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Pour le développement de l'entrepreneuriat en Tunisie
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 10 - 2018


Par Aziz MEBAREK(*)
Sur la base du diagnostic des principaux défis de l'entrepreneuriat en Tunisie, dressé à partir des études récentes émises par les principaux acteurs de soutien à l'entrepreneuriat (ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Apii, fondation Biat, Unido), et sur la base d'un benchmark d'expériences internationales réussies dans le domaine, le Conseil d'analyses économiques a pu dresser, à l'issue des travaux de son groupe entrepreneuriat, une liste de recommandations permettant de faire face à ces défis.
– Cinq défis majeurs pour l'entrepreneuriat en Tunisie :
La faiblesse de la culture entrepreneuriale et le manque d'esprit d'initiative, de créativité, et de maturité des projets.
La complexité et la lourdeur de certaines procédures administratives et réglementaires.
La superposition inefficace des initiatives de soutien notamment au niveau régional, pour lesquelles force est de constater un manque de continuité et un chevauchement des offres de soutien qui rend le parcours des entrepreneurs à la recherche d'accompagnement complexe et confus.
L'accès au financement est un autre défi majeur pour l'entrepreneuriat. Les projets naissants ou innovants restent ainsi peu couverts en fonds propres, en crédits longs et en financement du besoin en fonds de roulement : souvent mal compris par les structures de financement classiques et nécessitant un besoin d'accompagnement plus approfondi et une prise de risque plus importante.
L'accès aux marchés concernant ce volet. Il est regrettable aujourd'hui qu'il n'y ait aucun accompagnement institutionnel pour un accès à la première commande et en même temps pas de dispositif coordonné favorisant l'accès pour les jeunes pousses tunisiennes à la commande publique et aux marchés limitrophes, africains ou européens.
– Les recommandations du Conseil d'analyses économiques.
Une maison de l'entrepreneur dans chaque région
La recommandation principale consiste à créer dans chaque région une «maison de l'entrepreneur» qui groupera dans un même espace toutes les institutions de soutien à l'entrepreneur tous secteurs confondus. Un espace qui offrira aux porteurs d'idées de projets qu'ils soient TPE, PE, PME ou Start-up, toute la gamme de soutien, d'assistance et d'accompagnement dont ils auront besoin, de la validation de l'idée de projet jusqu'à un suivi rapproché au cours des trois premières années de l'entrée en activité.
Cette «Maison de l'entrepreneur » pourra comprendre l'Apii, l'Apia, le centre d'affaires, le Cepex, le bureau de l'emploi, une antenne de l'Ontt, un bureau de l'AFI et le guichet unique. Elle accueillera également les institutions financières partenaires, et en particulier la représentation régionale ou un bureau de la Banque des régions, des Sicar ou Fcpr régionaux ainsi que des institutions de microfinance ayant un focus sur la région. La proposition n'est pas de fusionner ces institutions en une seule, chaque institution gardant son autonomie juridique et financière mais elles travailleront en synergie et offriront à l'entrepreneur une véritable plateforme et une offre de services à valeur ajoutée, concentrées dans un même espace.
Cette proposition s'inspire de la «maison des services administratifs» créée en Tunisie en 2009 et qui constitue une expérience réussie et appréciée par le citoyen et qui a été coordonnée par la Steg. La coordination entre les institutions logées dans la «maison de l'entrepreneur» et la gestion du fonctionnement de cet espace pourront être confiées à une institution unique, qui pourrait être l'Apii.
Au-delà des simples démarches administratives, il s'agit ici de faire des «maisons de l'entrepreneur» une plateforme pour l'entrepreneuriat, un carrefour entre l'administration publique et le secteur privé à travers la constitution d'incubateurs au sein des pépinières couplées à l'assistance au financement, par une coordination avec la future Banque des régions, les fonds d'amorçage, les Sicar et les institutions de microcrédit qui pourront être logées dans l'enceinte de la maison de l'entrepreneur, par l'assistance à la constitution juridique de l'entreprise par le biais de l'interlocuteur unique, par la médiation avec l'administration ou les institutions financières en cas de difficulté, par la facilitation des interfaces entre les grandes entreprises, les centres techniques, le monde académique ou de la recherche appliquée et les grands donneurs d'ordre publics ou privés.
Une offre de services à valeur ajoutée pourra être disponible pour les entrepreneurs, ces services pouvant être sous-traités en tout ou partie à travers des expertises externes dans les domaines juridique, comptable et fiscal et ce moyennant des conventions à signer entre l'Apii et l'Ordre des experts-comptables et l'Ordre des avocats. Cet accompagnement essentiel pourra comprendre le conseil financier (analyse stratégique BP, analyse Swot), l'assistance à la création (forme juridique, statuts), l'enregistrement des brevets, l'accompagnement au-delà de la phase de création et support dans les démarches administratives annuelles, comptables et déclarations réglementaires post-création.
Une stratégie nationale d'éducation et de sensibilisation à l'entrepreneuriat
La deuxième recommandation concerne la culture entrepreneuriale et consiste à établir une stratégie nationale d'éducation et de sensibilisation à l'entrepreneuriat et d'immersion dans le monde du travail. Cette recommandation pourra se concrétiser notamment par la création d'une cellule au sein du ministère de l'Education et/ou Enseignement supérieur pour superviser et coordonner les différentes initiatives de développement de la culture entrepreneuriale, le développement de passerelles entre le monde de l'entreprise, la société civile et l'éducation publique et privée, le développement de mécanismes incitatifs pour encourager le secteur privé à s'impliquer davantage (stages en entreprise rémunérés et déductibles de certaines taxes professionnelles), le lancement de manifestations organisées par l'Apii dans toutes les régions et groupant, pépinières, porteurs d'idées de projets, les banques et les Sicar et enfin l'institutionnalisation du concept des «Junior entreprise» dans les universités .
