La crise a atteint son paroxysme à Nida Tounès, le parti arrivé en tête des élections législatives et présidentielle de 2014. Celle-ci envenime la scène politique qui a délaissé toutes les questions prioritaires et déterminantes, pour sceller le sort d'un parti qui s'effrite et d'où émanent des déclarations contradictoires provenant de tous bords. Velléités politiques, guerres de clans, conflits d'intérêts, course au leadership, chacun veut imposer ses desiderata au risque de menacer la survie du parti. Crise politique aiguë au sein du parti ou tentative de renversement ? C'est la question qui se pose eu égard aux déclarations qui se suivent et se contredisent. Contacté par La Presse, Mongi Harbaoui, porte-parole de Nida Tounès, est tout d'abord revenu sur l'origine des agitations qui traversent le pays. « Il est incontestable qu'un parti qui n'a que quelques années d'existence subisse des fractures, surtout que la précarité de ses structures a été aggravée suite à sa transition de l'opposition au gouvernement ». Le porte-parole de Nida a, notamment, expliqué que la crise au sein de Nida est un nuage passager et qu'il s'agit d'une « crise temporaire » , comme toute crise qui peut toucher un parti politique » et a, également, souligné que les velléités politiques qu'expriment certains membres du parti et la volonté d'imposer leur leadership sur le reste du groupe constitue une autre raison des conflits actuels. Il est à rappeler qu'en plus de la réunion de l'instance politique « dissoute », d'après Mongi Harbaoui, présidée par Sofien Toubel et organisée le 11 juillet 2018, une autre réunion a eu lieu le même jour au palais de Carthage. Cinq autres membres du parti Nida Tounès, à savoir Mongi Harbaoui, Ridha Charfeddine, Lamia Mlayah, Chaker Ayadi et Lotfi Nébli, ont été reçus par le président de la République, Béji Caïd Essebsi. Selon Harbaoui, l'objet de cette rencontre n'avait rien à voir avec la crise nidaiste, mais concernait les conflits qui secouent le bloc parlementaire de Nida. « Nous avons évoqué les conflits propres au bloc parlementaire nidaiste, car il représente notre unique vis-à-vis et c'est à lui seul que revient le droit de décider ». Interrogé sur le sort du parti Nida, Mongi Harbaoui a réaffirmé que cette crise n'est pas déterminante et que les fractures seront très vite cicatrisées. Ce qui contredit le communiqué publié par le parti Nida Tounès, mercredi 11 juillet, et signé par le directeur exécutif, Hafedh Caïd Essebsi, dénonçant une tentative de complot contre le parti promettant des mesures disciplinaires contre les dissidents qui ont participé à cette tentative de « renversement ».