Les élèves se ruent sur les cours particuliers pour réussir les examens Dans le gouvernorat de Kairouan, c'est la mobilisation totale dans le cocon familial et les yeux sont aujourd'hui rivés sur le rendez-vous le plus attendu : à savoir l'examen du bac. En outre, la direction régionale de l'Education a pris toutes les dispositions afin d'assurer le bon déroulement des examens de fin d'année et d'améliorer le taux global de réussite. D'ailleurs, des cours de soutien et de rattrapage ont été organisés dans les établissements éducatifs pendant les dernières vacances scolaires. Pour ce qui est du bac dont la première session se déroulera du 6 au 13 juin, le nombre total des candidats s'élève à 6.366 dont 5.234 des lycées étatiques, 964 du privé et 168 candidats libres. Au total, 3.100 professeurs assureront les surveillances et 500 assureront la correction. A cet effet, 27 centres d'écrit et un centre de correction ont été prévus. Les résultats seront proclamés le 24 juin. En ce qui concerne le DFEEB (9e) qui se déroulera du 18 au 20 juin au sein de 13 centres d'écrit, 1.070 élèves, dont 852 des collèges étatiques, ont décidé de s'y présenter. Au total, 210 professeurs assureront les surveillances et les résultats seront proclamés le 4 juillet. S'agissant du concours de sixième, il se tiendra les 21, 22 et 23 juin avec proclamation des résultats le 6 juillet. Le fléau des cours particuliers Il va sans dire que dans tous les foyers, on réserve les meilleures conditions de travail afin que les candidats soient à l'aise pour affronter le bac, un grand moment de la vie scolaire parce que c'est le moment charnière entre les études secondaires et les études supérieures. De ce fait, le sérieux, l'application et le désir de se surpasser et de partir résolument à la conquête de la réussite sont toujours de mise. D'où l'importance des cours particuliers et on ne lésine pas sur les moyens pour faire bénéficier ses enfants d'atouts supplémentaires même si le budget demandé n'est pas à la portée de toutes les bourses vu le tarif exorbitant pratiqué par les enseignants. Mme Lamia S., mère de deux jeunes garçons, nous a confié dans ce contexte : «Comme les professeurs s'absentent très souvent et font des grèves pour un oui ou pour un non, j'ai dû recourir aux cours d'appui à des prix excessifs pour mes jumeaux. Evidemment, plus le groupe est restreint plus c'est cher. Cela varie de 50 à 250d par mois et par élève. Et comme les dates des examens approchent, les professeurs choisissent d'accélérer le rythme et d'assurer, en une semaine, les 4 séances d'une durée de 2 heures chacune, normalement prévue pour un mois, et ce, à des heures impossibles comme à 11h00 du soir ou à 7h00 du matin. C'est vraiment la galère! Il faut dire que l'agenda des professeurs est tellement rempli qu'ils finissent par tomber dans l'anarchie anti-pédagogique». Mme Cyrine H. renchérit : «Le fléau des cours particuliers continue de sévir à cause du relâchement dans l'application des circulaires qui stipulent l'organisation des cours uniquement dans les lycées et l'interdiction de ces cours à domicile ainsi que la fixation des tarifs. Or, ce qu'on constate, c'est que ce commerce lucratif continue de créer beaucoup de disparité entre les élèves. Car les responsables n'ont pas les moyens de contrôler ces heures d'appui dans des garages ou dans des appartements, à des heures très tardives...» Crainte d'être marginalisé... Wael M., futur bachelier, s'exprime sur ce sujet : «Je pense honnêtement que pour décrocher le fameux sésame, il faut être assidu tout au long de l'année, faire preuve d'une grande attention en classe avec une révision quotidienne au fur et à mesure. Donc, les cours de soutien ne sont pas toujours nécessaires, surtout pour ceux qui ont un excellent niveau et n'ont aucune difficulté d'apprentissage. Or, nos professeurs nous mettent la pression et tous les moyens sont bons pour nous contraindre à nous inscrire dans leurs groupes. Sinon, on se sent marginalisé, exclu et objet de leurs éventuelles représailles... Mais, quand je pense que ma mère a dû vendre ses bijoux afin qu'elle puisse payer mes études, j'ai les larmes aux yeux!». D'autres élèves, dont Faycel T., Rym H. et Souhaïel F., souhaiteraient la révision des coefficients des matières principales dans les diverses sections afin de pallier le fléau des cours particuliers : «Cela devient presque un phénomène de société presque indéracinable malgré les pressions budgétaires. On voudrait également la révision des tarifs vers la baisse vu qu'on paie plusieurs matières et non une seule. Sachez, par exemple, qu'il y a des élèves dont les parents attendent d'excellents résultats et qui visent les grandes écoles et qui suivent des cours dans toutes les matières, y compris en histoire-géographie. D'autres optent pour 2 professeurs pour une même matière scientifique. Cela frôle l'overdose et certains élèves finissent par craquer et par échouer...». Du côté des professeurs, certains se défendent d'exercer des pressions sur leurs élèves. En témoigne Mme Wided B., professeur de français : «Beaucoup de parents, même très cultivés, n'ont pas le temps de s'occuper de leurs enfants et nous supplient de les encadrer à domicile, malgré notre fatigue et nos problèmes personnels. En outre, il existe des enseignants vraiment désintéressés qui donnent des cours gratuits aux élèves nécessiteux...». Halte à la corruption ! Notons dans ce contexte que 46 élèves inscrits en 4e année dans un lycée privé «El Hourrya», à Hajeb El Ayoun, ont été empêchés de passer leur bac blanc à cause d'une note émanant de la Direction régionale de l'éducation. Or, ces mêmes élèves ont reçu des convocations pour le Bac Sport qu'ils ont pu passer. D'où leur mouvement de sit-in et de protestation organisé le 9 mai. Du côté de la Direction régionale de l'éducation, on nous précise que suite à une enquête administrative ayant pris un certain temps, il s'est avéré que ces élèves ont acheté le niveau pour passer de la 1ère année directement à la 4e année. Une enquête a été ouverte et les corrompus dans cette affaire seront traduits en justice.