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Un peu de dignité, Messieurs
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 02 - 2011


Par M.S. MEJRI*
Certains pseudo-journalistes commencent à s'ériger en tribunaux révolutionnaires où ils s'autoproclament juges et bourreaux, refusant aux «condamnés» (d'avance) le droit à la défense, à la différence et même à la parole, et je me demande d'où est-ce qu'ils tiennent leur légitimité, et comment peuvent-ils aussi facilement condamner et enfin quelle cause défendent-ils ?
Sans prétendre m'ériger en censeur, je dis attention aux dérives : elles peuvent mener au pire et causer du tort à notre Révolution si ses protagonistes ignorent leurs limites et le b.a.-ba de leur profession.
Pour le cas d'espèce, je voudrais parler du lynchage médiatique subi par M. Ounaïes, l'ancien ministre des Affaires étrangères. Se peut-il que deux pseudo-journalistes et un saltimbanque se permettent d'invectiver de la sorte un ministre de la République ? Cette tragi-comédie me donne froid au dos. Cette façon d'agir dénuée de professionnalisme, ignorant l'éthique la plus élémentaire, faisant fi de toute déontologie n'honore pas la noble mission du journaliste. Peut-on interviewer un ministre sans aucune préparation préalable : on ignore son nom, son passé, son bagage universitaire, sa formation, sa carrière, son vécu de militant ?
Etait-ce du mépris, de l'amateurisme ou une volonté délibérée d'humiliation ?
Je passe sur les ricanements, les sourires entendus, la somnolence et l'insolence face à un invité de marque et devant les caméras. Cette arrogance et cet amalgame de «fautes» m'interpellent quant à l'avenir. Mais avant de parler d'avenir, on doit parler de passé. Sachez, à ce propos, Messieurs les «journalistes», que ce Monsieur que vous vouliez humilier est un diplomate dont la carrière diplomatique s'étend sur près de quarante ans, qu'il a appris son métier auprès de MM. Mongi Slim, Béji C. Sebsi, H. Bourguiba Jr, T. Sahbani, M. Mestiri dont vous avez peut-être entendu parler ! Professeur de faculté, il a enseigné à la fac et à l'ENA les sciences politiques et les relations internationales.
Penseur engagé et philosophe militant, il a été invité à donner des conférences dans les universités étrangères parmi les plus prestigieuses. C'est un historien (Histoire générale de la Tunisie. Tome IV).
Ce Monsieur est un patriote désintéressé qui a milité depuis les années 60-70 pour la démocratie. Il s'est opposé publiquement (j'en témoigne) à certaines dérives de feu H. Bourguiba Jr, alors tout-puissant MAE de son père, il a connu les affres du frigo pour avoir critiqué des décisions de M. Masmoudi, MAE à l'époque. Ses prises de position contre la dictature et publiées par les journaux de l'opposition lui ont coûté la confiscation de son passeport diplomatique du temps de Ben Ali; au printemps 2010, sa lettre ouverte au même Ben Ali (Cf. El Maoukef) qu'il accusait nommément d'avoir failli à sa parole et aux promesses contenues dans la Charte du 7 novembre lui a valu les affres de la réclusion et des menaces de mort, sans parler de la sauvage agression dont a été victime son épouse suite à un braquage en plein jour. Ses visites, au vu et au su de tous, aux grévistes de la faim (dont M. M.N. Chebbi), et ce, au mépris de sa vie peut-être, de sa liberté sûrement. Qu'il m'excuse d'avance de parler de ces faits, lui dont la modestie et l'engagement sincère empêchent de relater.
Pendant toutes ces années, où étiez-vous Messieurs les donneurs de leçons ? Peut-être à la cellule du RCD du Bardo ? Qu'avez-vous écrit, dit ou fait ? Pendant que siégeait votre «tribunal», vous êtes-vous rendu compte qu'en accaparant la parole, vous avez privé votre «accusé» du temps minimum pour vous répondre ? Combien de fois l'avez-vous interrompu lors de ses prises de parole ? Certes, il a été prolixe, même de trop, lors de ses rares interventions. Peut-on pour autant reprocher à un ancien professeur de trop parler, à un universitaire de ne pas parler la langue de la rue, à un penseur d'utiliser un langage savant, abstrait ? Est-il pour autant condamnable ? Si oui, alors je devrais me poser la question de savoir pourquoi Bouazizi s'est immolé, sinon pour la liberté. A mon humble avis, il l'a fait parce qu'on a porté atteinte à sa dignité. Et vous Messieurs, ne pensez-vous pas qu'en agissant comme vous l'avez fait, vous avez tenté d'humilier votre hôte? La moindre courtoisie aurait été de lui donner la possibilité de s'exprimer librement en lui donnant le temps pour ce faire.
Si notre pays est réputé pour son sens de l'hospitalité et de la courtoisie, alors pourquoi M. Ounaïes n'y a-t-il pas eu droit ? Je laisse le soin à d'autres de juger ce comportement !
Personnellement, je pense que le tort de M. Ounaïes a été de croire qu'il avait en face de lui des professionnels au courant de la diplomatie internationale et de ses contraintes. Un ministre, Messieurs, fait partie d'un gouvernement dont il est solidaire. L'idée que son poste exigeait de lui de choisir soigneusement ses mots ne vous a pas effleuré l'esprit tout comme le fait qu'il y a parfois des sujets délicats qu'on devrait aborder avec circonspection (déontologie, quand tu nous manques…), cela s'appelle du savoir-faire.
Quant à la forme, sachez, Messieurs, qu'inviter et recevoir, c'est tout un art dont l'apprentissage est long, cela s'appelle du savoir-vivre.
Pour conclure, je dirais que notre Révolution n'a pas besoin de «brise» mais de faire bien attention pour que des amateurs, des prétentieux et des juges-bourreaux ne s'introduisent dans certains rouages sensibles et n'y installent une nouvelle forme d'Inquisition.
Quant à vous, mon professeur à l'ENA et mon mentor au MAE, je vous salue bien bas, Maître.
* Ancien diplomate


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