Le ministre de l'Education a soumis à la présidence du gouvernement un projet de création d'un centre national de maintenance des établissements et du mobilier scolaires. Les défenseurs d'un renouvellement du mobilier scolaire ont mis en place un défi stratégique qui devrait changer l'image du système éducatif chez l'opinion publique et les différents acteurs. Ils ont de nouveaux arguments à faire valoir avec le pari suivant : le renouvellement du mobilier scolaire peut améliorer l'attention en classe et la renforcer. Passer toute la journée en classe assis sur des chaises inconfortables et inadaptées à la taille des enfants, avec un rythme de travail plus souvent mal pensé… C'est presque systématiquement le cas dans nos établissements scolaires où l'ergonomie sèche l'école. En cause, des normes qui sont erronées à la base. Lors d'un séminaire national tenu lundi à l'Utica sur la «Réalité du mobilier scolaire et les perspectives de développement», les professionnels du secteur, à leur tête le ministre de l'Education, Hatem Ben Salem, ont plaidé pour la résolution de nombreux problèmes auxquels font face les acteurs de l'enseignement et les élèves, notamment dans le domaine de l'infrastructure et de l'équipement. Vers la création d'un centre national de maintenance des établissements et du mobilier scolaires Ben Salem indique que son département a soumis à la présidence du gouvernement un projet de création d'un centre national de maintenance des établissements et du mobilier scolaires. Ses deux principaux objectifs consistent en la maintenance des équipements répondant aux besoins du ministère de l'Education et des établissements scolaires qui en relèvent et à l'assistance des établissements scolaires en matière de maintenance. «Pendant les dix dernières années, l'Etat a investi plus de 150 millions de dinars en matière de maintenance et d'acquisition de mobilier scolaire. Mais l'état actuel de nos établissements ne reflète pas la valeur réelle des fonds investis, ce qui a contribué à accentuer le déclin progressif de l'image du système éducatif. Donc, la création de ce centre ne peut que rationnaliser les investissements du gouvernement en la matière. On voit très clairement que tout le monde est conscient que l'Etat souffre actuellement d'un déficit budgétaire, d'où la nécessité d'adopter une politique d'austérité», précise-t-il. Ben Salem ajoute que le ministère compte, également, réviser le cahier des charges relatif à l'acquisition des équipements et du mobilier scolaires de nature à favoriser la transparence et lutter contre la corruption. «Ce n'est pas un secret qu'il existe une suspicion de corruption dans l'achat et l'acquisition du mobilier scolaire. Pour éradiquer ce phénomène, il est indispensable de réviser, avec toutes les parties prenantes, le cahier des charges relatif à cet achat. Assurer un mobilier scolaire confortable et de qualité, capable de répondre aux besoins de nos enfants, ne peut qu'améliorer l'attention et les résultats des élèves. C'est autour de cet axe que l'avenir de nos enfants se joue», souligne-t-il. Des cahiers des charges obsolètes Un avis partagé par Khaled Sellami, président de la Fédération nationale du bois et de l'ameublement (Fnba), qui assure que les autorités concernées se sont rendu compte que les cahiers des charges relatifs à la fabrication et à l'achat de mobilier scolaire sont obsolètes. Pour élaborer un nouveau cahier conforme aux normes internationales en matière d'ergonomie et de mobilier scolaire, il faut déboucher sur un partenariat public-privé entre l'administration, l'Utica et le Centre technique de l'industrie du bois et de l'ameublement, Cetiba. «L'objectif n'est pas de renouveler en un seul coup tout le mobilier scolaire existant, mais de produire, dans un avenir proche, des meubles qui soient conformes aux attentes des élèves et des enseignants. Ces équipements doivent donc être conformes aux nouveaux cahiers des charges tant attendus par les professionnels du secteur. C'est notre priorité», précise-t-il. Par ailleurs, Sellami affirme qu'on a constaté un certain vandalisme de la part des jeunes. Donc, c'est aux parents et à l'éducateur de les sensibiliser et de les convaincre que ce mobilier leur appartient. «Une campagne de sensibilisation sera lancée auprès des élèves pour protéger les équipements scolaires qui sont un acquis national», souligne-t-il. L'ergonomie dans la conception des espaces et de meubles Amor Bouzouada, directeur général du Cetiba, indique que l'ergonomie joue un rôle important dans la conception du mobilier scolaire. «C'est un métier difficile mais qui vise à assurer un maximum de confort, de sécurité et de santé à nos élèves dans la salle de classe. En raison de la douleur et de l'inconfort, un mobilier scolaire inadéquat peut avoir des conséquences négatives, non seulement sur la santé, mais aussi sur le processus d'apprentissage. D'où l'importance d'aborder l'ergonomie dans la conception des espaces et des meubles», souligne-t-il. Bouzouada ajoute que le centre recommande de réaliser une enquête au niveau national impliquant les médecins, les psychiatres, les établissements scolaires, les élèves, les inspecteurs, les fabricants et les designers afin d'innover le mobilier scolaire tunisien. Il est, aussi, temps de mettre en vigueur la marque sur le mobilier scolaire, de mettre à jour les cahiers des charges techniques en se basant sur les résultats de l'enquête et de renouveler le parc du mobilier scolaire. Parrainer une école Mounir Basly, P-.D.G. d'Inter Maghreb Meubles, indique que la loi sur les achats publics en Tunisie est basée sur le moins-disant. Donc, il n'y a pas d'autres moyens que de bien orienter les spécifications techniques au début pour assurer les mêmes chances à chacun, et ce, afin d'éviter toutes formes de favoritisme ou autres pratiques illégales. Une telle mesure pourrait garantir le niveau souhaité des achats publics. D'où la nécessité aujourd'hui d'initier les changements dans ce secteur en impliquant tous les acteurs. En ce qui concerne la qualité, Basly affirme que c'est une culture d'entreprise qui doit déteindre sur tout le tissu industriel, alors que ce n'est plus le cas aujourd'hui en Tunisie. «Dans l'état actuel des choses, on ne peut pas classer les fournisseurs qui sont à la recherche d'un gain facile. Mais avec le nouveau cahier des charges, il faut aller au mieux-disant. A cette heure-là, seule la qualité sera les maîtres des mots dans ce secteur, car cette dernière est le seul garant pour que l'élève soit dans les meilleures conditions qui lui permettent de s'exprimer et de se concentrer sur l'acquisition des connaissances», précise-t-il. Pour sa part, Azouz Bouguerra, directeur commercial chez Stramiflex, est revenu sur le parrainage des écoles par les entreprises privées ; une bonne initiative qui a aidé à restaurer les écoles qui étaient dans un état lamentable. Ces entreprises doivent continuer à parrainer les écoles et à prendre en charge leur réhabilitation, les infrastructures et les équipements car la réparation de mobilier scolaire endommagé reste une affaire difficile. Il a, également, indiqué qu'une initiative privée pourrait être lancée dans ce sens pour équiper deux ou trois écoles pilotes afin de repenser les meubles et prouver que la qualité est la meilleure garantie. «Les fabricants de matières premières et de mobilier scolaire pourraient se réunir pour faire réussir cette expérience. Il faut maintenir l'élan pour créer des écoles qui réconcilient l'élève avec lui-même et avec le lieu où il passe le plus de temps».