Zarzis est parmi les régions les plus riches du pays. On y trouve tout : l'agriculture, la pêche, le tourisme, le pétrole, les salines, l'artisanat, un port commercial, une zone franche… Dûment exploitée, cette richesse aurait dû absorber non seulement les jeunes chômeurs mais également toute la main-d'œuvre du Sud tunisien. Un technopôle, à titre d'exemple, s'imposait dans cette ville, depuis belle lurette. Les besoins de Zarzis n'ont jamais été évoqués au plus haut niveau par les représentants de la région. C'est l'une des raisons qui a poussé les jeunes à l'immigration dans des conditions très risquées. Pour ce faire, ils ont obligé leurs familles à vendre quelques pièces d'or à petit prix… C'est vraiment très émouvant de voir ce qui se passe ces derniers jours sur les côtes zarzisiennes. Une marée humaine, sur la plage, en plein hiver. Des cortèges arrivent de partout. Les femmes poussent des youyous. Les vieux accompagnent leurs garçons et des centaines de jeunes, à la fleur de l'âge, impatients de sauter dans une embarcation, pour fuir une ville où «les responsables ne nous écoutaient même pas, nous exploitaient et nous dénonçaient à la police pour n'importe quoi si on ne leur rendait pas service ou on ne leur apportait pas des touristes à leurs bazars», nous dit Sadok avant de monter dans la barque qui l'a emmené au bâteau. Un mouvement migratoire, sans précédent, qui a créé un vent de panique, engendré des débordements et en même temps il a permis à certains bijoutiers et à des marins-passeurs d'en tirer profit.