L'encours des crédits bancaires destinés à la consommation a atteint, à fin décembre 2017, 22,5 milliards de dinars en accroissement de 9,9%. C'est ce que relève l'intermédiaire en Bourse, Amen Invest, qui vient de publier une analyse du secteur bancaire coté tout en passant en revue les principales réalisations de l'exercice 2017 ainsi que celles du premier semestre de l'année en cours Dans un contexte économique difficile, marqué par la hausse des taux sous l'impulsion de l'évolution défavorable des finances publiques, de la hausse des tensions sur les liquidités et de la politique monétaire proactive de la BCT pour maîtriser l'inflation avec la hausse des taux directeurs, les valeurs bancaires cotées ont connu en 2017 une croissance relativement importante de l'ensemble de leurs indicateurs d'activité. Sur la cote de la Bourse, ces valeurs se sont bien comportées, en termes de performance, avec un gain de l'indice Tunbank de 19,46%, la 3e meilleure performance sectorielle derrière l'automobile et équipement (+33,7%) et l'agroalimentaire et boissons (+20%). Les performances opérationnelles des banques cotées semblent rassurer les investisseurs nonobstant la dégradation de la situation économique générale du pays. Les banques sur leur lancée Au cours de la première moitié de l'année 2018, la croissance du secteur s'est poursuivie, confirmée par les bons indicateurs publiés. En effet, l'indice a poursuivi la hausse entamée en 2017 en s'attribuant un gain de 36,2% jusqu'au 30 juin 2018. Les dépôts de la clientèle confiés aux banques cotées marquent un rebond en 2017, avec une croissance à deux chiffres de +10,9% par rapport à l'année passée. Le montant des dépôts passe ainsi de 51 060 MDT en 2016 à 56 618 MDT fin 2017, capitalisant sur la poursuite de la mobilisation des dépôts à vue qui ont atteint 21,87 milliards de dinars, marquant une hausse de 16,1% au terme de l'année 2017. Rappelons que la structure des dépôts de la majorité des banques cotées demeure caractérisée par une prédominance des dépôts à vue. Cette croissance s'est poursuivie au 30 juin 2018 pour atteindre 58 364 MDT gagnant ainsi 3,1% par rapport au 31/12/2017. Au 30 juin 2018, la performance de collecte de dépôts a été principalement portée par la Biat, confirmant sa place de leader en termes de dépôts avec 18,3% de parts de marché, talonnée par la BNA avec 13,1% du volume des dépôts, soit 7 624 MDT. Une avancée remarquable a été réalisée par Attijari Bank, qui a vu ses dépôts dépasser la barre des 6,6 milliards de dinars, grâce principalement à une évolution des dépôts à vue de 11% par rapport à fin 2017. Tirant profit de son positionnement dans le secteur du financement de l'immobilier, la BH clôture le premier semestre de l'année 2018 avec une croissance des dépôts de +8,5%, accaparant une part de marché de 11%. De l'autre côté, l'ATB, avec une part de marché de 7,2% au 30 juin 2018, a vu ses dépôts baisser de 10,6% à 4 191 MDT. Baisser le coût des dépôts Amen Bank, malgré sa nouvelle orientation stratégique visant à faire baisser le coût des dépôts, a réussi à réaliser une augmentation de 5,7% à 5 432 MDT accaparant ainsi 9,3% de parts de marché. S'agissant des crédits, en 2017 et en dépit d'un contexte difficile et d'une concurrence rude, l'encours net des crédits des opérateurs bancaires cotés a marqué une évolution de 14,2% par rapport à 2016. Cette évolution a profité principalement aux professionnels. Elle a concerné les crédits à moyen et long termes octroyés au secteur des services, ainsi que les crédits à court terme pour le secteur industriel. Par ailleurs, l'encours des crédits bancaires destinés à la consommation a atteint, à fin décembre 2017, 22,5 milliards de dinars en