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Genèse de la fin
Suicide
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 01 - 2011

«Ça y est, je vais en finir. Je n'en peux plus, j'ai hâte de partir. Cette vie n'est pas pour moi, elle me déteste . Je vous prie, laissez-moi m'en aller». Ces paroles sont parfois les dernières d'une personne suicidaire. Elles s'avèrent comme un avant- goût d'un soulagement, au point de gommer toute espérance en une vie digne d'être vécue.
Naître sans le vouloir, mourir avec préméditation : voilà l'intervention humaine la plus intolérée. Elle l'est, d'ailleurs, de plus en plus car si jadis, le suicide était vu comme un signe de courage, accompli généralement par des héros de l'Histoire, les temps présents le classent désormais parmi les actes fort significatifs de l'échec et de l'impuissance.
Or, mettre fin à sa vie, s'adonner à bras ouverts à la mort est-il vraiment un signe d'impuissance ? Difficile de répondre à une question aussi délicate, et dont les réponses font immanquablement appel au sens existentiel de chacun d'entre nous. La vie vaut-elle réellement la peine d'être vécue ? Telle est la question. Selon le Dr. Nadra Zayani, psychologue, le suicide est l'accomplissement du désir profond de mort. Il exprime l'incapacité à faire le deuil du cumul des pertes, une intolérance à la frustration qui se transforme en une agressivité retournée contre soi. «La tentative de suicide peut également s'expliquer par un appel à l'autre, une réaction violente ayant pour finalité de susciter l'attention», indique le Dr. Zayani.
Sur le plan psychiatrique, il est important d'établir une distinction entre le suicide, la tentative de suicide, les idées suicidaires et les équivalents suicidaires. « Le suicide est par définition tout acte volontaire suivi d'une mort. Dans notre pays, l'on ne peut parler réellement des équivalents suicidaires. Ces derniers consistent en les jeux et les professions dangereuses, en la toxicomanie, bref, en tout ce qui se vit dans l'excès et qui s'avère touffu de risques énormes, et donc fatals. Ce sont donc les tentatives de suicide et les idées suicidaires qui intéressent les spécialistes et qui incitent à l'étude», explique le Pr. Fadhel M'rad, président du comité psychiatrique à l'hôpital Razi.
Mal de vivre
Tout commence par un mal d'être, un mal de vivre, un sentiment d'incompréhension, d'isolement psychologique, de déficit communicatif. Cette angoisse non cernée se transforme en une sorte de dépression. Les idées suicidaires peuvent alors surgir du profond de l'être. «Les idées suicidaires sont de loin plus nombreuses que les tentatives elles-mêmes. Elles peuvent surgir chez l'enfant âgé entre 9 et 11. C'est à cet âge précisément qu'apparaît l'idée de la mort. L'idée suicidaire ne sera verbalisée qu'à partir de 12 ans», indique le Dr. M'rad.
Du point de vue sociologique, le suicide des adolescents ne traduit pas forcément un désir de mort, mais plutôt un appel au secours. «Les parents ne sont pas assez informés sur la spécificité de cet âge critique. L'on parle même de démission parentale dans une époque de stress et de rythme de vie frénétique. Les tentatives de suicide des ados sont des signaux reflétant un besoin insistant d'expression», indique M. Moez Ben Hmida, docteur en psychologie sociale. Déstabilisés par un échec amoureux, scolaire, par des problèmes familiaux qu'ils n'arrivent pas à surmonter à cause de l'insuffisance des ressources psychologiques internes, les ados peuvent recourir aux tentatives de suicides; des messages bouleversants.
Ce qui est important à noter c'est qu'il ne faut jamais négliger une idée suicidaire verbalisée même sur un ton ironique ou de plaisanterie. Verbalisée, l'idée de la mort voulue hante l'esprit du suicidaire. Si le terrain psychologique et les facteurs à risques la favorisent, elle peut facilement donner lieu à une tentative de suicide.
Entreprendre de mettre fin à sa vie n'est pas un projet anodin. Les tentatives de suicide constituent le passage à l'acte envisagé comme étant salvateur. Certes, les chiffres reflétant l'ampleur du phénomène ne sont pas disponibles. Toutefois, les informations fournies par les spécialistes nous permettent de comprendre les portées de tels comportements.
Les tentations de suicide: appel à l'aide ou désir de tout abandonner ?
Les tentatives de suicide sont envisagées pour deux raisons: ou bien pour attirer l'attention d'un entourage trop insouciant ou pour anticiper une mort – une délivrance- qui tarde à venir.
Selon les données fournies par le président du comité médial de l'hôpital Razi, les suicidaires optent pour des tentatives médicamenteuses ou chimiques, ou bien pour des tentatives violentes. Les premières sont moins fatales que les secondes. En ingurgitant de l'eau de javel, des médicaments en grande quantité ou autres produits, les suicidaires dans certains cas peuvent être sauvés. Certains d'entre eux préfèrent ces moyens car ils sont moins catégoriques. L'attachement à la vie persiste comme une petite lueur dans une brume opaque. «Pour ce qui est des tentatives dites violentes, elles consistent souvent en des pendaisons, des sauts dans le vide, des immolations qui deviennent de plus en plus fréquentes, notamment dans le milieu semi rural, des nuisances corporelles irrémédiables telles que le fait de se faire poignarder . Dans de pareils cas, la précipitation de la mort s'avère insistante voire inébranlable», explique le Dr. M'rad.
