D'autres destinations, en l'occurrence l'Egypte (Charm el Cheikh) et la Turquie (Antalya) ou le Maroc, s'activent ardemment pour attirer les touristes algériens Il y a quelques jours, une vidéo montrant un groupe de touristes algériens interdit d'accès à un hôtel à Sousse, suscitant l'indignation des Algériens sur les réseaux sociaux. La polémique enfle entre les professionnels des deux pays. Le ministère du Tourisme et de l'Artisanat en Tunisie prend rapidement l'affaire en main et procure l'hébergement aux visiteurs algériens. Une enquête est diligentée. L'affaire est vite tirée au clair. C'est un bureau d'affaires (Ndlr : l'équivalent des sociétés de services en Tunisie) qui a envoyé un groupe de touristes, sans réservation, non confirmée par l'hôtel et non payée. L'hôtelier ne disposant pas de chambres était dans l'impossibilité de les héberger. Malgré cette grande défaillance professionnelle, le bureau d'affaires n'a pas reconnu les faits. Heureusement, c'est aussi le Syndicat national des agences de voyages algériennes (Snav) qui entre en ligne pour éclairer la lanterne des Algériens sur le non-fondé d'une campagne menée à tue-tête pour dénigrer la destination Tunisie et accuser de tous les maux les hôteliers et les agents de voyages en Tunisie. A quelque chose malheur est bon Il n'empêche, à quelque chose malheur est bon. Puisque le ministère du Tourisme et de l'Artisanat, en étroite collaboration avec les structures professionnelles des deux pays, a saisi au vol cette occasion pour mettre les choses au clair et en même temps baliser la voie à une coopération plus étroite pour éviter d'éventuels manquements aux obligations des opérateurs du secteur dans les deux pays vis-à-vis de leurs clients et veiller à des services au niveau des attentes des visiteurs algériens. A l'issue de deux journées de tournées marathoniennes entre Yasmine Hammamet, Sousse et Tunis, avec au programme des visites d'hôtels et apparts-hôtels et rencontres avec des touristes algériens en vacances en ce moment dans ces stations balnéaires, une délégation d'agents de voyages et journalistes algériens, présidée par M. Saïd Boukhelifa, président du Snav (Syndicat national des agences de voyages algériennes) et invitée par les fédérations professionnelles du tourisme tunisien, la Ftav (Fédération tunisienne des agences de voyages) et la FTH (Fédération tunisienne de l'hôtellerie), une conférence de presse a eu lieu hier en présence de toutes les parties. Une tempête dans un verre d'eau Cette rencontre a permis de démentir les rumeurs colportées dans certains médias et réseaux sociaux en Algérie. A ce propos, M. Saïd Boukhelifa (Snav) a déclaré qu'il s'agissait d'une « tempête dans un verre d'eau » et que des sanctions allaient être prises contre ces opérateurs algériens ayant envoyé des familles sans confirmation de la part de l'hôtel. « Il ne s'agit pas d'agents de voyages mais de bureaux d'affaires manquant de professionnalisme», a-t-il révélé. Il a affirmé par ailleurs être convaincu que la destination Tunisie restera la «destination phare» de ses compatriotes pour les vingt prochaines années. «On va se réunir avec l'administration du tourisme en Algérie pour prendre les mesures, pour mettre fin à l'activité de ces bureaux d'affaires à pratiquer le tourisme et pour faire de l'Out-going une activité exclusive des agences de voyages», a-t-il asséné. Au cours de cette conférence de presse, les présidents des fédérations professionnelles du tourisme en Tunisie ont tenu à réaffirmer l'importance des arrivées touristiques algériennes en Tunisie et à démentir les fausses informations propagées. Ainsi, M. Jabeur Ben Attouch, président de la Ftav, et M. Khaled Fakhfakh, président de la FTH, ont souligné les liens solides en expansion unissant les professionnels du tourisme des deux pays, liens que ne peuvent altérer deux incidents isolés et rapidement résolus. Rendez-vous a été donné à l'automne (Ndlr : octobre) pour faire le bilan de la saison et préparer dès à présent au mieux la saison 2019. Il est à souligner que la délégation algérienne du Snav a été reçue hier par la ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Mme Selma Elloumi Rekik, qui a confirmé aux invités algériens que les arrivées de touristes algériens depuis le début de l'année en Tunisie avaient atteint un nouveau record avec une croissance de 14%. Il est à noter que la Tunisie aspire à capter un flux de l'ordre de trois millions de touristes algériens pour cette année, ce qui équivaut à 80% des départs à l'étranger des Algériens qui représentent 4 millions de voyageurs. D'autres destinations, en l'occurrence l'Egypte (Charm el Cheikh) et Turquie (Antalya) ou le Maroc s'activent ardemment pour attirer les touristes algériens en proposant des forfaits alléchants dans des sites de rêve. Ils ont aussi lancé des vols directs et des charters spéciaux à partir de l'Algérie. La bataille ne doit donc pas être perçue comme une crise conjoncturelle due à une mésaventure d'un groupe de touristes algériens mais doit être engagée à un niveau structurel où la question du transport aérien, celle du transfert des devises à partir de l'Algérie, celle du prix et de la qualité de l'accueil et des services en Tunisie devront guider les pas des professionnels.