La protection de nos forêts contre les incendies et l'arrêt de toutes les opérations de pillage de nos ressources naturelles, forestières de surcroît, sont de plus en plus des actions à entreprendre en urgence par le gouvernement eu égard à l'énorme atteinte provoquée à l'écosystème et au patrimoine forestier depuis la révolution du 14 janvier. Autant dire alors que l'été 2018 s'annonce particulièrement préoccupant pour les services forestiers et la Protection civile qui sont en alerte maximale, tant les menaces sur les forêts sont toujours de mise et que les risques d'incendie ne sont pas non plus à négliger, surtout avec la canicule des tout derniers jours. C'est qu'en fait, protéger les quelque 463 mille ha de forêts de pin d'Alep, de chênes, de chênes-liège ou de garrigue n'est pas une sinécure, encore moins un travail de tout repos tant cela requiert d'énormes moyens à la fois humains et matériels. Déjà, tout un colloque national, le second de son genre, a été organisé à Tabarka pour plancher sur les moyens de valoriser les ressources forestières afin de créer des sources de revenu à même d'améliorer le cadre de vie des 10% de la population tunisienne qui vit dans les zones forestières et de créer un partenariat gagnant-gagnant entre le ministère de l'Agriculture et les citoyens relevant des zones forestières dans tout le pays, essentiellement dans les régions de nord où se concentre la grande majorité des forêts nationales. D'ailleurs, le directeur général des forêts, Salem Triki, a été clair à cette occasion : «Il s'agit de mettre en place une stratégie nationale qui va permettre d'améliorer les rapports citoyens/forêts et d'impliquer la société civile à travers la création d'associations pour créer des sources de revenu aux habitants et en même temps garantir une exploitation rationnelle des ressources forestières et leur protection par ces mêmes habitants, c'est-à-dire éviter, en premier lieu, les incendies et le pillage des forêts». Renforcer les moyens d'intervention rapide Le ministère, ajoute-t-il, a proposé, en collaboration avec le programme de la Banque mondiale, la création de plusieurs partenariats pour la gestion intégrée des espaces forestiers, autrement dit offrir la forêt aux habitants pour attendre en retour des produits forestiers à commercialiser et, par ricochet, une protection rapprochée des forêts à travers la surveillance et l'exploitation rationnelle de ce patrimoine forestier. S'agissant des incendies, la vigilance est de mise partout dans les régions du nord où de nouveaux équipements d'extinction des incendies ont été acquis cette année, et ce, de manière à renforcer les moyens d'intervention rapide ou tardive contre les sinistres en cas de leur déclenchement, avec en plus, comme l'explique le chef de division des forêts du Kef, Amor Ferchichi, la création de postes avancés de la protection civile et la mobilisation de moyens rapides (camions citernes de 400 ou 500 litres) pour participer à l'extinction rapide des premiers départs de feu car, dit-il, «les premières minutes sont déterminantes pour la maîtrise ou non des incendies». Après ce sera une affaire de gros moyens humains et matériels. Déjà plusieurs postes avancés ont été créés de façon scientifique et selon une répartition géographique étudiée en vue de garantir toutes les interventions possibles dans toutes les zones où les feux se déclarent, d'autant que certains sinistres sont le plus souvent d'origine criminelle, à l'image des incendies qui ont balayé le pays l'été dernier et qui ont donné lieu à des arrestations de certains de leurs auteurs et leur traduction devant la justice, surtout que le code forestier impose désormais des sanctions lourdes à toutes les atteintes au couvert végétal et à la faune sauvage, d'autant plus encore que tous les feux sont aussi dangereux pour cette faune sauvage qui, selon le syndicat régional des agriculteurs du Kef, a été réduite comme peau de chagrin, à cause du phénomène du braconnage, de la sécheresse et aussi des feux de forêt. Un appel a même été lancé pour limiter encore plus la période de la chasse ou carrément sa suspension pendant une saison, excepté pour le sanglier qui a provoqué des ravages au secteur de l'agriculture dans plusieurs de ses composantes (oliviers, céréales, maraîchage, etc.). Et pour tout résumer c'est une affaire à caractère majeur que de protéger les forêts car elles représentent aussi un lieu de villégiature de repos et un poumon à oxygène pour le pays, mais aussi une source de revenu durable si elles sont gérées de façon rationnnelle et étudiée. Elles sont aussi un outil tout indiqué pour la promotion du tourisme écologique ou vert; ce qui rend la protection de la forêt une priorité, par ces temps où tous les dérapages sont constatés et que toutes les agressions contre la forêt ne sont malheureusement que peu sanctionnées. Une vis à serrer tout simplement.