Entre gestuels physiques, tournures verbales en dialectes purement tunisiens, autant de tentatives qui visaient principalement à exprimer des messages implicites censés parvenir aux récepteurs. Peine perdue… La contrebande, thématique de cette œuvre théâtrale déjà énoncée dans le titre, sans grande surprise. Un phénomène au cœur de l'actualité certes, mais sans doute couramment consommé artistiquement. Le spectateur présent espérait une approche meilleure mais a fini rapidement par s'empêtrer dans ce bourbier scénique. Atmosphère suffocante, scène dotée d'un décor imposant fait de métal et de rouille, la scénographie consistait à introduire les spectateurs dans les méandres d'une usine désaffectée mais peuplée par des fonctionnaires hiérarchiquement différents : tensions, combines, pots-de-vin, prise de pouvoir… Du relationnel qui se fait et qui se défait sous les yeux d'un public qui tentait de se situer difficilement au bon milieu d'un brouhaha… en vain ! Entre gestuels physiques, tournures verbales en dialectes purement tunisiens, autant de tentatives qui visaient principalement à exprimer des messages implicites censés parvenir aux récepteurs. Peine perdue… L'intrigue se déroule autour de «Si Cherif», chef suprême de cette bande de malfrats qui squattent une usine totalement abandonnée dans les années 90. Son bras droit n'est autre que sa femme, seul personnage féminin de la pièce interprété par Chaïma Ferchichi. Tous les deux tentent de gérer, tant bien que mal, ce commerce illégal de la contrebande avec la complicité de leurs ouvriers, tous aussi crapuleux les uns que les autres. Au début, la pièce tentait de situer le public dans le cadre spatial et de mettre en exergue les rapports en dents de scie qu'entretiennent les protagonistes, mais les conflits ne tarderont pas à faire surface, ponctués par des chorégraphies et une musique tantôt «tragique», tantôt commerciale, qui se laissent finalement écouter comme bruits de fond sans pour autant déceler un lien, entre l'évolution de l'intrigue et tout ce que le spectateur voit défiler sous ses yeux. «Si Cherif» est le personnage stéréotypé par excellence du chef, tantôt tyrannique, tantôt aux prises avec sa partenaire et ses fonctionnaires, qui réussit tout de même à s'imposer. Un personnage doté de faiblesses humaines mais qui ne les montre pas, soucieux du bon déroulement de son commerce. L'actrice, au jeu basique, arrivait finalement peu à convaincre. Le spectacle, d'une heure 20 environ, déambulait finalement sur une thématique, pourtant riche, d'actualité, exploitable pourtant, mais l'enchaînement des événements tournait au ralenti tout comme le trafic de ces contrebandiers interprétés par Achref Rabhi, Riadh Missaoui, Walid Khadraoui, Karim Rouafi, Jamai Al Aâmri, Chaïma Ferchichi et sami Amri dirigés par Tayeb Mleiki. Une troupe de jeunes acteurs issus du Centre des arts dramatiques et scéniques de Kasserine.