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«La culture ne peut pas se suffire à elle-même… Toute culture a besoin de diversité»
Entretien avec l'écrivain portugais Afonso Cruz
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 11 - 2018

Depuis un bon moment déjà le nom d'Afonso Cruz circule chez les lecteurs tunisiens attentifs aux écrivains de l'autre rive et, particulièrement, quand il s'agit d'un écrivain au style riche et singulier et d'un artiste aux multiples talents. Rencontre avec un artiste exceptionnel.
Afonso Cruz est cinéaste, musicien, dessinateur et auteur de plus de 30 romans en 10 ans seulement, dont plusieurs ont été traduits en arabe. L'écrivain portugais a remporté en 2010 le prix littéraire Maria Rosa Colaço pour son roman «Les Livres qui ont dévoré mon père» et, en 2012, il est lauréat du Prix de littérature de l'Union européenne pour son roman «A Boneca de Kokoschka» (La poupée de Kokoschka). Il était, il y a quelques jours, l'invité d'honneur de La Maison du Roman à la Cité de la culture de Tunis à l'occasion des premières «Journées du roman portugais contemporain».
Vous avez été convié dernièrement à un événement culturel important organisé par la Maison du roman à la Cité de la culture, les premières «Journées du roman portugais contemporain». Que pensez-vous de ce genre d'événement qui a mis la lumière sur la littérature portugaise contemporaine ?
Je crois que ce genre d'événement est très important. Car la fiction, non seulement elle contribue à franchir les barrières et rapprocher les peuples des deux rives mais aussi à imaginer et à bâtir des bases pour de meilleures sociétés et un meilleur avenir. C'est très important pour les deux pays, pour les peuples des deux rives pour s'ouvrir l'un à l'autre, dialoguer, échanger. Ça ne peut qu'enrichir les deux pays amis, l'un s'imprégnant des couleurs de l'autre. Ce qui est formidable, c'est qu'avec la culture, on peut aller là où on veut, on n'est pas limité par les frontières, on est libre de se retrouver, de dialoguer, d'échanger, de donner et de recevoir nos connaissances, nos idées et notre imaginaire et de créer des liens d'amitié et de solidarité. On a la possibilité d'observer d'autres cultures et d'en créer de nouvelles, où l'on peut se retrouver tous. Il n'y a pas de culture qui puisse se suffire à elle-même. Toute culture a besoin de diversité. Elle a besoin des couleurs des autres cultures pour enrichir ses tons et élargir sa palette.
L'un de vos quatre romans qui ont été traduits en arabe, «Achetons un poète» est un best-seller en Tunisie. Comment expliquez-vous cet intérêt grandissant du lecteur tunisien pour la littérature portugaise contemporaine ?
Oui, je suis au courant (rire). Je crois que lorsqu'un écrivain traite de sujets universels, parle de «l'âme humaine» indépendamment de sa langue, ou de son origine, il attire les lecteurs. C'est pour cela qu'on est en train de lire encore aujourd'hui l'Odyssée par exemple. Et malgré le fait qu'on vit dans une époque de haute technologie, on est attiré par des histoires dont les personnages se déplacent encore à cheval. Notre manière de vivre, les conditions de vie ont bien changé et d'une façon radicale mais nos valeurs sont restées les mêmes. On aime nos enfants de la même façon, nos sentiments, nos émotions et les valeurs ne changent pas et sont partout presque les mêmes. Et je crois que lorsqu'on écrit, on écrit toujours à propos des gens, et même si on évoque les choses matérielles, c'est toujours en rapport avec les gens. La littérature a, donc, ce côté universel qui fait que tout un chacun peut s'y retrouver et s'y identifier. Mais de là à ce qu'un livre puisse devenir un best-seller, dans un pays particulier, je ne saurai répondre pourquoi, c'est un mystère pour moi. Parfois, mon roman est un best-seller dans un pays mais pas forcément dans un autre ou même dans mon propre pays. Et parfois c'est le contraire. Mais je crois que c'est relatif.
Vous êtes réalisateur de films, dessinateur et musicien. Pensez-vous que ces multiples vocations ont pu avoir de l'effet sur la qualité et la singularité de votre style?
La créativité est quelque chose qui se trouve en nous, ancrée et enracinée au fond de nos âmes. Mais elle se développe grâce à la pratique et par le travail. J'ai passé toute ma vie à dessiner et à lire, j'ai étudié les arts plastiques et les beaux-arts. J'ai réalisé plusieurs dessins pour des films et j'ai travaillé comme dessinateur de livres pour enfants, donc l'image a été là durant toute ma vie, la musique, par contre, est venue par la suite. Donc, peut-être que cela a dû se refléter sur mon style et mes écrits. Le lecteur a dû visualiser le sens de mes mots. Mais généralement je ne m'attarde pas sur la description des éléments et des lieux qu'on est capable de visualiser. Lorsque j'écris, quelque part, il y a cette partie en moi qui dessine, sauf que c'est par le biais des mots.
Quelle est l'importance de la littérature aujourd'hui pour la société humaine ?
Toute fiction renferme le pouvoir de l'imagination. Tout ce qui existe autour de nous dépend de l'imagination. On peut créer une bonne société comme on peut créer le contraire. Tout ce que l'on possède aujourd'hui était le fruit de l'imagination de gens avant nous. Et par le biais de la fiction on peut créer notre propre vision d'une société meilleure afin d'attirer les gens vers cette image idéale et les amener à l'atteindre comme on peut aussi imaginer le contraire, et donner une image de la décadence d'une société afin de mettre en garde les gens et leur éviter d'aller dans sa direction. Je crois qu'imaginer un monde meilleur, c'est déjà mettre les bases d'un monde meilleur. Toutes les inventions matérielles qu'on a aujourd'hui sont nées de l'imagination de quelqu'un avant. L'important c'est de l'utiliser dans le bon sens et dans le but de créer un avenir meilleur pour la société humaine.


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