Tawjeeh remporte de haute lutte le Prix Mokhtar Bellagha Les pur-sang anglais «importés» avaient les honneurs de la dernière réunion dominicale sur l'hippodrome de Kassar-Saïd, avec le Prix de Carthage, un groupe I de 2.000 mètres et doté de 30.000 Dinars, qui avait réuni quinze partants âgés de 3 à 5 ans. Dernière épreuve de l'année pour cette catégorie réintroduite depuis trois années, cette course faisait en quelque sorte fonction de «Grand Prix» et s'annonçait assez ouverte après la défaite trois semaines auparavant du chef de file Slam Warrior, nettement battu par Sinologie et M. Sire. Le départ devant les tribunes est toujours spectaculaire, car il permet de voir défiler au canter l'ensemble des partants. Euro Flash, Slam Warrior et Lord A Leaping les plus rapides à la sortie des stalles, se sont installés en tête, suivis de Laima, Aornos, Sinologie. Dans la montée des 1.400 m, Slam Warrior accéléra l'allure pour s'emparer du commandement. Dans la ligne d'en face il creusa l'écart, faisant voler en éclats le peloton. Slam Warrior passa aux 1.000 m avec deux bonnes longueurs d'avance sur Euro Flash, Sinologie qui progressait en pleine piste, Lord Leaping qui avait de plus en plus de peine à suivre et Aornos qui collait à ce groupe de tête. Aux 800 m, Sinologie se rapprocha du leader, suivie dans son effort par Aornos. Bien calé à la corde, Slam Warrior aborda le dernier tournant avec un léger avantage sur Sinologie très à l'aise et Aornos qui progressait en pleine piste. Le sprint final était lancé ! Energiquement soutenue par Khaled Mahfoud, Sinologie (Berstein et Spaulwaki) attaqua Slam Warrior et donna l'impression de le dominer, mais à 200 m du poteau, Lotfi Akkari reprit son partenaire (activant l'over drive…) et Slam Warrior répondit avec un bel élan pour arracher la victoire d' 1 l. aux dépens de sa vaillante rivale. A 6 l. Aornos (Dashing Blade et Semenova) a terminé au troisième rang devant Absent Mind (Rossini et Absurde) et Azabache (Falbrav et Albahaca). A son retour aux balances, Slam Warrior a été accueilli triomphalement par son jeune propriétaire M. Farès Torgeman et son entraîneur Mohamed Ben Ali qui avait également sellé Sinologie. Rappelons que Slam Warrior (Grand Slam et Wilderness Area par Deputy Minister) né en 2006 aux Etats-Unis, avait débuté sa carrière en France chez Jean Claude Rouget avec une quatrième à Deauville sur 1.500 m, puis une 2e à Lyon sur 1.800 m, une 2e à Marseille –Borely sur 1.800m et une 4e à Salon-en-Provence sur 2.000m. Durant l'été 2009, il a disputé deux «réclamer» avec une 4e place à Deauville sur 1.500 m et une 2e place à Claire-Fontaine sur 1.800 m. Son parcours tunisien a été plus glorieux, avec d'emblée une série de trois victoires consécutives en janvier et début février dans les Prix Beaubourg (Gr III – 1.400 m), Haras El Ghedor (Gr II – 2.000 m) et Dalakhani (Gr III – 1.600m). Il a été par la suite battu à deux reprises et sur des distances plus longues par le nouveau venu Ryman dans les Prix Milord (Gr II – 2.100m) et Bechir Ben M'rad (Gr I – 2.200m). Il renoua avec le succès en avril à l'occasion du Prix Ahmed Kaddour (Gr II – 1.700 m), puis il enleva avec brio le Prix du Bicentenaire de la Nation d'Argentine (Gr II – 2.000 m) avec 6 l . d'avance sur Sinologie. En mai, il a été battu d'1 l. par l'excellent «importé» libyen Etu dans le Prix de Cagnes-sur-Mer (Gr I – 2.200 m). Il termina la saison (en juin) par une victoire de haute lutte (tête) aux dépens de Aornos dans le Prix Mokhtar Laâtiri (Gr II – 1.700 m). A la reprise en septembre, il se distingua dans le Prix Tantieme (Gr II – 1.700 m) d'1 l. devant Sinologie