L'augmentation du prix du carburant depuis samedi dernier fait craindre une spirale infernale pour le consommateur qui devra jongler avec les dépenses. Celle du lait et de l'électricité devrait suivre sous peu. La menace de plus en plus persistante d'une augmentation du prix du lait pour résoudre le problème épineux de la collecte du lait risque de causer le mécontentement de la population. Et pour cause ! Un accord a été trouvé entre l'Utap (syndicat agricole) et le Groupement interprofessionnel des viandes rouges et du lait sur une majoration du prix de l'ordre de deux cent cinquante millimes d'un seul coup. Le prix passerait de 1,120 D à 1,370 D le litre de lait demi-écrémé après trois ans et demi. Quand on sait que le prix de l'essence s'est accru de soixante-quinze millimes, le consommateur n'est pas au bout de ses peines. Une augmentation des tarifs d'embarquement et de transport des taxis individuels est entrée en vigueur depuis le 1er juillet. Le tarif d'embarquement est passé de 450 à 500 millimes et le coût du trajet subira un surplus au taux de 13%. Le citoyen tunisien risque de perdre la tête à force d'enchaîner les mauvaises nouvelles et n'arrive plus à suivre. La crise économique aiguë que traverse le pays est marquée par une inflation en hausse. «L'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix. Il s'agit d'un phénomène persistant qui fait monter l'ensemble des prix, et auquel se superposent des variations sectorielles des prix», note un expert. L'annonce, le mois dernier, d'une inflation au taux de 7,7% après une série d'augmentations allant de 6,9% en janvier jusqu'à 7,7% le mois d'avril a fait les choux gras de la presse. Cette augmentation est expliquée essentiellement par la hausse des prix de l'alimentation de 9,3% et du transport de 9,6%. Le taux d'inflation sous-jacent (l'ensemble hors alimentation et boissons et hors énergies) s'établit à un taux de 7,2%. Cependant que certains économistes avancent que l'inflation se situe réellement autour de 10% car les frais liés au coût de l'éducation et l'enseignement ne sont pas pris en compte alors qu'il donne le tournis. Pourvu qu'on ne franchisse pas au terme de ce mois la barre des 8%! Après l'essence, le lait ? Tarek Ben Jezia, directeur général de l'Institut national de la consommation a été approché pour donner son point de vue sur les tendances inflationnistes et les conditions requises pour une relance de la machine économique grippée. «C'est la tendance qui inquiète le plus au-delà de l'indication des taux. Concernant l'inflation en Egypte, la situation est bien pire avec des augmentations de 30% du prix du carburant». L'augmentation de certains aliments de consommation courante comme les viandes blanches ou rouges est inévitable à cause du coût de certains intrants dans la production. Ce sont des produits importés qui ont subi les conséquences de la dépréciation du dinar par rapport au dollar et à l'euro. Les relents de la crise sont perceptibles, chiffres à l'appui, ce qui conforte la thèse selon laquelle la tendance inflationniste persiste. «La classe moyenne tunisienne qui était de 80% en 2010 est de 67% en 2017. Par ailleurs, le taux d'endettement des ménages tunisiens a augmenté de dix points en dix ans». Il reste que l'inflation a connu une certaine accalmie ces derniers temps avec des taux qui se stabilisent sur deux mois mais la tendance demeure inquiétante au regard de l'expert interrogé, puisque la hausse est continue et inexorablement croissante. «La solution réside dans l'amélioration de la productivité des fonctionnaires de l'Etat et des employés et la rationalisation de la consommation des ménages», termine-t-il sur une note d'optimisme et une pincée d'espoir pour de meilleurs lendemains. Avant de rajouter : « 76% de la croissance économique tunisienne est tirée de la consommation interne ». Selon lui, il est impératif de défendre l'économie basée sur la consommation interne et locale.