La réquisition ordonnée par le chef du gouvernement pour le jour de la grève générale des agents publics n'est pas une originalité tunisienne ou, comme l'ont interprété certains syndicalistes, une manœuvre destinée à saboter la grève, mais une obligation majeure revenant au pouvoir exécutif dans le cadre de ses responsabilités nationales. Et les syndicalistes des divers secteurs le savent bien, puisqu'ils ont souvent prévu, lors de leurs grèves sectorielles, de désigner un quota parmi les agents et cadres qu'ils chargent d'assurer un service minimum. Cela est notamment une pratique systématique chez les syndicats de la santé, de la Steg, de la Sonede... S'agissant d'une grève générale de tous les agents de la fonction et du secteur publics, et les négociations en vue de l'éviter ayant duré jusqu'à la dernière minute, la centrale syndicale historique n'a pas songé à en faire de même et négocier avec les multiples services de l'administration publique et les entreprises nationales, un service minimum assuré par des agents et cadres non concernés par la grève. Il s'agit d'une tâche qui incombe, en fait, autant aux grévistes qu'au gouvernement, car le but d'une grève n'est en aucune manière de pénaliser les citoyens ni, encore moins, de mettre leur sécurité en danger. Imaginez les situations que pourrait engendrer une absence totale des services publics dans tous les secteurs concernés par la grève. L'Ugtt a cru utile de porter plainte contre le gouvernement, estimant que la réquisition est illégale voire anticonstitutionnelles mais le problème du service minimum en cas de grève restera posé. Donc à négocier. Afin d'écarter, à l'avenir, toute suspicion sur cet impératif.