Outre les expositions, la Fédération tunisienne des arts plastiques propose, dans son programme annuel, des rencontres de réflexion sur les pratiques artistiques qui ont évolué au fil du temps. Des rencontres qui viennent compléter les activités de la Fédération et permettent aux artistes d'échanger leurs points de vue et de débattre de la fonction de l'art et de ses perspectives en Tunisie, particulièrement où il reste encore ésotérique, étant le propre de quelques érudits. 19 intervenants ont participé au colloque organisé par la Fédération tunisienne des arts plastiques (Ftap) en partenariat avec la délégation culturelle de Sousse, les 24 et 25 mars à la maison de la Culture de Hammam-Sousse. Le colloque intitulé «Pratiques artistiques contemporaines : les problématiques de l'artéfact et de l'espace conçu» a réuni une pléiade d'enseignants universitaires, critiques d'art et artistes plasticiens : Khélil Gouiâ, Hafedh Jedidi, Hassen Tlili, Ibrahim Azzabi, Mohamed Ben Hamouda, Mohamed El May, Ramzi Turki, Meriem Ammar, Selma Boudaouara, Ghada Ben Gamra, Inès Agrebi, Amine Ghariani, Hella Hedhili, Yousra Zaghdan, Sami Kelibi, Karima Ben Saâd, Férid Arfaoui et Awatef Mansour. Sans le regard de l'autre, l'art peut-il exister ? C'est une des questions fondamentales à laquelle les intervenants ont tenté de donner des réponses en s'appuyant sur des études menées par des spécialistes en la matière. Espace exposant-espace utopique, l'interaction spatiale dans les pratiques artistiques virtuelles, artéfact et ontologie de l'œuvre sont quelques intitulés de communications qui éclairent sur la dimension iconographique de l'œuvre artistique depuis sa création jusqu'à sa perception. L'ontologie de l'œuvre naît à partir de rien. C'est un concept répandu qui ne pouvait avoir de sens que lorsque l'artiste travaille sur sa toile dans son atelier. Depuis Marcel Duchamp (peintre et chercheur américain d'origine française, 1887-1968) qui a modifié notre conception de l'œuvre d'art en préfigurant une situation esthétique dans laquelle la notion même d'œuvre ne suffit pas à limiter le concept d'art et qui a pris son essor avec l'art conceptuel et où la figure de l'artiste est souvent comparée à celle d'un chercheur, la création ne peut exister qu'à travers le récepteur, c'est ce qu'ont démontré les différents travaux des participants au colloque dont ceux du jeune Amine Ghariani, dont les travaux d'expérimentation biologique sur l'olivier ont été couronnés de succès à l'étranger. La création artistique actuelle dépasse le simple acte de peindre sur une toile. Elle est une accumulation de strates. C'est ce qu'est appelé «phénoménologie de l'artéfact» plutôt qu'«ontologie», autrement dit où le sens de l'être est réfléchi en termes d'essence. Certains intervenants ont évoqué le rapport biaisé de l'œuvre avec son espace d'activation ainsi que les différentes étapes par lesquelles passe l'œuvre. Ainsi, l'œuvre encore en atelier est un objet en puissance et n'a d'existence (un objet en acte, selon la terminologie de Sartre) que par rapport au regard de l'autre. C'est le schéma reproduit pour toute forme d'œuvre artistique qui a besoin pour exister d'un regard extérieur. C'est cette dialectique entre l'artiste et le récepteur qui donne du sens à l'œuvre. Au cours de ce colloque, les participants ont visité la nouvelle exposition «Métamorphoses» du sculpteur Taïeb Belhaj Ahmed qui a lieu dans son musée situé à Sousse ainsi qu'au vernissage de l'exposition de groupe «Empreintes» à la maisons de la culture de Hammam- Sousse.