accroissement de 9,9%, ce qui représente environ 29% du total des crédits injectés par les banques de la place dans l'économie. Selon les statistiques rapportées par l'INS, la hausse des crédits est due en grande partie à l'évolution des crédits destinés à l'achat d'un logement neuf (+11%) contre une hausse de 7.8 % pour les crédits automobile. Au cours du premier semestre de 2018, l'encours des crédits a atteint 62,8 milliards de dinars, en appréciation de 4,5% par rapport à fin 2017. La BIAT a consolidé son leadership de pourvoyeur de crédits en totalisant un encours de 9,7 milliards de dinars, en amélioration de 3,2% par rapport à fin 2017. Elle assoit sa position de leader sur le marché avec une part de marché de 15,6%. De son côté, la BNA arrive en 2e position en s'adjugeant 14,5% de parts de marché pour un encours de près de 9 milliards de dinars, suivie parts la BH et Amen Bank, avec des encours respectifs de 8,3 et 6,1 milliards de dinars. Hausse du taux directeur Pour ce qui est du Produit net bancaire PNB, 2017 a été une bonne année pour le secteur bancaire tunisien dans un contexte économique peu porteur. Au terme de l'année 2017, le PNB de l'ensemble des banques cotées sur la Bvmt a progressé de 18,6% pour se fixer à 3,70 milliards de dinars après une hausse de 13,3% en 2016. Cette hausse est tirée de la bonne tenue de la marge d'intérêts sous l'effet mécanique de la hausse du taux directeur en 2017 de 75 points de base et qui a profité aux banques ayant une part importante de dépôt à vue. Cette tendance s'est poursuivie durant les six premiers mois de cette année; en effet, le PNB des banques a augmenté de 20,3% profitant, d'une part, de la hausse de la marge d'intérêt, mais surtout du gain sur portefeuille. La Biat demeure la banque qui génère le PNB le plus important de la place, avec un montant de 701,3 MDT soit en progression de 18,1%, de loin devant la BNA qui a affiche un produit net bancaire de 444,3 MDT. La STB émerge à la troisième place avec 390 MDT de PNB. L'AB affiche la plus forte hausse de l'année du PNB, soit 22,5%. A fin juin 2018, ce classement a été maintenu avec la Biat toujours en tête avec un PNB de 388 MDT. L'activité de placement continue à être le moteur de croissance pour les banques les faisant profiter du besoin croissant de l'Etat en matière d'endettement. La Biat possède désormais le portefeuille titres le plus important avec 2,10 milliards de dinars, suivie d'Amen Bank avec 2,09 milliards de dinars. Pour ce qui est du résultat Brut d'Exploitation (RBE), il y a lieu de noter que, profitant d'une amélioration du produit net bancaire du secteur de près de 18,6% couplée à une évolution moins rapide des charges opératoires, les banques cotées sont parvenues à réaliser un RBE global de 2,105 milliards de dinars à fin décembre 2017 contre 1,76 milliard à fin juin 2016, soit une hausse de 20,8%. Cette progression devrait permettre aux banques de faire face aux exigences en matière de provisionnement lié aux crédits à la clientèle. Toutefois, les charges opératoires continuent de peser sur la rentabilité de certains établissements bancaires de la place à l'image de la BTE, l'Ubci et l'ATB. L'analyse des résultats opérationnels montre que les charges opératoires du secteur s'alourdissent de 14,4% en 2017, une conséquence, notamment, de l'accroissement des frais de personnel. Avec un RBE de 412 MDT, la Biat a consolidé son positionnement de leader capitalisant notamment sur l'évolution de son PNB de plus de 18% et la poursuite de la maîtrise de ses frais généraux. Par ailleurs, Amen Bank a réalisé une évolution record de son RBE de plus de 27,5%, cette dynamique lui permet d'afficher le deuxième meilleur RBE de la place, soit 247 MDT.