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L'impératif d'une relance futuriste
Workshop sur l'huile d'olive : perspectives et stratégie à l'échelle mondiale
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 03 - 2019

La Chambre syndicale nationale des exportateurs d'huile d'olive (Azzayeta) a organisé, au siège de l'Utica, un workshop ayant pour thème : «Promotion internationale des labels tunisiens d'huile d'olive : perspectives et stratégie». Cette journée d'étude a permis de regrouper tous les intervenants dans cette filière de haute importance, aussi bien sur le plan socioéconomique que de la valorisation de l'un des principaux produits du terroir tunisiens.
Ouvrant le workshop, M. Chiheb Slama, président de ladite chambre, a rappelé l'importance insoupçonnable de l'oléiculture. Cette dernière représente 15% de la valeur totale de la production agricole en Tunisie. Elle accapare, à elle seule, jusqu'à 12% des investissements agroalimentaires et représente 43% des exportations agricoles et 10% des exportations totales. Si la Tunisie compte 86 millions de pieds d'olivier, 30 % de ces ressources sont exploitées dans l'oléiculture, couvrant ainsi une superficie de 1,8 million d'hectares. M. Slama a énuméré les chiffres-clefs résumant l'étendue quantitative de cette filière et son considérable impact sur l'économie mais aussi sur l'emploi.
L'on compte, actuellement, 1.700 huileries dont la capacité de production quotidienne frôle les 40 mille tonnes. Ces huileries emploient entre 8.000 et 20 mille personnes. Cette filière s'appuie aussi sur la persévérance de 200 sociétés exportatrices dont une cinquantaine d'entre elles sont investies dans le domaine du conditionnement. Il a ajouté que la Tunisie exporte plus de 70% de sa production en huile d'olive. Les chiffres montrent une moyenne de l'ordre de 142 mille tonnes exportées durant le dernier quinquennat dont seulement 17 mille tonnes d'huile d'olive conditionnée. D'où l'impératif, selon M. Slama, de passer à un autre palier dans l'optique de promouvoir davantage la commercialisation internationale de l'huile d'olive conditionnée, de renforcer notre notoriété sur les marchés conventionnels et de conquérir d'autres, dont l'Inde, la Chine et le Japon.
La rencontre s'était articulée autour de trois panels, à savoir «la consommation mondiale de l'huile d'olive et le positionnement de la Tunisie : état des lieux», «Stratégie nationale pour le développement de l'exportation d'huile d'olive conditionnée : plus de valorisation et de notoriété» et «les programmes d'appui pour la promotion de la valorisation de la filière oléicole tunisienne : témoignages de chefs d'entreprise».
Place aux plantations intensives et hyper intensives !
M. Chokri Bayoudh, P.-d.g. de l'Office national de l'huile, a consacré son allocution au «marché de l'huile d'olive : dynamique et perspective». En effet, cette filière avance à pas sûrs sur le plan de la production mais aussi sur le plan de l'accroissement des superficies exploitées. Durant les 15 dernières années, l'on a enregistré en effet une augmentation de 15% des terres destinées aux oliveraies, soit un plus de 160 mille ha. La Tunisie occupe, d'ailleurs, la deuxième place en termes de superficies destinées à l'oléiculture, devancée seulement par l'Espagne. L'Italie vient en troisième position.
L'huile d'olive tunisienne est présente dans 57 marchés internationaux et couvre 1% de la superficie agricole mondiale. Cela dit, le nombre de pays consommateurs d'huile d'olive s'élève à 179 d'où la nécessité de conquérir de nouveaux marchés, surtout que la moyenne de la consommation mondiale est d'un litre chaque seconde. Les oléiculteurs mondiaux se retournent, de plus en plus vers les implantations — non pas traditionnelles — mais intensives voire hyper-intensives, lesquelles correspondent, actuellement, 80% des implantations d'oliviers à l'échelle mondiale.
Elles ont pour point de force d'augmenter la production à un coût nettement moindre. M. Bayoudh a insisté sur les perspectives prometteuses de cette filière qui séduit même la Chine. Cette dernière consomme, d'ailleurs, une moyenne de 20 grammes par habitant par an d'huile d'olive. L'Inde, quant à elle, en consomme 9 grammes par habitant par an. Vu leurs nombres colossaux d'habitants, ces deux pays représentent, indéniablement, des marchés potentiellement intéressants à conquérir.
S'agissant des projections à l'horizon 2050, le responsable a indiqué qu'il est prévisible de hisser la superficie oléicole mondiale de 11 millions à 16 millions de ha. La reconversion des plantations traditionnelles en intensives voire en hyper-intensives sera une évidence. Notant que le coût d'une plantation traditionnelle s'élève à 2,4 euros par kilo alors que celui d'une plantation intensive varie entre 0,9 et 1,9 euro par kilo et celui d'une plantation hyper-intensive ne dépasse pas 0,8 euro par kilo.
Gare au dysfonctionnement de la filière !
L'orateur prévient, en revanche, de la diminution de la consommation autochtone dans les cinq pays producteurs et exportateurs d'huile d'olive dont la Tunisie, surtout que 83% de la consommation de ce produit sont assurées par les populations des pays producteurs. Ces baisses ont été significatives, à vrai dire, en Espagne et en Italie.
Les taux d'excédent de production correspondent aux quantités produites et excédant la consommation locale. La Tunisie, sur ce plan, assure un excédent de 140 mille tonnes alors que l'Italie a subi un déficit de l'ordre de 220 mille tonnes durant le quinquennat 2009/ 2015.
