ont défrayé ces derniers mois la chronique d'une corporation mal en point et dont le malaise est à son comble. Solidaires de leurs collègues victimes d'agressions Le meurtre, il y a plus d'un mois au Belvédère, d'un chauffeur de taxi et l'agression de deux autres taximen est la goutte qui a fait déborder le vase. Au-delà des revendications financières, la grève, qui aura lieu le lundi prochain, sera encore une fois appuyée par un impressionnant mouvement de solidarité à l'égard des collègues qui ont été victimes d'agression et de violence. Le tableau a, en effet, complètement changé depuis la révolution dans une profession qui ne fait plus rêver. Un taximan nous a confié, non sans dépit, le calvaire qu'il vit au quotidien dans un métier où il ne trouve plus son compte. Ce chevronné qui exerce cette profession depuis près de vingt ans ne voit plus le bout du tunnel. Il souffre de nombreuses difficultés financières qu'il décrit dans ce témoignage édifiant : «Les pièces de rechange ont augmenté. Une chaîne du moteur que j'ai achetée à 140 dinars se vend désormais à 247 dinars. Inconcevable. Le tarif du gasoil à la pompe est passé de 950 millimes avant la révolution à 1,550 D. Trop c'est trop. Ma journée ne me rapporte guère de bénéfices. Ma recette est rapidement engloutie dans les frais d'essence de trente dinars par jour et les autres charges de circulation afférentes». Ce père de deux enfants revendique la grève plus pour des motifs d'ordre financier que de sécurité. Alors que jadis ce métier était prisé parce qu'il permettait de générer des revenus confortables, aujourd'hui ce n'est plus du tout le cas dans la mesure où le décor a littéralement changé. Insultes virulentes, agressions sommaires et braquages nocturnes pour voler la caisse du taximan sont devenus le lot des taxistes tunisiens depuis l'avènement de la révolution du 14 janvier 2011. L'époque dorée semble bien finie. Un temps révolu où ces acharnés du travail terminaient leur journée à quatre heures du matin sans que le problème de sécurité ne se pose à eux. Problème d'insécurité Aujourd'hui, les protestataires réclament notamment l'installation de caméras de surveillance dans la plupart des espaces publics et sur les grandes artères. Un dispositif sécuritaire qui pourrait à terme dissuader les braqueurs de tout genre. Quant à l'accord qui prévoit une amélioration de leur situation financière, il tarde à se concrétiser à cause du ministère du Commerce qui ne l'a toujours pas signé. A cause de ces promesses qui n'ont pas été tenues, le bras de fer s'est installé et le malaise est palpable. Rappelons que les chauffeurs de taxis individuels ont réclamé l'approbation d'une augmentation de la tarification en vigueur, une révision du régime d'assurance auquel ils sont assujettis ainsi qu'une exonération d'impôts. Ils ont également revendiqué l'amendement des articles 40 et 41 de la loi n°33 du 19 avril 2004 relatifs aux sanctions et aux modalités imposées en matière de contrôle technique des véhicules.