Sans Jemaâ, ni Chermiti ni même Allagui, Marchand n'aura plus de marge de manœuvre devant lui. Seuls Mouihbi et Akaïchi sont prêts pour emmener l'attaque dans un match où il y obligation de gagner Bertrand Marchand est l'homme le plus suivi de la scène sportive tunisienne. Il a la responsabilité technique d'une équipe de Tunisie qui fait son deuxième déplacement de suite après celui de Lomé. L'adversaire de demain n'est que le Botswana, leader du groupe K avec 10 points, suivi de l'équipe de Tunisie qui a trois points en moins. Gaborone sera donc une étape de vérité pour Marchand qui n'aura pas réussi jusque-là à convaincre tout le monde de ses choix. L'équipe de Tunisie piétine en ce groupe K où elle a un certain avantage nominal ( mais en fait, peut-on parler encore d'une avance sur le papier et d'un historique plus riche compte tenu de tous ces imprévus dans le football africain ?!). Deux victoires acquises en voyage contre un seul point en deux matches joués à Radès. Est-ce que c'est une équipe qui n'aime pas la pression du public et qui se retrouve à l'extérieur dans des conditions plus difficiles ? Les chiffres plaident pour cette hypothèse, mais le constat à faire, c'est que l'on a perdu de la consistance du jeu depuis un certain Mozambique-Tunisie. C'est toujours une nouvelle équipe qui joue, par la force des blessures, mais aussi par la force des choix qui changent de Marchand. Demain, le Français sait bien qu'il joue gros tout comme c'était le cas à Lomé. En cas de victoire, on rattrapera le retard des trois points par rapport au Botswana et on prendra notre revanche sur cette équipe qui nous a surpris à El Menzah au premier match. Pas la peine d'être à la place de Marchand pour comprendre la difficulté du match et la délicatesse de la mission. Même Mourinho ne peut rien si les joueurs de base manquent, et c'est là où le Français peut s'en prendre à la malchance. Il a déjà perdu Chikhaoui à Lomé, il perd encore les services de Jemâa, de Allagui et avant-hier de Chermiti, c'est ce qu'on appelle la malchance... Sans le meilleur buteur de la sélection, on ne peut pas avoir la certitude de frapper fort à Gaborone. C'est un voyage en terre inconnue contre une équipe de second plan, mais qui résiste encore à tous les préjugés. Sans ses meilleurs attaquants, le salut peut-il venir d'autres joueurs ? Probablement oui. Quitte même à revoir le système de jeu et la répartition des rôles. On sera handicapé en attaque, personne ne peut alléguer le contraire, mais nous aurons des atouts à faire valoir. D'autres solutions offensives existent bel et bien. Akaïchi et Mouihbi... Youssef Mouihbi a été utilisé par Mrad Mahjoub dans le rôle d'attaquant de pointe contre le WAC. L'homme se trouve en forme, ce qui constitue pour Marchand une bonne info à prendre. Il ne reste que Mouihbi et Akaïchi comme attaquants de métier qui peuvent peser sur la défense du Botswana. Pour Akaïchi, un des joueurs préférés de Marchand, il représente une alternative à Jemâa pour le poste d'avant de pointe classique qui joue dos à la défense et qui relaye les joueurs de couloir. Les deux ensemble ? Pourquoi pas avec Mouihbi décalé à droite et Akaïchi comme force de frappe. Mais il semble que Marchand jouerait la carte métier et la carte automatismes offensifs. C'est à dire qu'il comptera comme d'habitude sur Darragi, Dhaouadi et Ben Khalfallah dans le milieu pour prendre au dépourvu le Botswana. Ce trio, qui se complète donnera le poids offensif requis, et aura une certaine marge de manœuvre pour permuter et pour jouer vite et court. Ce n'est pas le nombre d'attaquants qui va faire la différence, mais plutôt la qualité du jeu, et du soutien offensif qui va le faire. Korbi, Traoui et Ben Yahia auront un duel à disputer pour les deux places de milieux récupérateurs qui auront à neutraliser les coups de rein des joueurs locaux. On ne devra pas changer de conception tactique avec ce 4-2-3-1 cher à Marchand, mais avec une petite question: Darragi, très loin de son niveau face à TP Mazembe, aura-t- il la même vision et la même qualité d'"assists" ? Sa forme va aider beaucoup la sélection. Paire reconduite Même si Souissi a montré de bonnes choses avec son club, Marchand pense à reconduire la paire Saidi-Yahia à la charnière centrale de la défense. Ce duo s'est bien complété contre le Togo montrant une certaine solidité dans la zone des seize mètres. Jemal et Boussaidi, sont eux aussi partants pour des places de titulaires à moins d'une surprise de dernière minute. Ce qui nous donne un compartiment défensif stabilisé, à l'exception du retour de Mathlouthi dans les bois. Un retour à point nommé pour un gardien qui prime par son autorité dans les bois dans ces matches à fort enjeu. L'équipe de Tunisie aura affaire à un adversaire intraitable, avec aussi une pression sur les épaules qu'on ne peut nier. Nos cœurs sont avec nos joueurs qui ont besoin de soutien moral. Une victoire sera un point de départ non seulement dans les éliminatoires de la CAN, mais même dans l'histoire de la sélection. On aura tout à gagner de ce déplacement qu'on espère réussi.