et Aornos, mais a déçu lors de sa dernière sortie (le 7 novembre) dans le Prix du 23e anniversaire du Changement (Gr II – 2.000 m) en terminant à la troisième place derrière Sinologie et M. Sire. Au total, il a disputé 12 courses avec 8 victoires, 3 secondes places et une troisième place. Un bilan flatteur qui ne peut que ravir son entraîneur Mohamed Ben Ali : «C'est un cheval aux gros moyens, généreux à l'effort et très allant. Il s'est parfaitement adapté à son nouvel environnement tunisien et en particulier à la piste en sable de Kassar-Saïd. C'est plutôt un bon «miler», mais les exigences du programme m'ont contraint à l'allonger sur 2.000 et même 2.200 m». La Société des Courses a lancé voilà trois ans un programme pour les «importés». Les propriétaires tunisiens et même libyens (avec des casaques tunisiennes) ont répondu favorablement à cet appel, en important une trentaine de chevaux, dont plusieurs femelles. Les courses réservées à cette catégorie drainent régulièrement une quinzaine de chevaux et plus et contribuent à l'animation de l'hippodrome. Le Prix Cagnes-sur-Mer en mai dernier a même réuni 20 partants ! Devant le succès incontestable de cette initiative et l'effort fourni par les propriétaires, il faudrait maintenir ce programme quelques années encore pour avoir la confirmation de cet engouement pour cette catégorie de courses. Par ailleurs, ces épreuves sont ouvertes aux chevaux nés et élevés localement, avec une décharge conséquente de 5 kg. On souhaiterait voir, avec cet avantage appréciable, quelques bons nés et élevés tenter leurs chances dans ces courses bien dotées. Il n'y a pas si longtemps, les Italo, Blandine… réussissaient à battre des importés aux valeurs confirmées. Je voudrais revenir sur l'appellation de ce Prix de Carthage. Ce nom historiquement célèbre avait été, depuis des années, associé à un «Grand Prix» international de pur-sang arabes. Voilà que cette année, on l'affecte à une course pour pur-sang anglais «importés». On ne change pas de nom de course comme on change de chemise… Nous l'avons souligné à maintes reprises dans nos colonnes, mais il semble que les responsables du programme n'ont pas encore saisi l'importance du sujet. Dans les grandes nations hippiques, les appellations de courses sont sacrées, car les noms des épreuves sont de solides références. Quand on dit que tel cheval a gagné le Prix Greffuhle, du Saint Alary, du Muguet ou du Lys…les professionnels savent ce que représente cette course, sa date, sa distance et l'hippodrome où elle s'est courue. Pour chaque épreuve classique, des statistiques sont établies sur une cinquantaine d'années et plus. Il n'y a pas si longtemps, c'était le cas en Tunisie. On avait plusieurs circuits classiques, avec des références immuables. Mais depuis une dizaine d'années, les appellations sont attribuées au gré du vent… variant d'une année à l'autre et d'une catégorie à l'autre ! De ce fait, elles n'ont plus aucun sens. De grâce messieurs les organisateurs, ne touchez plus aux appellations classiques et semi-classiques et réservez ce nom prestigieux de «Grand Prix de Carthage» à une grande course internationale de pur-sang arabes qu'on pourrait inclure dans le calendrier de la Fédération internationale des courses de pur-sang arabes (I.F.H.A.R.). Cette instance tiendra justement son assemblée générale le 10 décembre à Paris. Un membre influent du Pattern Committee qui siégera le lendemain m'a contacté cette semaine pour nous solliciter à entreprendre les démarches nécessaires pour inscrire une course tunisienne dans le circuit international de l'I.F.H.A.R. C'est une excellente opportunité pour