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«Notre objectif est de construire des projets avec les Tunisiens pour tous les secteurs»...
SOPHIE RENAUD, directeur de l'institut Français de Tunis
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 06 - 2018

Au cœur de la ville, l'Institut français de Tunis, occupant une partie des locaux de l'emblématique lycée Carnot, est devenu un pôle culturel drainant un public de plus en plus nombreux auquel il offre de superbes structures. Déployant une activité foisonnante, touchant à tous les secteurs de la culture, des sciences et de l'éducation, il n'est guère de domaine qui lui soit étranger. Une pareille attractivité interpelle dans un pays où la francophonie est en nette régression, et où les jeunes se tournent de plus en plus vers l'anglais. Nous avons voulu rencontrer, pour comprendre, Sophie Renaud, la très dynamique directrice. A Tunis depuis quelques mois seulement, elle connaît cependant fort bien le terrain, venant régulièrement dans notre pays depuis de longues années, et y comptant de nombreux amis.
Vous êtes une figure incontournable de la scène culturelle tunisienne. Mais on n'en sait pas davantage sur vous et votre parcours. qui êtes-vous Sophie Renaud ?
Depuis septembre dernier, je suis directeur de l'Institut français de Tunis, tout en étant conseillère de coopération et d'action culturelle à l'ambassade de France en Tunisie. Ce qui signifie que je suis en charge de tous les dossiers de coopération universitaire, scientifique et culturelle. Je couvre donc tous les secteurs de la coopération, hormis le secteur économique et celui de la recherche. Je viens de l'Institut français de Paris où je travaillais à la direction de la culture. Mais je connais bien la Tunisie où j'aime à venir depuis vingt ans, et où, depuis dix ans, je revenais trois fois par an pour des vacances.
C'est donc un pays où vous avez choisi de venir ?
Oui, j'ai vu la Tunisie avant la révolution, puis après la révolution. J'ai vu les transformations, la démobilisation des Tunisiens face à la chose politique. Et même si je comprends le scepticisme de beaucoup trop de mes amis, j'ai pensé que ce serait un moment formidable pour venir. Je crois réellement que ce qui se passe ici, aujourd'hui, est d'une importance majeure. C'est une espèce de laboratoire pour toutes les régions et pays arabes, même si, bien sûr, cela pourrait être mieux. Il y a beaucoup de sujets pour lesquels se déploie un combat d'un militantisme dynamique. Il y a une société civile active, suractive, brillante dans certains secteurs. C'est un moment formidable pour être là. En étant ici, on peut contribuer à ce passage.
Je pense qu'à partir du moment où cela va démarrer, les choses iront très vite. Nous faisons beaucoup de choses avec la Tunisie. C'est le pays de la région avec lequel les relations sont les plus apaisées, les choses les plus claires : soit, elles sont pacifiées, soit, les résistances s'affichent de manière claire. Par ailleurs, c'est un pays extrêmement éduqué, ce qui offre la possibilité de dialoguer avec des acteurs de très haut niveau.
Comment se structure votre action ?
Mon action, mon programme s'appuie sur les priorités de l'ambassade : l'éducation, la francophonie, l'employabilité. Trois champs majeurs.
Bien sûr, ici, dans ce lieu, j'ai une casquette très culturelle. Ce lieu, très fréquenté par les Tunisiens, et qui n'est pas un refuge pour expats, peut jouer le rôle de poumon culturel. Notre objectif est de construire des projets avec les Tunisiens pour tous les secteurs : la production avec des distributeurs tunisiens, la mode avec des créateurs tunisiens, le spectacle avec des acteurs tunisiens... Une coopération au sens premier du terme.
Vous avez la francophonie dans vos objectifs. Celle-ci est en nette régression en Tunisie. Comment remédier à cela ?