Pourquoi choisir de tout abandonner? Les études internationales montrent que les populations les plus concernées par le suicide sont celles des pays les plus développés. Vivant dans un climat de stress permanent, être emporté par un rythme de vie infernal, le moral craque, surtout lorsqu'il est accentué par des facteurs à risque tels des antécédents pathologiques. Selon le Dr. M'rad, 80 % des suicidaires souffrent d'un état dépressif. « Il y a des personnes qui sont marquées par la dépression. Celles-ci sont plus vulnérables que les autres. Chez l'enfant, par exemple, l'idée du suicide peut exister. Elle est souvent nourrie par le non-dit. Une fois adulte, le suicidaire s'avère sensible aux facteurs qui, bien que semblant anodins, déclenchent ce mal d'être enfoui», explique le Dr. Zayani.
Selon les données de l'Organisation mondiale de la santé ( OMS) et relatives à la période située entre 1954 et 2000, les indicateurs montrent que la courbe des hommes suicidaires est en hausse alors que celle de la gent féminine est quasi stagnante. Jusqu'à l'an 2000, 60% des suicidaires étaient âgés de plus de 45 ans. Puis, le graphique varie: 55 % des suicidaires sont âgés de moins de 44 ans. Le Dr. M'rad indique que le suicide est généralement tenté par des personnes souffrant de pathologies mentales telles que la schizophrénie, de dépressions nerveuses sinon de troubles mentaux difficile à détecter.
Les suicidaires : de plus en plus jeunes
Si partout dans le monde, le suicide intéresse plus les hommes que les femmes, ce constat se trouve plutôt inversé dans notre pays. «Le nombre des femmes suicidaires est plus important que celui des hommes», confirme le Dr. M'rad. Pourtant, si les femmes trouvent plus de facilité à commettre une tentative de suicide, elles n'osent, cependant, pas les actions violentes. La majorité d'entre elles optent plutôt pour les tentatives médicamenteuses ou chimiques. « C'est que la capacité rationnelle, explique Dr. Ben Hmida, est moins présente chez la femme que chez l'homme. D'ailleurs, les suicides des femmes sont généralement émotionnels. Même les crimes commis par les femmes le sont».
Le choix des toxiques ne traduit, cependant, pas forcément la volonté d'être sauvé car, à fortes doses, les toxiques ont un effet irréversible. Les hommes, quant à eux, s'adonnent à des actions plus brutales, plus «héroïques» et dont le résultat est plus garanti.
Preuves à l'appui: en 2009, un jeune tente de se suicider en accédant au sommet de l'horloge publique en plein centre ville de Tunis. Il comptait chuter en plein public quand les agents de police l'en ont empêché. En 2001, un jeune étudiant se jette du 4e étage de l'établissement universitaire dans lequel il poursuivait ses études. Il meurt sur le coup. En revanche, une étudiante, souffrant d'une déception amoureuse, a ingurgité pas moins de 30 comprimés voulant ainsi se donner la mort. Elle n'avait alors que 23 ans.
Selon notre sociologue, les hommes suicidaires sont souvent des commerçants, des industriels qui se trouvent dans des situations mutantes traumatisantes telle la faillite. Un changement brusque qu'ils sont incapables d'admettre. «Ce qui est certain, c'est que le suicide intéresse plus les célibataires que les mariés, les mariés sans enfants que ceux ayant des enfants. Il dénote un problème de cohésion sociale, d'appartenance et d'amour», renchérit le Dr. Ben Hmida.
Déception amoureuse, choc émotionnel, renforcé ou non par des antécédents psychiatriques, la dépression, légère soit-elle ou profonde, occupe la place de choix parmi les facteurs à risques. Selon le Dr. M'rad, 80% des suicidaires souffrent d'une dépression. Pour les 20% restants, la source de ce mal d'être revient à des troubles de la personnalité. Dans ce cas, il ne s'agit point de symptômes pathologiques proprement dits mais de comportements déviants. Ces personnes sont généralement suffisamment stables mais trop fragiles pour pouvoir faire face aux difficultés de la vie. Le Dr. M'rad cite à titre indicatif le narcissisme, la déviation sexuelle caractérielle, le comportement anti social, voire trop rigide, etc. « Il existe, par ailleurs, des cas de tentatives de suicide dues à des troubles de la conduite, tels que l'alcoolisme, la toxicomanie ou encore la déviation sociale.
«L'acte suicidaire n'est pas anodin. Il traduit un défi par rapport à une situation sociale, surtout si la situation s'avère non conforme à nos principes et que l'on est démuni du pouvoir de la changer», note le Dr. Ben Hmida.


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