C'est le buteur-né, l'attaquant que redoutaient toutes les équipes et leurs supporters. C'est aussi le symbole du Club Olympique des Transports qui a surpris le football tunisien avec son ascension fulgurante et par son football spectaculaire qui l'a propulsé au sommet de la hiérarchie en 1985-1986… Mohsen Yahmadi a pris une part prépondérante dans la performance cotiste de Blaut, et a composé avec Faouzi Henchiri et Mondher M'sakni un trio de rêve qui ne s'est pas renouvelé depuis. «Je jouais avec les enfants de notre quartier à El Sabkha, quand notre voisin, l'ex-avant-centre du COT Mohamed Ali, m'a encouragé d'aller à ce club pour pratiquer le football dans un bon environnement. Je me suis vite familarisé avec le football en compagnie de plusieurs amis. J'ai signé ma première licence avec le COT en 1972. C'était l'entraîneur si Mokthar qui m'a encouragé à jouer attaquant. Et ce fut ainsi. En effet, au cours d'un match amical face aux cadets B de Gombalia, j'ai réussi à marquer trois buts. Ce fut mon baptême du feu. Je me suis distingué et j'ai été intégré dans l'équipe cadette A composée de Faouzi Henchiri et Mondher M'sakni. Avec les juniors de si Mohsen Ayari, actuel entraîneur de Djerba, je me promenais à travers les terrains des clubs sans autre souci que de me procurer du plaisir en marquant des buts», a souligné l'ex-attaquant du COT et de l'EST. Mohsen Yahmadi s'illustre par son habileté technique et son sens du but. Il ne tarde pas à attirer l'admiration de Ali Chabbouh, entraîneur des seniors, qui en fait un grand attaquant. «En effet, après mes belles prestations avec les juniors en marquant des buts à gogo, l'entraîneur Ali Chabbouh m'a intégré avec les seniors à l'âge de 17 ans. Mon premier match avec l'équipe première a été face au CAB à El Menzah en 1979. Ce jour-là, nous avons gagné par un but à zéro. Le but a été réalisé par Lakhal après un centrage sur le côté gauche. Mais j'avais eu le trac en voyant la présence de 20 mille spectateurs, venus pour assister au match de l'EST. Mes jambes ont tremblé, surtout que je n'étais pas habitué à jouer devant un tel public. La saison 1979 a été une année catastrophique et le COT a été relégué en seconde division. Les dirigeants cotistes ont fait appel à Blaut qui est resté deux ans. Pendant cette période 1980-1981, j'ai décidé de lâcher le football et de me concentrer sur mes études pour préparer mon bac, surtout après avoir subi une intervension chirurgicale au ménisque», a encore affirmé un des attaquants tunisiens les plus compétitifs. La saison de Blaut a été décevante et le COT a été encore une fois relégué en seconde division en dépit de la présence d'une génération de footballeurs très doués. «Après avoir obtenu mon bac, je suis retourné au COT. Blaut s'est dirigé vers moi pour me féliciter et il m'a donné son accord de jouer, or le COT a refusé en 1982, après le départ de Blaut, Baba Hmid a pris les rênes pour redonner un second souffle au COT. Il a été très compréhensif avec moi en me réservant un travail spécifique individuel parce que je ne pouvais pas m'entraîner avec le groupe, vu mes études universitaires. Un jour, Baba Hmid m'a dit, «Ecoute Yahmadi, tu es gâté parce que tu marques des buts mais le jour où tu ne marqueras plus, tu seras écarté. Je te conseille d'avoir un travail comme tes coéquipiers». Ce fut ainsi, et grâce à notre président Abdelkader Becheikh, que tous les joueurs ont eu un travail à Tunisair, à l'Office des ports et à la SNT. Seuls Faouzi Henchiri et Hédi Khedr ont refusé de se faire recruter. Et c'est bien dommage pour eux». L'ambition de Mohsen Yahmadi prend forme et il a réussi ainsi à justifier ses dons de buteur en réalisant 22 buts. Mieux aguerri, Yahmadi découvre de nouvelles aspirations. «En 1984, ce fut une saison historique pour le club du COT. Au cours d'un match