Nos représentantes n'ont pas démérité et le sept national a démontré qu'il avait des qualités pouvant lui permettre d'aller encore de l'avant Qu'a-t-il manqué à cette sélection pour monter sur la plus haute marche du podium ? Réellement, pas grand chose. La Tunisie s'est comportée en favori lors des matches du premier tour et a fait preuve de solidité mentale lors d'une finale qui avait très mal commencé. Elle a prouvé qu'elle avait davantage d'arguments que d'habitude. Des progrès ont été constatés, nul ne peut le nier. La Tunisie a adopté plusieurs schémas tactiques. Tantôt la défense plate sur la zone, lorsque l'adversaire ne possédait pas de gros gabarits, comme ce fut le cas face à l'Algérie ou la RD Congo. Souvent une défense en 5-1, avec la majorité du temps Mouna Chebbah pour perturber la manœuvre adverse. Tantôt en 3-3 avec trois joueuses avancées sur les trois fers de lance adverse. Les deux dernières options furent simultanément utilisées face à la Côte d'Ivoire et face à l'Angola avec des fortunes diverses. Elles nécessitent une grande débauche d'énergie, mais aussi des conditions athlétiques. En finale, face à des joueuses capables de faire la différence dans les duels un contre un, ce n'était pas toujours la solution idéale. Lorsque l'on est mené au score, la défense prend une importance grandissante pour empêcher l'adversaire de marquer. Ce fut le dilemme de cette sélection qui manqua de lucidité et de concentration, par moments. Les grandes satisfactions Il y en a quelques-unes, même si tout le groupe est à créditer d'une bonne CAN. La découverte de cette CAN est incontestablement la jeune Asma Ghaoui qui débarque de chez les juniors. C'est une illustre inconnue qui a crevé l'écran. C'est le Issam Tej des demoiselles et ce n'est pas des fleurs. Et dire que cette demoiselle évolue en Nationale B avec le Ribat de Monastir. C'est dire si sa marge de progression est grande. Pour la Tunisie, c'est une perte que de ne pas déblayer le terrain devant cette joueuse pétrie de qualités. Il ne faut surtout pas qu'elle stagne et l'idéal serait qu'elle prenne la direction de l'Hexagone. Bien entendu, nous devons profiter de cette occasion pour louer les mérites de son club qui est certainement pour quelque chose dans cette éclosion. Monastir, Téboulba, Moknine, Béni Khiar, Mahdia, Réjiche etc., c'est dans ces lieux où l'argent ne coule pas à flot que l'on découvre ces joyaux. Bien entendu, il y a la grande école de l'ASF Sahel, l'usine à internationales, et à un degré moindre, l'AS Ennour Ariana. Nous citerons parmi les satisfactions Wided Kilani qui a pris une nouvelle dimension et qui a apporté une meilleure assise à la défense, grâce à des sens toujours en éveil. Elle a été teigneuse au plus haut point, sans oublier une Ines Khouildi toujours disponible et appliquée et une Wafa Chérif qui a fait d'énormes progrès dans la cage. Quant à Rafika Marzouk, elle a apporté son expérience et constitua une solution au marquage de Raja Toumi et Mouna Chabbah. Que dire de la capitaine de l'équipe Raja Toumi. Elle est toujours là, inamovible au poste. Battante, appliquée, disciplinée, elle savait surgir aux bons moments, notamment lorsque le moteur tunisien avait tendance à s'enrayer. Des buts importants, Raja en a inscrit plusieurs. En finale, une rencontre vraiment difficile, sa prestation fut merveilleuse. Quand à Mouna Chebbah, la Ronaldinha nationale, elle fut tout simplement époustouflante de classe. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si ces deux dernières font partie de la sélection africaine. D'ailleurs, Mouna Chebbah a été couronnée meilleure joueuse de cette édition. Rappelez-vous ce kung-fu parfait avec Raja Toumi et cette prise de balle à une seule main de Mouna, digne d'un garçon avec une balle envoyée comme un missile dans la cage algérienne. De la classe à l'état pure et le fait de jouer dans le plus grand championnat du monde pour la joueuse formée à l'ASF Mahdia dénote à lui seul de sa valeur mondiale. Les perspectives d'avenir Lors du dernier mondial en Chine, la Tunisie a réalisé son meilleur classement de tous les temps, à savoir la 14e place, avec quatre victoires contre le Chili (34-16), le Kazakhstan, l'Argentine (32-22), la Côte d'Ivoire (39-27) et un nul face au Japon (31-31). Des progrès viennent d'être confirmés, même si nous aurions préféré que notre équipe nationale mette un terme à l'hégémonie de l'Angola qui dure depuis 7 ans. L'absence de Hela Msaed y est en partie pour quelque chose. Son métier sur l'aile droite, sa vivacité et sa clairvoyance en contre-attaque nous ont manqué. C'est sûr, avec Hela, la Tunisie aurait été sacrée et ses coéquipières ont tout fait pour lui offrir le titre. Malheureusement, la réussite n'a pas toujours été au rendez-vous. Ce n'est que partie remise et le groupe qui s'est élargi va devoir prendre une nouvelle dimension lors du prochain mondial de Suède, une compétition d'une toute autre envergure. Entre-temps, souhaitons prompt rétablissement à Hela Msaed qui a été le premier soutien de ses coéquipières et amies au cours de cette CAN. Toute la Tunisie, tout le Maghreb a apprécié cette solidarité sans faille dans le club Tunisie. Partant sur cette base, il n'y a d'autres solutions que de persévérer sur cette voie car ce cru est vraiment de qualité. Pour ce faire, place au travail rigoureux, à la programmation adéquate, aux rencontres et tournois amicaux avec des équipes européennes de premier plan qui, désormais, ne snobent plus le handball tunisien. Ceci permettra au staff technique d'assurer un meilleur suivi et constituera la meilleure préparation pour détourner le faux rythme de notre compétition locale.