• Les masques sont tombés. On n'a pas eu le temps, c'est clair, de leur apporter le maquillage et les costumes nécessaires pour qu'ils se faufilent dans la foule et donnent l'impression d'en faire partie Hier, 15h00, place de l'Indépendance, autour de la statue du maître et pionnier de la sociologie Ibn Khaldoun, et alentour, ils étaient deux, peut-être trois mille, à s'être rassemblés pacifiquement pour rappeler les principes de la société civile que la Tunisie d'aujourd'hui et de demain doit respecter et se doit d'ancrer. Des femmes en majorité, ceux qui ont répondu à l'appel de l'Association des femmes démocrates, l'Association des femmes tunisiennes pour la recherche et le développement (Afturd), l'Ugtt (commission femmes), le Collectif 95 et Maghreb Egalité brandissaient des pancartes ou scandaient des slogans stipulant l'égalité des sexes, le respect de la démocratie, la laïcité et la justice sociale. Soit, dit-on en passant, le gros de ce que promet le gouvernement provisoire et l'ensemble des mouvances qui le composent, bien que les manifestants ne l'aient pas crié. Le souffle de liberté, de soulagement de militants pour les droits de l'Homme, d'universitaires, d'étudiants et de jeunes, mobilisés à ces causes civiques, a failli être gâché par un ensemble d'énergumènes, à l'évidence organisés, armés de bâtons identiques, scandant tantôt des appels à la chute de Ghannouchi, tantôt des slogans religieux et même des phrases proférées par certains du genre : «Sans Leïla, vous ne seriez pas là». Grave, mais surtout révélateur quant à la partie qui les a mobilisés. Un deuxième groupement à la même place de l'Indépendance, et face à la statue du même Ibn Khaldoun, a été «perforé» par un groupe de jeunes (peut- être le même), cette fois-ci sans les bâtons, surexcités, appelant au départ du Premier ministre, mais dans le but clair de faire foirer le rassemblement auquel des associations de la société civile avaient appelé. Ce qui n'a réussi que partiellement. Plusieurs parmi ces «casseurs» à qui nous avons parlé ne savaient pas pourquoi ils étaient là. Aujourd'hui, le gouvernement provisoire sait à qui et à quoi il a affaire. Il pourra détecter les points du mal et agir en conséquence. Il est des parties qui refusent le retour au calme et la reconstruction du pays.