Reste posée la question dont on attendait l'émergence depuis l'annonce le 13 août 2017 par le président Béji Caïd Essebsi de son initiative relative à la création de la Commission des libertés individuelles et de l'égalité : «La révolution culturelle, sociale et législative que la commission propose aux Tunisiens intervient-elle au bon moment et les Tunisiens y trouvent-ils leurs attentes ou leurs ambitions ?». L'interrogation est légitime d'autant plus que beaucoup d'analystes estiment que les Tunisiens ont d'autres priorités et qu'une telle révolution culturelle gagnerait à être progressive Avec la publication du rapport intégral de la Commission des libertés individuelles et de l'égalité (Colibe), le débat est lancé sur les limites de la pratique de la liberté et de l'égalité dans tous leurs états. En d'autres termes, l'égalité en tant que choix de civilisation et la liberté en tant que mécanisme de gestion des rapports entre les citoyens ont-elles des lignes rouges à ne pas dépasser dans un pays de culture arabo-musulmane ? Comme la Tunisie, un pays dont la Constitution du 27 janvier 2014 considérée comme la loi suprême, a réussi le pari de satisfaire et les tenants du sacré et les laïcs qui estiment que la liberté est un projet infini et que la définition des limites n'a plus de sens dans les sociétés d'aujourd'hui, modernes et démocratiques. Et à lire avec profondeur les 235 pages que comporte le rapport soumis par Bochra Belhaj Hmida au chef de l'Etat, l'on découvre que l'idée principale ou dominante sur laquelle se sont appuyés les concepteurs du rapport en question est toute simple : la liberté, rien que la liberté. De l'égalité totale en matière d'héritage à l'attribution du droit à l'héritage aux enfants naturels, en passant par l'accord du choix du nom de famille, la suppression de la dot et l'annulation progressive de la viduité ainsi que la suppression de la pension alimentaire accordée à la femme divorcée, on se retrouve face à des propositions que d'aucuns qualifient d'historiques, alors que d'autres considèrent comme un déni qualifié d'essence même de notre identité arabo-islamique, voire une déclaration de guerre claire à la religion islamique. Reste posée la question dont on attendait l'émergence depuis l'annonce le 13 août 2017 par le président Béji Caïd Essebsi de son initiative relative à la création de la Commission des libertés individuelles et de l'égalité: «La révolution culturelle, sociale et législative que la commission propose aux Tunisiens intervient-elle au bon moment et les Tunisiens y trouvent-ils leurs attentes ou leurs ambitions ?». L'interrogation est légitime d'autant plus que beaucoup d'analystes estiment que les Tunisiens ont d'autres priorités et qu'une telle révolution culturelle gagnerait à être progressive.