La FTAP a tenu un colloque la semaine dernière à Sousse, en collaboration du Commissariat de la Culture de Sousse, ayant pour titre : « Quelle présence pour le plasticien tunisien dans l'espace urbain vécu ? ». Les travaux du séminaire qui ont duré deux jours se sont déroulés à la maison de la Culture «Ali Douagi» de Hammam-Sousse. Bon nombre d'artistes-peintres, de professeurs d'arts et d'élèves de différentes écoles de beaux-arts ont assisté à ce colloque qui était animé par plusieurs interventions suivies de débats. Le programme a débuté par le mot prononcé par le Secrétaire général de la FTAP, Khélil Gouia, qui a présenté l'argumentaire du colloque. Après quoi, les travaux ont démarré par la première séance présidée par Dr. Omar Krayem avec une suite de communications présentées par des professeurs et des docteurs, spécialistes en arts plastiques, ayant pour thèmes « la citoyenneté et l'art : comment l'artiste devient-il producteur des valeurs citoyennes ? », « L'artiste plasticien : l'aventure de la rue », « Intervention de l'art dans la cité à la lumière du discours et de la poésie ». Cette première séance fut suivie d'un débat où plusieurs assistants ont donné leurs points de vue sur le sujet traité. Après une courte pause, a commencé la deuxième séance du colloque qui fut présidée par Hamouda Ben Mohamed avec d'autres exposés où les intervenants ont abordé des sujets tels que « l'art de la rue : une lecture de la théorie du spectacle et la mémoire dans la culture créatrice moderne », « l'art et l'environnement : ici et maintenant » et « l'activation du décret n° 295/1962, concernant la loi de 1%. » Ces interventions ont fait également l'objet d'une discussion brûlante entre les assistants. La première journée s'est terminée par la projection d'un documentaire sur une exposition de l'artiste tunisienne Fatma Hajji, dans l'espace public, à Rome, qui lui a valu une médaille d'or en 2015. De même, les participants ont inauguré une exposition de peinture intitulée « Parfums de la terre » à la Maison de la Culture de Hammam-Sousse. La soirée à l'hôtel fut marquée par le visionnage du court-métrage relatant le parcours artistique d'Ali Nacef Trabelsi et par un récital poétique intitulé « Le poète et la rue » de Moncef Mezghenni. La deuxième journée, les travaux du colloque ont repris avec la troisième séance présidée par Hafedh Djedidi. D'autres interventions ont eu lieu, comme la « genèse du pictural en Tunisie, perception et conception de l'Etre vécu et visuel », « Pratique artistique de la rue : réalité et marginalité » et « l'art en dehors des galeries ». Ces communications furent suivies d'une discussion. Après une pause de 15 minutes, la quatrième séance présidée par Moncef Ouennès a été marquée par d'autres communications portant sur le même thème, à savoir comment l'art peut-il s'installer dans la rue. Les assistants ont pu suivre une intervention concernant les artistes tunisiens qui concentrent leurs activités plastiques dans les villes de l'intérieur et une autre sur « l'artiste-citoyen face au jeu des lois : dynamisme des expériences créatrices et stagnation de la législation ». La séance fut achevée par des discussions portant sur les thèmes abordés. Toutes ces communications ont été assurées par les docteurs et les professeurs : Moncef Ouennès, Hafedh Djedidi, Hammouda Ben Mohamed, Yassine Halwani, Naceur Ben Cheikh, Mohamed Farès, Borhane Ben Arbiya, Fatah Ben Ameur, Fethi Bouzida, Khélil Gouia... D'après toutes ces interventions, on peut déduire que ce colloque a mis l'accent sur le rôle de l'art et des artistes en dehors des galeries et des musées. Il s'agit de l'inclusion des arts plastiques dans la ville, la rue et la société. Sans doute, l'approche culturelle actuelle du secteur des arts vise à étaler l'œuvre sur des espaces vivants et sur le quotidien vécu ainsi que sur l'environnement général, pour que l'art devienne un acteur majeur dans la constitution d'une esthétique et d'une sémiologie de l'espace architectural et urbain. En outre, ouverts sur les formes contemporaines de la création, les arts de la rue favorisent des rencontres originales avec le public et des échanges dans une ambiance chaleureuse, surtout quand ces arts plastiques côtoient les autres formes d'expression, dans un effort de décloisonnement entre les différents arts, ce serait un grand apport pour la ville et les citoyens. L'artiste-plasticien doit sortir des galeries et des espaces réduits pour participer avec l'architecte et l'urbaniste à l'embellissement des villes (leurs murs, leurs places publiques, les facettes de leurs immeubles...) et égayer l'espace urbain pour l'extirper de sa griserie et le rendre vivable. Il faut donc tout simplement dépasser le cadre de la toile en quête d'autres supports dans la rue. Pour ce faire, de nouvelles législations devraient avoir lieu et d'autres plus anciennes devraient être réactivées ou renouvelées, pour donner plus de splendeur et d'élégance à nos villes.