Il est clair que depuis les vingt dernières années, on constate que la jeune génération s'est éloignée du français. Un peu à Tunis, mais plus encore dans les régions de l'intérieur. Car notre action ne concerne pas seulement la capitale, nous avons des instituts à Sousse, Sfax, et nous avons pour mission de développer des projets sur tout le territoire. Nous constatons que le français ne se porte pas bien. Cela vient, d'une part, du système éducatif tunisien qui place l'enseignement du français dans une situation inconfortable. En principe, 500 heures devraient suffire à maîtriser une langue étrangère, comme l'anglais par exemple. Le français n'est pas considéré comme une langue étrangère. Au niveau du bac, après 1.300 heures, les élèves ne maîtrisent pas le français. Il y a donc quelque chose qui ne va pas. Nous avons entamé une grande consultation nationale, et avons réuni pour cela 300 enseignants, des inspecteurs et des étudiants, pour essayer de faire un diagnostic et poser la problématique. Et nous avons bien mesuré l'insécurité linguistique dans laquelle se trouvent les enseignants. En troisième année primaire, les élèves ont huit heures de français. Au collège seulement cinq heures. Puis, au lycée vingt trois heures, toutes les matières scientifiques étant enseignées en français. C'est là que se fait la fracture. Tout décrochage scolaire se fait à ce moment-là. Par ailleurs il y a 12.000 professeurs suppléants qui enseignent le français, sans avoir forcément le niveau requis, et qui ne contribuent donc pas à bien transmettre une langue.
Quelle serait la solution ?
Apprendre le français comme une langue étrangère. Vous pouvez considérer cela comme un recul. Peut être, mais un recul pour une avancée. Il faut partir d'un constat. Alors que, paradoxalement, la Tunisie reste le pays le plus francophone.
Il faut aussi remettre à niveau les professeurs, un projet dans lequel nous sommes très fortement engagés avec le ministère de l'Education. En 2020 aura lieu le Sommet de la francophonie, un rendez-vous majeur. Comment œuvrer pour que la Tunisie soit la plus forte possible à cette échéance ?
Quel est le programme pour ce cap 2020 ?
Nous nous attaquons à deux choses : faire passer des tests de niveaux à tous les enseignants du français en Tunisie pour mettre en place un plan de formation, en tenant compte des niveaux. Parallèlement, nous avons des sessions ouvertes avec dix-huit inspecteurs dans les régions, pour former les formateurs. Ce programme s'étalera sur toute l'année, couvrira toutes les régions. Il démarre cette année, et concernera près de mille enseignants en un premier temps. Par ailleurs, trente inspecteurs sont envoyés en France pour s'initier aux nouveaux outils pédagogiques. On accède également aux nouvelles technologies, l'appui du numérique permettant de démultiplier l'action. Enfin, on continue d'organiser les universités d'été et d'automne. Cet été, ce sera à Gabès, Sousse et Tabarka. Cet automne, il y aura trois sessions intensives qui allieront apprentissage numérique et présentiel.
On a parlé, un temps, d'une chaîne de télévision en francais?
La télévision française a disparu des foyers. Elle en est sortie quand le terrestre a disparu, et que les satellites se sont tournés ailleurs. Aujourd'hui, la télévision a de nombreux enjeux commerciaux compliqués à modifier. Mais nous voulons réinstaurer la présence française, et travaillons pour cela sur les bouquets satellitaires, avec l'accord des politiques. Nous travaillons aussi sur les médias, et nous voulons lancer un certain nombre d'émissions radio sur Express fm ou IFM. On discute actuellement avec Mosaïque, et Misk a une émission hebdomadaire. Nous avons également un plan d'accompagnement audio-visuel sur un programme : «Je m'exprime en français». Enfin, nous soutenons la version numérique du Huffpost Maghreb avec «le petit Huff».
L'employabilité est un de vos sujets majeurs...