barrage face au Stade Gabésien, j'ai réalisé le but de l'accession en division nationale après seulement une minute de l'entame de notre match, ce fut la fête dans la région. Il y a un photographe qui a pris ma photo. Il a gagné beaucoup d'argent en vendant cette photo de notre accession. En 1984-1985, nous avons bien entamé la saison en division nationale par des victoires historiques, en battant successivement le CSS par 5 buts (J'ai marqué 4 buts à Abdelwahed qui a décidé de prendre sa retraite), le CSHL par 3 buts, l'ASM (3-0) et un nul face à l'EST (3-3). Mais après cette phase aller, le retour a été catastrophique et nous avons été relégués en deuxième division. Le problème financier était la cause de cette relégation. Après, il y a eu l'arrivée de l'Algérien Ahmed Belfoul qui a bien travaillé avec nous. Il y avait une bonne génération très douée. Avec le retour de Blaut qui a trouvé un groupe compétitif, nous avons réalisé en 1995 une saison historique avec une Coupe de Tunisie face au CA et nous avons terminé le championnat à égalité avec l'EST, mais le goal-différence a été en faveur de des «Sang et Or». Mais pour tout le monde, le COT a remporté le doublé. Il est à souligner que la paire Belhassen Fekih-Blaut a été gagnante à tous les niveaux. Mon regret a été de ne pas avoir joué la finale en raison d'un avertissement en demi-finale de la Coupe face au SRS qui m'a été infligé par l'arbitre Chargui qui n'a pas été correct avec moi. Il m'a empêché de jouer la finale face au CA. Heureusement que le COT a eu les moyens de réaliser le rêve de toute la région», a encore souligné Mohsen Yahmadi. Faouzi Benzarti n'aime pas les joueurs cotistes Après l'euphorie de cette saison historique de la vie du COT, les joueurs se sont dispersés, vu le manque de moyens. Le départ de Faouzi Henchiri à l'EST, l'arrivée de feu Bouzayane et Yahiaoui, l'exode de quelques joueurs et la désignation de Ali Kaâbi comme entraîneur ont dégarni le groupe clubiste. «Vu cette situation, Tarek Dhiab en tant que directeur sportif m'a dit qu'il veut jouer avec l'EST. J'ai donné mon accord immédiatement. Quelle joie de retrouver des vedettes, telles que Ben Yahia, Henchiri, Feddou, Chihi, Malitoli. Mon premier match fut contre le COT. J'ai refusé de jouer, mais Slim Chiboub a insisté pour que je participe. C'était en 1995. J'ai marqué le but de la victoire. L'arrivée de Faouzi Benzarti m'a joué un sale tour. Il a fait confiance au jeune Hassen Gabsi. Il ne m'a jamais fait confiance comme pour Chihi et Henchiri. Ce que j'ai remarqué, c'est que Benzarti n'aime pas les joueurs cotistes. Une fois, Malitoli a été en désaccord avec Benzarti en raison de ma non-convocation pour l'équipe qui va jouer face à l'ASM. Mais à la fin de 92-93, c'était le match de la saison entre l'EST et le CAB à Bizerte. Benzarti m'a fait entrer à 15 minutes de la fin pour fermer les brèches et on a terminé le match sur un nul qui valait le titre. Mais, j'ai fait mieux en marquant le but de la victoire. C'était la seule fois où Benzarti m'a remercié par une accolade. Mais après, j'ai décidé de quitter l'EST après trois ans de succès». En effet, Yahmadi a décidé de changer d'air en retournant au COT. En 1995, le chasseur de but a décidé de prendre sa retraite footballistique en refusant, en outre, une offre d'un club libyen. «Mes expériences avec l'équipe nationale n'ont pas été enrichissantes. Zouaoui, Ben Othmane et Pychienzek n'ont pas été corrects avec moi ni avec les joueurs cotistes. Aux Jeux olympiques de Seoul, Pychienzek m'a écarté à la dernière minute pour faire appel à Ranane. Avec ses enfants Amir et Firas et sa femme, le buteur du COT et de l'EST, Yahmadi, a poursuivi son appartenance au COT et au football d'élite, mais avec un handicap : la frustration de ne pas jouer la finale de 1985 et de voir le COT tomber si bas.