Gâtée par une hydrogéologie assez généreuse qui l'a dotée de plus d'une centaine de sources thermominérales, la Tunisie, du point de vue thermalisme, est de loin le leader incontestable dans la rive sud de la Méditerranée avec des infrastructures de haut standing et des soins d'hydrothérapie de grande qualité qui l'ont placés à la 2e place mondiale dans ce secteur. Cette reconnaissance internationale a laissé la Femtec (Fédération de l'organisation mondiale du thermalisme et du climatisme) choisir notre pays pour abriter sa 63e assemblée générale, ainsi que son congrès scientifique les 1er et 2 novembre 2010. Durant ses deux dernières décennies, notre pays a effectué des pas de géants en matière d'hydrothérapie. Pour l'histoire, il faut rappeler que le premier centre de thalassothérapie date de 1994. Aujourd'hui, avec une cinquantaine de centres réparties sur 1.298 km de cotes, la Tunisie se positionne en tant que destination mondialement reconnue (plus de 200.000 curistes qui viennent chaque année pour s'y soigner). L'hydrothérapie en Tunisie : des projets à profusion Entre thalassothérapie et thermalisme, le tourisme de santé en Tunisie ambitionne de devenir le leader mondial. Pour atteindre cet objectif, une stratégie visant à renforcer la place de la Tunisie en tant que pôle d'exportation des services de santé à l'horizon 2016 vient d'être arrêtée. Ses grandes lignes ont été traitées au cours d'un Conseil ministériel, tenu en 2008. Une stratégie, qui a déjà permis de mobiliser quelque 150 millions de dinars d'investissements vont permettre au secteur de thalassothérapie de connaître un essor assez remarquable. S'agissant du programme prévu en matière d'assurance-qualité, afin que les centres tunisiens demeurent en conformité avec les normes internationales en vigueur, M. Mondher Zenaidi, ministre de la Santé publique, a indiqué, lors de son allocution à l'ouverture des travaux de l'assemblée de la Femtec, que sept centres de thalassothérapie et quatre unités de mise en bouteille d'eau minérale viennent d'obtenir l'accréditation ISO 22000. Concernant les grands projets dans le domaine du thermalisme, plusieurs sont en cours de réalisations, à l'image du projet de la cité thermale Al Khébayat à Gabès, du Centre intégré de thermalisme de Bent Jédidi (gouvernorat de Nabeul), du Centre de tourisme sanitaire et environnemental de Béni Mtir (Gouvernorat de Jendouba), des stations thermales intégrées de la zone d'Ahmed Zarrouk (Gafsa), de Hammam-Mellègue (Le Kef) et Sidi Abdelhamid (Sousse). M. Belgacem Attafi, responsable du projet Hammam-Mellègue qui se situe à 12 km de la ville du Kef, nous a précisé que «les coûts de notre projet, qui se résume en une station thermale médicalisée, ont été estimés à 4,780 millions de dinars. En effet, dans notre station les curistes vont bénéficier d'un restaurant diététique, une piscine thermale avec un institut de beauté et de remise en forme et une résidence trois étoiles. En revanche, l'innovation dans notre établissement résidera dans la qualité physico-chimique et bactériologique des eaux qui vont servir pour les soins. Selon les études réalisées sur l'eau thermale du Hammam-Mellègue par des chercheurs de l'Ecole nationale des ingénieurs de Sfax, il s'agit d'une eau chlorurée sodique légèrement calcique. Et le plus important, c'est que cette eau dégage deux types de gaz très bénéfiques pour le traitement des problèmes de santé liés aux métabolismes comme l'obésité, la goutte, le diabète, etc.» Le Maghreb : une région à fort potentiel Outre la dynamique économique que peut générer le tourisme de santé lié au thermalisme et à la thalassothérapie, les pays du Maghreb, avec des sources thermominérales appartenant à la classe des eaux vadoses ou météoriques c'est-à-dire issues des précipitations infiltrées dans le sous-sol, ont plusieurs atouts surtout du point de vue géologique pour faire de la rive sud de la Méditerranée l'eldorado de l'hydrothérapie destinée à la clientèle européenne, comme l'atteste le Dr Ahmed Bel Aitar, médecin de la station thermale Hammam- Chellala (ex-Maskhoutine), en Algérie, estimant qu'«avec une situation géographique très proche du Vieux Continent et des milliers de km de cotes couvrant les 3⁄4 de la rive sud de la Méditerranée, le Maghreb a de forts arguments pour devenir dans le futur proche, le pôle de la Thalassothérapie dans le bassin Méditerranéen. Certes, la plupart des pays de la région ont encore du pain sur la planche pour arriver au niveau de la Tunisie, mais il faut toujours se rappeler que le premier centre de thalassothérapie en Afrique a ouvert ses portes en 1980 en Algérie sur le plateau rocheux de la presqu'île de Sidi Fredj, à 25 km à l'Ouest d' Alger pour rester malheureusement l'unique de son genre jusqu'à nos jours». Le Dr Aitar a, par ailleurs, reconnu que plusieurs de ses concitoyens surtout ceux qui habitent à l'Est de l'Algérie, ont, depuis des années, pris l'habitude surtout durant la basse saison du tourisme en Tunisie de se rendre à Hammam-Bourguiba ou à Kourbous, à travers des voyages organisés par des agences spécialisées en ce type de produit touristique, afin de bénéficier de soins à des prix nettement inférieurs qu'en Algérie. En revanche, au pays de l'Emir Abdelkader, toujours selon le Dr Aitar, la région connaît, ces derniers temps, un certain dynamisme à travers des rencontres de coordination et d'échange entres les experts maghrébins à leur tête M. Fredj Daouas, directeur général de l'Office du thermalisme. Il a ajouté : «Deux rencontres de hauts niveaux ont lieu cette année entre les responsables du thermalisme maghrébin. La première a eu lieu à Tunis en janvier 2010, la deuxième s'est déroulée le 7 juillet dernier à Tripoli, où les participants ont appelé à travers une série de recommandations pour la création d'une fédération maghrébine du thermalisme et faire du 7 juillet de chaque année la journée maghrébine des soins de l'eau.»