Par Jalel Mestiri Chaque été, une transaction choque et génère divers commentaires. Il y a des montants de transferts de joueurs qui entrent dans les annales. Mais, ce qui marque encore le plus, c'est qu'il n'y a pas de politique sportive dans la plupart des clubs. Encore moins les personnes qui ont une véritable expertise et un avis autorisé sur la question. Le football tunisien est resté immobilisé au stade absurde d'une starification généralement négative des joueurs et une injustifiable approximation. Au-delà des doutes sur la valeur de telle ou telle recrue, des éternelles interrogations, des objectifs et attentes rarement atteints, des fois même compromis, au-delà aussi de l'incapacité de beaucoup de joueurs à s'imposer, et encore moins à mériter ce qu'ils perçoivent, c'est tout le système qui a besoin d'être révisé. Le mercato de l'été doit composer avec une habituelle problématique : besoin et utilité. Mais toujours est-il que deux problèmes de taille sont toujours inévitables : le déficit de joueurs de qualité et les limites des budgets alloués. Au vu des différents contrats signés ou prolongés, peu de transferts de joueurs avaient réussi. Au fait, il y a un décalage entre l'offre et la demande. Nous sommes conscients du fait que les clubs ont besoin de renforts pour évoluer et faire face à la concurrence. Nous admettons aussi que le football est aussi fait d'erreurs et de maladresses, parfois inévitables, mais tous les arguments avancés ne peuvent en aucun cas constituer une excuse à beaucoup de dérapages... L'impératif d'une possible réhabilitation dans l'engagement et « l'abandon » des joueurs impose nécessairement des règles bien définies. Souvent, les risques de hors-pistes se font sentir: joueurs de moindre qualité par rapport à ce qui existe. Le temps d'intégration a aussi son importance. Il peut se transformer en handicap lorsque l'on espère un apport immédiat. Alors quelles raisons poussent encore les clubs à continuer à s'investir sans modération ? Les dérapages successifs dans les négociations des contrats de certains joueurs désavouent les valeurs et les principes du football et de ses grandes époques. Nous sommes passés de joueurs qui étaient un modèle de dévouement et d'attachement à ceux plutôt préoccupés par des considérations d'intérêt personnel. Ceux qui n'ont plus justement des liens de cœur avec leur club. Il n'est pas difficile de le constater : plusieurs joueurs n'ont pas aujourd'hui une idée suffisante de ce que doit représenter un club. Nombreux sont ceux qui donnent l'impression de ne plus pouvoir progresser et justifier leur rémunération. Encore moins manifester la même verve, le même entrain et la même passion pour ce qu'ils font. Dans la qualité du jeu qui leur incombe, le niveau technique dont ils devraient être investis, il n'y a plus de piste à creuser. Au fil du temps, ce qui se conçoit financièrement dans la plupart de nos clubs est devenu une crainte avérée. Les stars du football tunisien sont loin d'inviter à rêver. Il n'y a plus de modèle auquel le public et les amoureux du foot peuvent vraiment s'identifier. La frénésie va encore gagner les clubs cet été. C'est une évidence. La barre des dépenses risque d'être de nouveau franchie. Ou encore doublée... Toutefois, il ne s'agit pas de savoir ce que vaut un joueur, mais de déterminer ce que vaut un investissement dans un cadre et un environnement bien déterminés...