Certainement, et ce sujet est totalement lié à la francophonie, le français étant considéré comme un passeport pour l'emploi. Nous avons Campus France, agence qui gère la mobilité des étudiants sur la France. Nous octroyons des bourses également. Mais le plus important est notre engagement pour la création d'une université franco-tunisienne pour l'Afrique et la Méditerranée, projet co-construit avec le ministère de l'Education tunisien. Celle-ci démarrera à la rentrée 2019, et permettra aux étudiants tunisiens, mais aussi africains et méditerranéens de suivre des études en Tunisie, et d'y obtenir des diplômes et des co-diplômes d'universités partenaires tunisiennes et françaises. Ce projet innovant du partenariat public-privé se construit avec et au plus près des entreprises. Il proposera des filières numériques, mais aussi techniques, telles que les énergies renouvelables. Il s'attachera à répondre aux besoins des entreprises en Tunisie, mais aussi à celles qui ont des intérêts en Afrique.
Dans cette université, on développera également une formation spécifique d'enseignement du français, qui permettra de former en Tunisie des enseignants pour la Tunisie, l'Afrique et la Méditerranée.
Pour revenir à la francophonie, nous avons vu s'ouvrir une alliance française, se développer une agence des universités francophones. Cela signifie-t-il que la bataille pour la reconquête des terrains perdus par le français est engagée?
Nous nous engageons, en effet, à défendre le français dans une acceptation plus large du terme : celle du multilinguisme. Nous lançons un plan ambitieux, avec des objectifs clairs. Avec pour premier objectif de doubler le nombre d'élèves dans les établissements scolaires français. Bien sûr, les parents protestent, et trouvent que l'enseignement français est cher. Mais savez-vous que les frais d'écolage, en Tunisie, sont les moins chers du monde avec Madagascar ? Et que seuls 20% sont à la charge des familles, 80% étant assurés par la fonction publique française. Pour atteindre cet objectif, nous allons construire un nouveau partenariat public/privé. Celui-ci impliquera l'Aufe, l'ambassade de France à travers l'Institut, le ministère de l'Education et un investisseur, et sera structuré de manière à obtenir dès le départ une homologation, laquelle n'était auparavant acquise qu'à l'issue d'un processus.
Notre second objectif est de doubler le nombre d'apprenants le français dans les centres de langue. Nous comptons à ce jour douze centres, où 12.000 élèves suivent des cours de langue. Pour doubler ce nombre, nous comptons sur le nouveau réseau de l'Alliance française. La première a été inaugurée par le président Macron à Tunis. Cinq autres ouvriront d'ici 2019, à Kairouan, Gafsa, Gabès, Bizerte et Djerba. Elles ont pour vocation d'être des pôles culturels dans ces villes, d'y véhiculer la langue française, le cinéma, le théâtre...Tout cela s'articulant avec l'ouverture de nouveaux centres de langue de l'Institut français, les derniers se trouvant à El Mourouj, à Kébili, au Kef.
La culture demeure tout de même le point focal de ce lieu. Quelles en sont les options phare ?
Ce lieu nous offre une plateforme magnifique. Il nous a permis de lancer de nouvelles activités.
Nous y avons instauré la tradition des I-Débats, rencontres autour de personnalités pour des conférences sur des sujets qui touchent les problèmes actuels.
Nous avons créé une activité cinéma, en offrant une nouvelle salle au Grand-Tunis, avec une programmation quotidienne de films tunisiens, français et francophones, touchant tous les publics, y compris les jeunes, à qui nous consacrons plusieurs séances mercredi et samedi.
Nous diffusons nos activités à travers le pays avec un cycle de tournées qui permet à nos programmes de sortir de Tunis et de toucher tout le territoire.
Nous avons créé Culture-tech, une médiathèque en ligne qui permet d'accéder aux livres, films, journaux... Et nous avons un très important réseau Facebook.
Nous créons, avec le Cnci, un nouveau rendez-vous cinématographique, Manarat, festival d'un genre nouveau, qui, du 9 au 15 juin, projettera des films sur les plages, de Gammarth à Djerba, en passant par Bizerte, Nabeul, Monastir et Mahdia.
Cela venant s'ajouter, bien sûr, aux activités et programmes habituels.


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