valoriser nos chevaux sur notre propre sol. Seconde attraction de l'après-midi, le Prix Mokhtar Bellagha, un groupe II de 1.600 m pour pur-sang arabes de 4 ans et plus (9 partants), a été animé à un train soutenu par Sidi Thabet qui s'est détaché progressivement du peloton, emmené par Rafii, Teheran et Sayef jusqu'aux 600 m, où il a été rejoint par Rafii, Thania Wahda et Sayaf, tandis que Tawjeeh restait en attente dans leur sillage. Aux 600 m, Rafii rejoignit sans peine Sidi Thabet à bout de ressources et aborda le dernier tournant avec un léger avantage sur Sayaf suivi de Thania Wahda et Tawjeeh en pleine piste. Dans la ligne droite, on assista d'abord à une vive lutte entre Rafii et Sayaf, à laquelle est venu se mêler Tawjeeh qui progressait en pleine piste sous la poigne énergique de Khaled Mahfoud. Terminant le plus fort, ce dernier s'adjugea l'épreuve d' 1/2l. aux dépens de Rafii qui n'a point démérité, suivi de près (1/2 l.) par Sayaf auteur également d'un bon parcours. A 6 l. Thania Wahda a terminé à la quatrième place devant Zinjiyat Al Badr. Tawjeeh (Halim et Dordana) né et élevé au Haras Besbassia, porte les couleurs du Haras Hédi Driss et est entraîné par Mohamed Ben Ali auteur donc d'un superbe doublé classique et qui nous a confié : «Je suis heureux d'avoir remporté cette épreuve pour M. Bassem Driss qui vient de me confier son effectif. C'est un bon début. J'avais demandé à Khaled Mahfoud d'attendre au maximum pour lancer sa pointe. Il a suivi les ordres et tout s'est bien passé». Deux «handicap» figuraient au programme. Le premier, le Prix Heil (1.600 m) pour pur-sang arabes de 3 ans (12 partants), a permis à Al Khalil monté par Mounir Mansouri d'ouvrir son palmarès, après avoir contrôlé l'épreuve de bout en bout et en se détachant nettement dans la ligne droite. A 10 l. Abaab qui galopait dans son sillage a conservé la seconde place d'1 l.1/2 aux dépens de Akermiya, Abbes et Al Moutawej. Issu de Tidjam Lotois et Kammoucha, le vainqueur appartient à son naisseur le Haras Ahmed Essaied et est entraîné par Mohamed Khazmi. Le second, le Prix Dynamite III, un sprint de 1.200 m pour pur-sang arabes d'âge (12 partants) longtemps animé par Oulwan et Zazia, est revenu à Tacheen associé à Aymen Nefzi qui a fini le plus fort, en pleine piste, devançant de 2 l. Zafir Al Badr qui progressait à la corde, suivi à 1 l.1/2 par Tanweer et Zafir El Ghali. Tacheen (Jesroy de Chaillac et Istiqlal) appartient à M. R. Masghouni et est entraîné par Sadrine Chebil. En lever de rideau, les pur-sang arabes d'âge disposaient de deux épreuves de 2.000 m. Le Prix Koufi pour mâles (7 partants) s'est résumé en un beau duel entre Tashkandi et Zaazaa, en tête depuis le départ. A l'issue d'une vive lutte le long de la ligne droite, Tashkandi monté par Fethi Messaoudi s'est imposé d'1/2 l. aux dépens de son rival. Issu de Prince d'Orient et Saboua (et donc frère utérin de Halim) le vainqueur appartient au Haras Meddeb et est entraîné par Ahmed Charni. La réplique pour femelles, le Prix Achraf (8 partants) a été enlevé avec brio par Zinete qui a contrôlé la course pratiquement de bout en bout et a repoussé avec courage l'assaut final de Touba qui a échoué à une courte tête de la lauréate ! Loin derrière, Zahret Al Badr a terminé au troisième rang devant Zahret Eddour. Zinete (Hajjam et Housseina) appartient à M. Mohamed Anouar M'sallem et est entraînée par Sahbi Rajhi. Enfin, le réclamer du jour, le Prix Ghafir (1.400 m) pour 3 ans de pur-sang arabe (8 partants), a été dominé par le favori Arslen (Manguier de Piboul et Layeli Dubai) entrainé par Mohamed Ben Ali auteur d'un joli «coup de trois».
