L'intervention d'entreprises privées a permis de venir en aide aux sinistrés du gouvernorat de Nabeul Les inondations dévastatrices qui se sont produites récemment dans le gouvernorat de Nabeul, et qui ont endeuillé tout un peuple, font encore parler d'elles. Au-delà des raisons qui ont été à l'origine de cette tragédie et qui relèvent de la compétence des services concernés, nous avons surtout retenu, avec autant d'émotion que de satisfaction, l'extraordinaire élan de solidarité qui s'en est suivi dans le double espoir de réparer les dégâts et de favoriser un rapide retour à la normale. En témoignent les images relayées par les chaînes de télévision tant nationales qu'internationales, ainsi que par les réseaux sociaux. En effet, au lendemain de ce drame, et une fois l'orage (l'ouragan?) passé, de nombreux habitants, tous âges et sexes confondus, sont spontanément descendus, tôt, dans les rues de la région armés de pelles et de balais pour enlever boues, déchets et autres détritus. Des élèves et lycéens mettant la main à la pâte ont pris d'assaut les établissements scolaires sinistrés, pour le même objectif. Nous avons également vu, avec autant d'admiration que de réconfort, des citoyens prêter main-forte aux agents de la Protection civile et aux chauffeurs des bulldozers chargés des opérations de déblayage des chaussées. Bref, une vraie ruche d'abeilles où le sens de la citoyenneté était roi. Au feu de ces manifestations de solidarité traduisant un amour viscéral pour la Patrie, quelle ne fut notre autre «enchantement», en constatant la contribution efficace d'entrepreneurs privés. Ceux-ci y ont afflué, en vagues incessantes, des gouvernorats voisins, les uns dans le cadre d'un plan de crise piloté par le ministère de l'Equipement et de l'Habitat, les autres de leur propre gré. Ainsi, des entreprises de bâtiment basées à Sousse, à Tunis, à l'Ariana, voire à Bizerte ont dû fermer provisoirement leurs chantiers pour acheminer engins et employés au gouvernorat de Nabeul. Idem d'ailleurs pour leurs homologues dudit gouvernorat sinistré qui ont apporté, à leur tour, le plus escompté. Une dépendance qui perdure Autant nous saluons avec ferveur l'apport précieux de ces entreprises de bâtiment, autant nous nous interrogeons sur les raisons qui ont obligé nos municipalités à rester «éternellement» à la merci de ces entreprises dès que s'amènent les inondations. Une «dépendance» d'autant plus tenace qu'à chaque drame, il a été vérifié que ce sont toujours les engins des privés qui sauvaient la situation. Et dire que cela se répète à l'infini dans quasiment toutes les régions du pays. Dès lors, salve de questions : nos municipalités sont-elles désarmées à ce point ? Le ministère de tutelle n'englobe-t-il pas, dans ses prérogatives, le volet de l'environnement ? Pourquoi ledit département n'augmente-t-il pas les subventions allouées aux mairies pour l'acquisition du matériel roulant nécessaire ? Ou alors, celles-ci ne savent-elles pas exploiter leur parc automobile ? Leur dossier de la voirie est-il négligé ou mal géré ? Et puis, cette autre interrogation non moins embarrassante : jusqu'à quand continuera-t-on à se rabattre sur les secours des privés… aux frais de la princesse ? Ces entreprises privées, dont on salue, au passage, le sens du civisme, le patriotisme et surtout la générosité, pourraient à la longue, et c'est tout à fait légitime, exiger d'être payées pour chaque intervention, s'agissant d'un manque à gagner à répétition affectant lourdement leurs recettes. Y a-t-on pensé ? Autrement dit, la balle est dans le camp de l'Etat qui devra urgemment s'atteler à l'identification de solutions susceptibles de mettre fin à ce qui est convenu d'appeler désormais «la psychose des inondations».