Pour ce qui est de l'état des lieux local, l'orateur a souligné qu'au bout de sept années, la Tunisie n'a pas eu à résoudre des problèmes de stockage. Certes, mais une stagnation politique et stratégique entrave l'évolution et la promotion de l'huile d'olive conditionnée. Si l'Espagne et l'Italie demeurent nos principaux marchés en matière d'huile d'olive en vrac — puisqu'ils assurent jusqu'à 80% de nos exportations —, la commercialisation de l'huile d'olive conditionnée se limite à quelques marchés, notamment le Canada et la France. Cela dit, la conquête de nouveaux marchés devrait se poursuivre. Le responsable a rappelé en effet qu'en 2010/ 2011, notre huile d'olive n'était présente que dans 42 marchés. En 2016/ 2017, elle l'était dans 56 pays… «Il nous reste alors près de cent marchés internationaux à gagner», a-t-il insisté.
Huile d'olive conditionnée : fluctuations quasi stagnantes
Prenant la parole à son tour, Mme Hamida Bel Gaïed, directrice générale des industries agroalimentaires au ministère de l'Industrie, a éclairé l'assistance sur l'évolution de la filière de l'huile d'olive conditionnée et de son exportation. Les chiffres montrent qu'en 2018/ 2019, quelque 208 mille tonnes d'huile d'olive ont été conditionnées ; un chiffre qui s'avère nettement inférieur au pic de production enregistré en 2014/ 2015, lequel était de l'ordre de 340 mille tonnes. Cela dit, la moyenne des exportations demeure aux alentours de 153 mille tonnes.
La responsable a mis l'accent, en revanche, sur la fragilité de cette filière. Quelque 14 sociétés exportatrices assurent des exportations qui excèdent les 100 tonnes vu que la capacité exportatrice de la majorité des sociétés ne dépasse point les 25 tonnes. Ce déséquilibre s'avère être à l'origine de l'irrégularité des exportations. D'ailleurs, les fluctuations ont tendance à stagner. En 2014/ 2015, elles étaient de 2.000 millions de dinars. En 2018/ 2019, elles ne sont que de 2.164 millions de dinars.
Mme Bel Gaïed a attiré l'attention sur la décroissance des exportations de l'huile d'olive conditionnée ; des exportations qui se limitent à trois marchés principaux, à savoir le Canada, la France et l'Arabie saoudite. Elle a argumenté son avis par des indicateurs-clefs : en 2017, quelque 53 sociétés exportent moins de 50 tonnes contre seulement 36 sociétés, en 2010. D'où le besoin de réorganiser les mécanismes de promotion des exportations.
Culture bio : la Tunisie est pionnière en Afrique et dans le monde arabe
Mme Samia Maâmer, directrice générale de l'agriculture biologique au ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, a indiqué, non sans fierté, que la Tunisie chapeaute la liste des pays en matière de superficie destinée à l'oléiculture bio. Elle est le premier pays africain et arabe à avoir instauré une législation réglementant cette filière. Elle est, aussi, classée 23e sur une cinquantaine de pays qui tablent sur la culture bio. Notre pays est le seul dans le monde arabe et dans le continent africain à avoir décroché une homologation européenne.
Cette filière, qui célèbre cette année son vingtième anniversaire, fait l'objet et d'une Stratégie à l'horizon 2030 et d'un Plan d'action quinquennal 2016/ 2020. «Nous disposons de quatre organes d'accréditation, d'un audit annuel. Pour ce qui est du système d'alerte européen, nous ne dépassons aucunement deux alertes par an», a-t-elle indiqué. Selon les chiffres relatifs à 2018, la culture bio compte 7.900 opérateurs, 290 unités de transformation, 79 exportateurs, 380 mille ha et 250 produits certifiés bio. Les exportations globales bio sont passées de 66MD à 600MD en 2018.
Pour ce qui est de l'oléiculture bio, la Tunisie est classée première grâce à une superficie de 255 mille ha. Selon les indicateurs relatifs à 2009/ 2013, l'évolution de l'oléiculture bio tunisienne excède celle mondiale. Cette dernière n'étant que de 0,6% alors que celle tunisienne est de l'ordre de 0,8%. En termes de superficie, la Tunisie devance de loin l'évolution mondiale, soit 19% contre seulement 9%. En 2015/ 2017, la Tunisie compte plus de 75% des superficies mondiales destinées à la culture bio. Notons que 13,5% des superficies oléicoles sont exploitées pour l'exportation dont 48 mille tonnes d'huile d'olive bio, ce qui assure 27% des valeurs des exportations. Elle a ajouté que sur les 45 exportateurs d'huile d'olive bio, 12 assurent des exportations dépassant les 100 tonnes par an ; 9 assurent moins de 10 tonnes par an et 25 sont spécialisés dans l'exportation de l'huile d'olive bio conditionnée. S'agissant des projections à l'horizon 2030, Mme Maâmer a indiqué que les manches se retroussent afin de créer un modèle tunisien fondé sur la bonne gouvernance et d'intégrer l'agriculture bio dans le développement régional durable. Pour ce qui est du Plan d'action quinquennal 2016/2020, l'objectif étant, pour les 20 filières bio, de tabler sur la traçabilité, sur la visibilité et la valorisation des produits, sur la mise en place d'un système de veille, sur le renforcement du partenariat public/ privé et sur la mise en place d'un plan de promotion. «La Tunisie a tous les atouts pour devenir le premier producteur et exportateur d'huile d'olive bio à travers le monde. Il faut aussi ambitionner d'atteindre un million d'hectares destinés à la culture bio, d'où l'impératif de développer les chaînes de valeur de l'oliveraie», a-t-elle souligné.


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