Le mercredi 24 octobre, la Maison du Roman a invité le romancier Hédi Thabet pour une rencontre intitulée : « Mon expérience avec la science-fiction». La rencontre a eu lieu à la Cité de la Culture en présence d'un public assez nombreux composé d'intellectuels, d'hommes de lettres et d'étudiants. Au début de la séance, le présentateur a donné un aperçu sommaire sur la vie du romancier et sur la littérature de science-fiction dans le monde, dans les pays arabes et en Tunisie où cette littérature n'est pas assez populaire. Hédi Thabet, s'est distingué dans l'écriture des romans de science-fiction depuis au moins deux décennies. Il a publié «Ghar El Jin» (1999), «Djebel Alliyine» (2001) deux romans d'anticipation et «Si Hannibal revenait» (2005), un saut dans le monde de la fiction scientifique et l'histoire. Mais il s'est illustré également dans le genre romanesque classique en publiant « Al Koronfol La Yaïchou Fi Sahra » (La Girofle ne vit pas dans le désert) qui reçut le Prix Comar en 2004. Son autre roman réaliste « Le Viol » fut publié également, en 2008, une histoire qui a pour cadre les années soixante-dix en Tunisie et qui met en scène un couple amoureux rêvant de changer le monde. Cependant, Hédi Thabet semble faire de la SF son objet de prédilection. Le quatrième du genre, paru en 2012, s'intitule « Le Temple de Tanit ». Son dernier roman de science-fiction s'intitule « La Ville du Jour Eternel » Rappelons que la littérature de science-fiction s'est bien développée, notamment en Syrie et en Egypte, grâce aux écrivains qui se sont distingués dans ce genre d'écriture. En effet, la S.F n'est apparue dans le monde arabe que depuis 1950, longtemps après son épanouissement dans les pays occidentaux. Cela revient peut-être au fait que ces pays demeurent faiblement avancés sur le plan scientifique et technique par rapport à l'Occident ou peut-être parce que l'écriture des romans de S.F requiert une bonne connaissance des sciences physiques, mathématiques, astronomiques et doit être au diapason des nouvelles découvertes technologiques et des prouesses réalisées par les savants à travers le monde. C'est donc un phénomène assez récent dans les pays arabes qui ne verra le jour en Tunisie que plus tard avec l'œuvre de Taib Triki avec son roman « Le Sindbad de l'Espace », parue en 1977, amusante histoire de la découverte d'extraterrestres attirés par les parfums humains. Mais l'écriture dans ce genre reste encore timide, si ce n'est les œuvres du romancier Hédi Thabet, parues pendant les dix dernières années en langue arabe, quoique le romancier soit professeur de langue française. Lors de cette rencontre, Hédi Thabet a parlé de son expérience avec ce genre de littérature, des raisons pour lesquelles il est venu à la S.F et des romans qu'il avait jusque-là publiés. Il a d'abord indiqué que « la fiction scientifique est l'une des plus importants moyens de la transmission de la pensée scientifique aux nouvelles générations, les pays développés avaient saisi depuis longtemps l'importance de la fiction scientifique dans la préparation des savants créateurs, tout en l'introduisant dans les programmes scolaires ; dans les pays arabes, la littérature de S.F n'existe presque pas dans la culture arabe, pourtant, elle est capable d'ouvrir une grande perspective pour la découverte des secrets de l'univers. « Pour comprendre le monde, il faut de l'imagination de la science et de la littérature, a déclaré le romancier, ce sont là les trois composantes d'un roman de S.F. » Par ailleurs, il a expliqué : « Pour moi, la littérature de science-fiction n'est pas une fuite vers le monde de l'imagination illimitée, qui est loin du monde dans lequel nous vivons, c'est un saut dans un monde parallèle à celui de notre monde, mais elle a des dimensions plus précises et plus objectives que celles de notre monde. » Répondant aux questions des assistants, il a parlé longuement de son expérience avec le roman de S.F. « J'ai voulu imaginer un nouveau monde qui profite de l'aventure du Terrien pour imposer son existence en tant qu'être vivant, afin qu'il soit prêt à recréer le monde selon des lois qui peuvent découler de sa connaissance des lois de la Terre, a-t-il encore précisé, le monde dont j'ai esquissé les traits dans mes romans de science-fiction veut être distinct du monde d'aujourd'hui sans être insolite. Selon ce que j'imagine, le progrès scientifique obligera l'homme à dépasser le stade de l'économie de survie, pour atteindre le stade de l'économie du plaisir. Par exemple, pas mal de travaux que faisait l'homme du XIXe siècle ont été confiés aujourd'hui à la machine. De même, l'informatisation, la robotique, les technologies de clonage et les nanotechnologies transformeront radicalement la structure économique du monde et entraîneront un changement radical de la structure sociale et politique des sociétés et des relations interpersonnelles. Avec l'extinction de l'économie de survie, grâce à l'abondance que produiront tous ces nouveaux mécanismes, actuellement à un stade embryonnaire, un nouveau monde verra le jour. » Et le romancier d'ajouter : « À travers mes romans de science-fiction, j'ai voulu imaginer ce nouveau monde, tout en veillant à ne pas présenter aux lecteurs un monde éloigné de notre monde terrestre, ni un monde de merveilles qu'on pourrait difficilement croire, ce qui m'a permis de mettre le doigt sur les problèmes de notre planète : la Terre. » Quant à la façon d'écrire, Hédi Thabet a affirmé que ses romans de science-fiction contenaient tous les éléments de l'art narratif et la narration ne se borne pas à une simple présentation d'idées ou de faits, elle est diversifiée certes, mais elle répond toujours aux règles modernes du récit.