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Pourvu que nous soyons un tant soit peu heureux
OPINIONS : Cyberespace et rapprochement virtuel
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 11 - 2010


Par Aymen HACEN
«Envie de rien, besoin de toi», lui écrit-elle. Croyant avoir mal lu, il se dit et, ce faisant, il lui écrit : «Envie de moi et besoin de rien ?» Là, la réponse est on ne peut plus claire : «J'ai envie des deux parce que sans toi, je ne suis rien.»
Ce fut là une scène d'amour virtuel. Elles existent, croyez-le, sur Internet notamment, grâce à tous ces réseaux dits «sociaux» qui nous font croire que l'autre est à portée de main, qu'il brûle d'amour et de fougue à la lecture de nos mots effrénés, ou bien à la vision de nos images impudentes d'oiseaux, de lunes, de cœurs, de fleurs, etc., qu'on appelle «émoticônes». Ainsi va la vie virtuelle, ainsi se déchaînent les passions. Le contact et le dialogue sont simples, limpides, trompeurs aussi. L'amour, quant à lui, semble être réellement à portée de main, de corps, et l'un et l'autre «contact» s'y livrent sans réserve, à corps et âme perdus.
Mais, n'est-ce pas trop beau pour être vrai ? Certes, dans la mesure où rien de tout cela n'existe dans la vraie vie, mais le virtuel est désormais plus que cela, la vraie vie, le virtuel est la réalité à laquelle tous aspirent, non seulement pour fuir les affres du quotidien ou encore pour se dévergonder à l'ombre des jeunes filles ou des jeunes hommes en fleur, mais surtout pour que la virtualité soit une vraie vie, voire une vertu. Nous ne jetterons donc pas l'anathème sur ceux-là, qui sont trop nombreux, sur ceux-là qui s'y livrent intensément, mais nous allons tenter d'en mesurer l'étendue afin de pouvoir somme toute reconnaître les origines du mal, c'est-à-dire les origines de ce qui ne va pas pour que l'amour soit ainsi et pas autrement.
Faute de citer le Marquis de Sade, Georges Bataille ou Bernard Noël — pour, en compagnie de ces trois virtuoses de la description chevronnée du désir et de la passion, nommer ce dont tout le monde rêve sans pour autant pouvoir ni le dire librement, ni le communiquer ouvertement, ni le partager souverainement —, nous ne pouvons que nous en remettre au silence. Silence pesant comme une chape de plomb qui couvre tout à la fois l'âme et le corps, et les écrase tous azimuts. Silence assourdissant qui ne semble trouver son bonheur que dans les bas-fonds du virtuel qui sont désormais la parfaite incarnation du «Ça», centre de nos pulsions, de nos désirs, de tous nos besoins, butant sur le «Surmoi» qui est l'interdit au sens fort du terme avec les impératifs sociaux, religieux, déontologiques, etc. À toutes ces privations s'ajoutent également les blocages instantanés d'une société qui jettent l'anathème sur la psychiatrie, la psychologie et la psychanalyse, mal vues, peu étudiées, peu pratiquées, peu appelées à la rescousse quand, comme tout l'indique, le phénomène est devenu alarmant.
Il ne nous reste alors que la fiction. Mais pas la bonne malheureusement. Ni celle de Sade ni de Bataille ni de Noël, certes, mais pas même celle de Balzac, Stendhal, Flaubert, Zola, Maupassant, Proust, etc. C'est là que les mauvaises fictions égyptiennes, sud-américaines et turques font florès. Là encore, tout n'est que « privation de sens », insensée censure qui coupe, maquille et contribue par son hypocrisie à l'aggravation de milliers, de millions de cas quasiment irrécupérables. Même les beaux films égyptiens, oui ceux de Chédia et Abdelhalim chantant l'amour à bicyclette, sont désormais passés sous silence. Rien ne va plus : de l'amour, il n'en reste que le mot, soit la mort.
Pourtant l'amour existe. Dans nos rues, jeunes et moins jeunes ne cessent d'en parler. Mais hélas, car à titre d'exemple, quand un jeune garçon en maternelle déclare son amour à sa camarade de classe, aussi bien l'institutrice que les parents le briment, le soumettent à l'interdit. Alors, il ne dit plus rien, attendant le moment propice, il se livre à d'autres types de déclarations ou de propos. Ceux-là sont réellement blâmables. Gros mots, insultes, opprobre omniprésents dans nos rues, dans les bouches, dans les regards lubriques, obscènes, impitoyables. L'amour dévoyé en somme. L'amour dénaturé. Peut-être est-il ainsi «naturel» ? Peut-être est-il alors «possible» ? Et s'en suit la violence…
Mais nous ne parlerons pas de celle-ci. Parlons plutôt des messages échangés par les amoureux virtuels à travers les sites sociaux grâce auxquels maints couples se sont formés et maints autres déformés. C'est heureux dans un sens et pas du tout dans l'autre. Le vulgum pecus ou la masse des mortels ou l'opinion publique s'enthousiasme devant le premier phénomène louant la technologie, l'abolition des distances, etc., tout en traitant de tous les noms celui, celle ou ce qui a été à l'origine de la rupture d'unetelle avec untel. Il se peut que cela puisse déjà être assimilé à un cas d'hypocrisie, pour ne pas parler de schizophrénie latente, néanmoins la vérité est ailleurs. Comme toujours. La vérité réside en ceci que nous n'avons envie de rien et que nous avons besoin de tout. Autrement dit, la vérité réside en ceci que nous nous voilons obstinément la face, que nous portons des gants, que nous nous livrons à de pitoyables mensonges. Or, la vérité veut que nous ayons réellement envie et besoin de tout. La vérité veut que nous cessions de jouer aux sainte-nitouches et aux faux timides proférant à longueur de journée des gros mots obscènes. La vérité est dans ce « long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens », par lequel le jeune Arthur Rimbaud, alors âgé de moins de dix-sept ans, a réussi à créer plus la poétique que le credo de l'amour inconditionnel, de la tendresse régénératrice et aussi d'une mystique viable, tant pour la fin de son siècle que pour les nôtres, le XXe et le XXIe, qui nous font plier sous le poids de la fausse raison et du mauvais dérèglement des sens tantôt privés tantôt annihilés.
Nous ne pensons pas être en fin de compte subversifs pour dire ainsi tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Nous ne pensons pas en l'occurrence à ceux qui n'osent même pas dire l'amour et qui le crient sur tous les toits en des termes réellement désobligeants. Nous pensons à la plupart de nos lecteurs, de nos amis, de nos concitoyens qui veulent que «ça» change. Pour ce faire, nous n'avons pas besoin d'aide. Nous devons juste vivre ce que la vie, la véritable ou la virtuelle, nous offre, pourvu que nous nous réalisions, que nous nous accomplissions, que nous soyons un tant soit peu heureux.


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