Au-delà de la grande bleue qui longe, sur plus de 1.300 km, ses côtes orientales, la Tunisie c'est, avant tout, ses montagnes et ses reliefs qui donnent au pays toute sa splendeur et sa magnificence en tant que pays où la nature est généreuse et nourrit les sources de l'enthousiasme chez le visiteur. D'ailleurs, on le dit et on le répète souvent, la Tunisie c'est avant tout ses paysages pittoresques, cette inconstance des lieux, du nord au sud, et surtout ses chaînes de montagnes où les forêts offrent à la fois des vues imprenables et des sensations de démesure, tant la nature y est fantastique et la végétation luxuriante. Et c'est justement à cause de cet ensemble d'attributs naturels que les forêts ont bénéficié d'un statut fort particulier avec une législation qui sanctionne toute atteinte aux éléments de la nature, qu'il s'agisse de faune ou de flore sauvages. Partant de cet impératif de préserver le souverain primat du décor, plusieurs mesures ont été arrêtées pour cette saison estivale afin que ne se répète pas le cauchemar des incendies ravageurs de l'été virulent de 2017, lequel a eu raison de plus de 2.000 ha de sapins, de pin d'Alep et autres arbres et arbustes typiques de nos forêts continentales et septentrionales là où encore la présence humaine paraît souvent comme surajoutée, tellement la nature y est souveraine dans un prodigieux déploiement de couleurs et de décors les uns plus beaux que les autres. Le directeur de la division des forêts au sein du Commissariat régional au développement agricole du Kef est, cependant, très serein quant à la capacité des services forestiers de préserver ce legs naturel inestimable, annonçant même que tout a été fait pour protéger les richesses naturelles forestières, partant des mesures prises pour prévenir les risques d'incendie ou leur déclenchement non seulement dans la région mais même dans tout le pays. 332 gardiens de forêt mobilisés Déjà, dit-il, les équipements d'intervention ont été fortement renforcés avec l'acquisition de nouveaux camions-citernes dont un de 6.000 litres, trois de 3.000 litres chacun et quatre autres de 600 litres par camion, outre la mobilisation de quatre autres camions existants, ce qui porte, en tout, le nombre de camions alloués aux opérations rapides ou de soutien à 12 unités qui ont été réparties de manière scientifique et rationnelle, mais aussi pratique pour faciliter les premières interventions, lesquelles, reconnaît le premier responsable des forêts du Kef, sont les plus importantes pour éviter le pire et circonscrire les sinistres le plus rapidement possible. La direction des forêts a aussi mobilisé 322 gardiens de forêts et 14 tours de contrôle opérant 24h/24 à des fins de surveillance des forêts de la région, et ce, en plus du personnel administratif au sein du Crda et de la commission régionale de lutte contre les calamités naturelles qui siégera en permanence en cas de sinistre de façon à coordonner les efforts relatifs à la lutte contre les feux de forêts. Dans ce même ordre d'idées, un travail de déblayage des coupe-feux a été diligenté depuis la mi-mai et a permis, jusque-là, d'entretenir près de la moitié des 700 km de pistes forestières, un travail auquel ont été affectés tous les ouvriers des chantiers occasionnels et des bulldozers et autres motograders, en espérant qu'un tel travail sera achevé avant la fin du mois de juin courant. Partant encore de l'importance qu'il y a de tout mettre à profit pour donner toutes les chances de réussite à ce vaste programme de lutte contre les incendies et de préservation du couvert végétal, les deux centres, l'un des forêts et l'autre des services de la protection civile, ont été associés aux efforts de lutte contre les incendies en cas de déclenchement, en ce que les premières interventions sont toujours, aux yeux des responsables des services forestiers, les plus importantes et bénéfiques pour la maîtrise et l'extinction des feux, d'autant plus encore que ce sont surtout les citoyens des zones forestières qui partent les premiers en guerre contre le feu, de quoi conforter le travail des professionnels et l'alléger parfois par ces premières interventions très souhaitées en cas de sinistre. Et justement en parlant de soutien de la population, le département des forêts a jugé bon, voire utile, d'organiser au cours du mois de mai dernier des journées de sensibilisation des habitants des zones limitrophes aux forêts contre les risques d'incendie et les moyens d'information à apporter avant que la protection civile et les gardes forestiers n'interviennent. Une action ciblée à laquelle avaient pris part les gardiens des forêts de la région, qui représentent un véritable réservoir à oxygène pour le pays et dont les ubacs et les adrets sont propres à couper le souffle au visiteur. Les préserver signifie pérenniser cette nature béatifiante et généreuse et faire perdurer la verdure dans le pays. Mais le cauchemar provoqué par des actions criminelles perpétrées au cours de l'été 2017 resteront en mémoire comme étant l'une des pires catastrophes naturelles qui a durement affecté le patrimoine forestier national au cours des 50 dernières années. Il ne sera plus jamais qu'un mauvais souvenir pour les services forestiers et pour les habitants des zones forestières dont beaucoup ont été durement éprouvés par les feux qui ont ravagé tout sur leur passage, y compris le bétail dont ils tiraient leur subsistance.