Mettre en place un fonds dédié aux régions
et aux projets en démarrage
Pour faciliter l'accès au financement des entrepreneurs, le CAE recommande la mise en place d'un fonds dédié aux régions et aux projets en démarrage couplés à des incubateurs. Cette initiative pourrait être pilotée par la Caisse des dépôts et consignations et être mise en œuvre de manière progressive à travers un mécanisme d'appel d'offres permettant la sélection d'une équipe de gestion répondant aux meilleurs standards.
Affiner le schéma de création d'une banque des régions et mettre les organismes de microfinance sous la tutelle de la BCT pour leur permettre de collecter l'épargne, élargir leur offre, augmenter les seuils financés (plafonds à définir, en évitant les conditions et contraintes rédhibitoires) pour renforcer ainsi l'inclusion financière.
Faciliter l'accès aux marchés
Le CAE préconise l'adoption de mécanismes privilégiant les entreprises locales pour les marchés publics (dans ce contexte revoir les mécanismes du programme d'essaimage), permettre aux banques tunisiennes d'accompagner financièrement des sociétés tunisiennes à l'international (en octroyant des crédits en euros) si elles justifient de ressources équivalentes en euros et renforcer la diplomatie économique au sein des ambassades d'une dizaine de marchés prioritaires pour la Tunisie.
Concrétiser une stratégie de filières prioritaires et une politique de clusters permettant de se focaliser sur des secteurs à fort potentiel d'évolution technologique dans lesquels les fondamentaux tunisiens sont bons : (industries mécaniques, électriques, électroniques et électromécaniques (Imee) et l'aéronautique/textile, habillement, cuir et chaussure/industrie chimique, santé pharmaceutique & biotechnologies/numérique et ICT/filière énergétique et agroalimentaire) en créant un écosystème autour de ces conglomérats, afin de dépasser le modèle classique des entreprises exportatrices individuelles isolées et souvent familiales, au bénéfice de la constitution de filières et d'écosystèmes associant des entreprises tunisiennes et des entreprises internationales et bénéficiant d'un appui logistique aux standards mondiaux; et définir un processus structuré pour attirer des champions régionaux/mondiaux dans ces secteurs en mettant en place l'infrastructure et les incitations idoines.
A titre d'exemple, le focus pourrait être mis sur les Imee et plus particulièrement la filière automobile avec pour objectif d'étudier les modalités permettant d'attirer un des 10 grands constructeurs automobiles pour booster la création d'un écosystème de PME (notamment d'équipementiers) et la logistique (notamment un nouveau port à Bizerte ou à Enfidha) autour de ce projet
Assouplir les procédures de déclarations mensuelles d'impôt pour les petites entreprises et les procédures de cessation de patente pour les personnes physiques.
Les petites entreprises sont soumises à une déclaration mensuelle d'impôts même si elles ne réalisent aucun chiffre d'affaires. Ces déclarations mensuelles constituent une charge pour les petites entreprises et pour les services de la recette des finances. Il est recommandé d'assouplir cette procédure de déclaration mensuelle en la rendant annuelle pour les petites entreprises qui génèrent un chiffre d'affaires annuel ne dépassant pas 50.000 dinars.
Les services du ministère des Finances devraient également assouplir les procédures de cessation de patente pour les personnes physiques ayant totalisé au cours de leurs activités patentées un chiffre d'affaires ne dépassant pas 50.000 dinars par an.
Accélérer la mise en œuvre des outils issus du Start-up Act, les enrichir et les étendre à d'autres secteurs pour favoriser l'écosystème de l'entrepreneuriat innovant en Tunisie, parmi lesquels la refonte des lois sur les faillites et notamment pour ne plus engager la responsabilité pénale des porteurs de projet, étudier la possibilité de remettre le dégrèvement fiscal pour des Fcpr non captives de groupes (par les ressources ni par l'emploi) investissant dans les PME de type early stage (moins de 3 ans d'âge), revue de la réglementation de change pour instaurer un système de contrôle a posteriori pour les entreprises tunisiennes qui s'implantent à l'étranger avec un capital raisonnablement plafonné sans condition de chiffre d'affaires historique préalable et en permettant aux entreprises tunisiennes de s'implanter à l'étranger pour un montant équivalent aux ressources levées à l'étranger sous réserve de blocage du capital étranger (ou de liquidité apportée par un autre résident) pendant une période minimale de 5 ans.
D'autres incitations pourront inclure la bourse de la vie par l'instauration d'un congé de création d'entreprise ou un salaire minimum plafonné et le retour à l'emploi initial pourra être garanti pour un an.
La mise en œuvre de ces recommandations pourra commencer rapidement par la création d'un pilote de maison de l'entrepreneur dans une région à déterminer selon les possibilités, notamment celles liées à la disponibilité d'un bâtiment pouvant abriter toutes ces structures. A noter qu'à Béja, les prémices de la maison de l'entrepreneur existent déjà puisque l'Apii, l'Apia et le centre d'affaires sont déjà dans le même immeuble. Et à partir de 2019, six à huit «maison de l'entrepreneur» par an pourront être mises en place.
Concernant l'accès au financement, en plus de la revue par la BCT de sa politique de refinancement des banques pour orienter davantage les engagements des banques en direction des PME et de la finalisation de la constitution de la BDR, le CAE recommande de se focaliser sur deux chantiers prioritaires : la microfinance et le capital investissement. Le CAE publiera bientôt des notes détaillées traitant de ces deux axes.
A.M.
* Membre du Conseil d'analyses économiques (CAE), président du groupe de travail du CAE sur l'entrepreneuriat


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