En 2015, la Tunisie a produit 340 mille tonnes d'huile d'olive dont 315 mille tonnes ont été exportées, ce qui lui a rapporté 2 milliards de dinars. Mais si aujourd'hui, la filière de l'huile d'olive continue à être compétitive et à jouer un rôle économique, social et environnemental important, le nouveau contexte post-révolution laisse espérer l'avènement de nouvelles réformes structurelles, fonctionnelles et organisationnelles de la filière visant à améliorer les performances du secteur Le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche a organisé, hier, en collaboration avec le Forum international de Réalités, la FAO et la Chambre syndicale des exportateurs d'huile d'olive, une table ronde qui a porté sur le thème «Les enjeux futurs de la filière oléicole dans le nouveau contexte politique tunisien». Les travaux de cette table ronde ont été inaugurés par l'allocution du ministre de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, M. Samir Taïeb, qui a insisté sur l'importance de la thématique abordée et le choix des axes examinés: le marché de l'huile d'olive en Tunisie (production et productivité, qualité et valorisation), la gouvernance de la filière et l'adaptation du système productif aux exigences du marché. Le ministre a souligné par ailleurs que l'olivier revêt une grande importance économique et sociale puisque cette filière contribue au développement du pays, à la préservation de l'environnement, à la création de postes d'emploi et la valorisation des ressources et richesses naturelles. «La Tunisie occupe, en effet, la deuxième place à l'échelle mondiale en termes de superficies plantées d'oliviers après l'Espagne (16% des superficies oléicoles mondiales) et elle est également placée quatrième mondialement, après l'Espagne, l'Italie et la Grèce en tant que producteur d'huile d'olive et troisième en tant qu'exportateur après l'Espagne et l'Italie. En Tunisie, la superficie des plantations d'oliviers est estimée à 1,9 million d'hectares, dont 80 mille hectares irrigués et 88 millions de pieds d'olivier. La culture oléicole présente l'activité principale avec plus de 309 terrains agricoles, ce qui représente un pourcentage estimé à 60% des terrains agricoles exploités et la première source de revenus pour 10% de la population», indique le ministre. Et d'ajouter : «La filière oléicole représente 10% du taux de production national et 44% du taux d'exportation agricole. Notons à ce titre que 150 mille tonnes ont été exportées pendant la dernière décennie, ce qui représente 70% de la production nationale». Une vision stratégique et des mécanismes modernes Si aujourd'hui, la filière de l'huile d'olive continue à être compétitive et à jouer un rôle économique, social et environnemental important, le nouveau contexte post-révolution laisse espérer l'avènement de nouvelles réformes structurelles, fonctionnelles et organisationnelle de la filière visant à améliorer les performances du secteur. «A ce titre, le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche a élaboré une stratégie quinquennale (2016-2020) avec un programme de plantation de 10 millions d'oliviers, notamment dans le nord du pays, et œuvre à mettre en place une approche de développement participative et des plans pour promouvoir les nouveaux mécanismes et outils d'intervention afin de faire face à ces enjeux. Notre participation aujourd'hui aux travaux de la table ronde vient dans le but de promouvoir le secteur et la production de l'huile d'olive et d'adapter de nouvelles techniques de marketing», ajoute le ministre au terme de son intervention avant de donner la parole aux intervenants présents à la table ronde. Un secteur à valoriser par les partenariats Dans son intervention intitulée «Marché de l'huile d'olives : dynamique, politique et exigences», le directeur général de l'Office national de l'huile, Chokri Bayoudh, s'est penché sur un tableau rétrospectif des exportations d'huile d'olive pendant ces cinq dernières années, les problématiques liées à cette filière et comment s'orienter vers une stratégie de marketing qui permettra d'améliorer le secteur. Taoufik Ouslati, directeur au ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, s'est intéressé, quant à lui, aux démarches à suivre pour une meilleure adaptation du système productif qui correspond aux exigences du marché. «Nous pouvons améliorer la production de l'huile d'olive par deux méthodes, la première serait d'améliorer les plantations existantes par un meilleur encadrement des producteurs, proposer des paquets techniques adaptés à chaque zone de production, et la seconde méthode serait d'augmenter les superficies par des extensions et de nouvelles plantations, notamment dans le nord du pays, puisque les conditions sont plus favorables, ce qui va garantir un niveau de production plus ou moins stable pendant l'année. Le rajeunissement des plantations vétustes (au Sahel et au Sud) de 5 millions de pieds d'olivier, la valorisation de la production et l'augmentation des superficies certifiées biologiques figurent également dans les démarches à suivre», a éclairé Taoufik Ouslati. Monsieur Abdesalem El Oued (président de la Chambre syndicale des exportateurs d'huile d'olive) a résumé son intervention portant sur la gouvernance de la filière en trois questions essentielles, à savoir le problème de la productivité et comment encourager la plantation des oliviers et augmenter le volume de l'exportation. «J'appelle à des partenariats parce qu'il faut trouver les moyens pour conquérir de nouveaux marchés entre les différents importateurs–exportateurs de la Méditerranée. « Produire 500 mille tonnes d'huile d'olive et 50 mille tonnes d'huile conditionnée est un objectif à atteindre dans les prochaines années et les Tunisiens sont capables de le faire», conclut-il.