Les pas sont courts et mesurés et les gens ne s'empressent pas à l'achat malgré des réductions alléchantes et les bonnes affaires qu'on peut dénicher çà et là ! «Jusqu'à 70% ; soldes à 50%», certaines enseignes du prêt-à-porter ont fait fort, très fort d'entrée ! Pourtant, il y a un cahier des charges qui stipule clairement les taux de réduction durant la première démarque doit démarrer à partir de 20%, le 10% étant banni. Pour casser les prix initiaux qui donnent le vertige, des commerçants ont décidé de leur propre gré de frapper un grand coup. Il est neuf heures, ce vendredi matin, par un temps à ne pas faire sortir un chat dehors, l'affluence est timide dans un centre commercial du centre-ville de Tunis. Pourtant, les soldes ont été annoncés depuis quelques jours dans les médias. A côté de cela, les clients se font rares. Ils défilent dans le centre pour jeter un coup d'œil dans les magasins qui se comptent sur les doigts d'une main. La semaine dernière, le ministère du Commerce avait annoncé le début officiel des soldes saisonniers pour le vendredi 25 janvier 2019 et qui vont s'étaler sur six semaines. Toutefois, le marasme économique que traverse la Tunisie avec ses répercussions sur le pouvoir d'achat du Tunisien, conjugué à la dévaluation du dinar, ont refroidi les ardeurs des consommateurs pour les soldes. Les statistiques ne mentent pas. Une étude de l'Institut national de la statistique vient de le prouver, chiffres à l'appui. On a publié sur nos colonnes, le désintérêt croissant et manifeste des ménages tunisiens pour les soldes. Le constat est sans appel. Les ménages ne consacrent que 8% de leur budget aux soldes. Tandis que 78% d'entre eux ne les intègrent pas dans leurs priorités budgétaires et 14% le font rarement. Déjà que les magasins et commerces du prêt-à-porter sont désertés la plupart du temps au cours de l'année malgré les efforts des commerçants pour inciter à l'achat, on mesure la dégringolade du pouvoir d'achat. Bisannuels, les soldes qui représentent l'opportunité de renouveler sa garde-robe, n'ont plus le même attrait. L'intérêt pour la friperie organisée qui touche toutes les couches sociales ne peut pas tout expliquer. L'engouement pour les soldes n'est manifestement plus le même depuis quelques années chez les Tunisiens à cause des prix qui donnent le tournis. Un constat amer qu'on ne peut contredire. Une mère de famille qui renonce à acheter à l'occasion des soldes d'hiver fait la moue : «Si j'ai besoin d'un article bien précis et en particulier, attendre les soldes ne me permettra pas de mettre à profit mon intérêt pour le vêtement tant désiré. Hormis un manteau à l'aspect bien neuf et suffisamment réduit au prix d'achat que je pourrais acheter pour mon fils ou mon mari, je ne vois pas en quoi les soldes ont un pouvoir attractif». Entre combler ses besoins et satisfaire ses attentes, le client n'a certainement pas le même profil. C'est qu'en plus, les prix des collections importées d'Europe refroidissent les ardeurs. Les soldes restent toutefois l'occasion inespérée pour s'acheter des vêtements neufs. Pour les femmes, il s'agira de changer la garde-robe. Tandis que pour les hommes, généralement moins exigeants en quantité, ce sera l'occasion de remplacer quelques vêtements démodés ou usés. A condition que des prix avantageux et la qualité soient au rendez-vous ! La qualité se paie ! Les articles exposés sur les mannequins dans les vitrines des boutiques de prêt-à-porter homme sont généralement des chemises d'entrée de gamme à 59 dinars. Les moins chères. Les autres à l'intérieur du magasin tournent aux alentours de 70 D, 85 D et 100 D après réduction ! Ne parlons pas de celles qui sont exposées au fond de la boutique sous la mention « nouvelle collection ». Ou encore les chemises délicatement rangées dans les étagères et tiroirs à des prix chics et chocs ! Les chemises qui sont dans le tas ne sont pas de bon goût et c'est bien connu désormais, elles font partie des vêtements que le magasin veut tout bonnement liquider et à tout prix. Les pantalons sont concernés comme les chemises par ce déclassement. Des pantalons «coupe droite» nichés dans un tas à 59 Dinars pendant que d'autres de meilleure qualité sont alignés sur des cintres et en meilleur état. Hormis, les chemises et les pantalons, un coup d'œil sur les manteaux qui passent de 400 à 200 D ou de 300 à 150 D peuvent tenter les hommes. Même si ce sont les pulls, les jeans et les sous-vêtements qui ont la cote. Les boxers d'origine ibérique pour les hommes sont vendus en trio à 30 D et pour cinq unités à 50 D, soit une réduction de 50%. Chaque magasin y va de sa propre méthode pour brader les prix. Chaque commerçant y allant avec sa manière de communiquer aussi. Autre originalité, une devanture de prêt-à-porter a eu l'ingénieuse idée d'afficher ses réductions sur les mannequins ! Ainsi une tenue pour hommes composée d'un pull du style sweat-shirt et un jean qui lui est assorti coûterait la rondelette somme de cent dinars, soit une économie assurée de soixante dinars pour le client. Ce concept d'un autre genre marchera-t-il vraiment ? Pas sûr, pas sûr… Les commerces à l'affût ! Certains magasins n'ont pas fait dans la demi-mesure et ont annoncé la couleur depuis la veille des soldes, jeudi 24 janvier. Des messages privés ont été envoyés aux clients fidèles afin de les inciter à profiter des opportunités liées aux soldes en termes de rabais des prix. Voici un florilège : «On vous fait revivre les soldes d'hiver avec des remises alléchantes. Profitez vite dès demain 25 janvier dans tous vos magasins» ; «Chers clients, ne tardez plus à visiter vos magasins et profitez des soldes allant jusqu'à 30% de remise sur toute la collection» ou «Chers clients, venez découvrir nos nouveautés blousons et profitez de nos meilleures offres soldes -30% sur toute la collection». Les clients qui guettent les prix bien avant les soldes ont raison d'être bien avisés pour flairer les bonnes affaires à coup sûr !