Depuis le 14 janvier 2011, les plaintes contre les abus du clan Trabelsi se comptent par centaines. Si la plupart des membres de la pègre liée à l'ancienne régente de Carthage sont tombés dans le filet de la justice, en revanche plusieurs de leurs pions et de leurs sbires continuent à assurer les affaires des Trabelsi dans l' impunité. C'est le cas de l'affaire «La Renaissance» du côté de La Marsa. Zoom sur un malaise qui perdure jusqu'à nos jours. Tout commence un certain 11 juin 2009 à 13h00. Huit familles occupant un immeuble (rez-de-chaussée + 2 étages) sis au 39 avenue Habib Bourguiba à La Marsa et au 5 rue Mohamed El Aziz Jaïet ont été surpris par la présence d'une grue, de deux camions et d'une trentaine d'ouvriers en train de démolir la clôture externe de la propriété. Selon M. Mohamed Moncef Ben Rhouma, notre informateur, le 11 juin 2009, un certain M. Mohamed Slim Ben Mansour, gérant de la société de Promotion Immobilière «La Renaissance» était sur les lieux en tant que représentant des nouveaux propriétaires du lot «Sophie Marsa» et qui envisagent de construire un nouvel immeuble du nom d'Amira. Les nouveaux propriétaires n'étaient autres que Habib Mzabi, le gendre de Jalila Trabelsi, sa belle-mère et son épouse Amira actuellement en état d'arrestation. Or, les Trabelsi venaient d'acquérir ce terrain qui a été depuis 2001 le sujet d'un litige. En effet, les lots «Sophie Marsa», «Fauvette Marsa» et «Ville Baron Marsa» étaient la propriété de la famille Setbon : Claudine Setbon épouse Khayat, Simone Setbon épouse Soussan et Paul Setbon. Mais le lot «Sophie Marsa» englobant l'immeuble a été vendu deux fois de suite à deux personnes et par deux fois les deux ventes ont été contestées par les habitants vu que la loi leur offre le droit de préemption et de constituer une société dans ce but. Séquestration, insultes et harcèlements Retour sur les faits du 11 juin 2009. Voyant les ouvriers entamer la démolition de la clôture, les habitants de l'immeuble se sont opposés à cette intrusion. M. Mohamed Slim Ben Mansour a fait alors appel aux forces de l'ordre qui ont séquestré dans le poste de la police une quinzaine d' habitants avec, selon le constat du huissier notaire M. Walid Babay, une pluie d'insultes de la part des membres de la police. D'autre part, et toujours selon ce constat, les huit familles ont été victimes plusieurs fois de harcèlements de la part du gérant de la société de Promotion Immobilière «La Renaissance» et de ses hommes. D'autre part, à part la destruction de la portière en fer forgée (une œuvre originale) les travaux de démolition ont touché aussi sévèrement les canalisations de l'eau potable et ont transfiguré le jardin du domaine. Toujours d'après les habitants, ils étaient tout le temps terrorisés. M. Mohamed Moncef Ben Rhouma confirme : «Slim Ben Mansour ne cessait de nous harceler et de nous menacer par les Trabelsi. Il disait qu'il voulait faire de la Marsa la Saint Louis de la Tunisie. Et qu'ils (les Trabelsi) étaient prêts à nous offrir un autre logement du côté de Boumhel. Vous imaginez? On vit depuis toujours à La Marsa et ils veulent nous chasser de nos terres pour réaliser leur projet». Société écran et pratiques hors-la-loi Pis encore, selon des documents fournis par M. Ben Rhouma, plusieurs irrégularités entachent cette affaire. Primo, d'après le registre commercial du 13/12/2002, derrière le nom de la société de promotion immobilière «La Renaissance» domiciliée à : immeuble El Nozha- Appartement A3.5- Avenue du Japon-1002-Monplaisir se cache une autre société du nom «Société Maaroufi de promotion immobilière» Somafi. Secundo, d'après le contrat liant la société «La Renaissance» et l'architecte chargé de construire l'immeuble, le «Maître de l'ouvrage» M. Mohamed Slim Ben Mansour (gérant et directeur général de la société immobilière en question) se propose de construire un immeuble composé d'un rez-de-chaussée, une mezzanine, deux étages et un sous-sol pour le stationnement des véhicules (c'est-à-dire un R+3), sur le terrain libre situé à La Marsa, à l'angle des rues Habib-Bourguiba et Ali-Bach-Hamba. Alors comment peuvent-ils se permettre de construire un R+3 alors que le chapitre II du cahier des charges pour les constructions dans cette zone (Zones d'habitat individuel isolé : UAa1) n'autorise que la construction d'un R+2 ? Tertio, selon le certificat de propriété numéro «55177B», la Banque de Tunisie a octroyé à la société «La Renaissance» deux prêts pour réaliser ce projet : le premier est de 1,920MD (le 22/04/2009) et le deuxième de 2,907 MD (le 21/10/2009). On se pose la question : comment peut-on offrir presque 5 milliards de nos millimes pour garantie au remboursement de ces deux prêts le lot de terrain (acheté à 2 milliards de nos millimes) ? Notons que le chiffre d'affaires de la société immobilière en question est de 300 mille dinars. Enfin, si les propriétaires de ce projet sont en état d'arrestation et si la municipalité a décidé l'arrêt des travaux, la société de promotion immobilière «La Renaissance» s'active pour achever le projet dans les délais et même avant. Selon M. Ben Rhouma, M. Ben Mansour a disparu de la circulation mais le rythme de construction s'est accéléré ces derniers temps. Aux dernières nouvelles et selon l'avocat de M. Ben Rhouma, derrière cette société écran et à part Habib Mzabi, Jalila Trabelsi et sa fille Amira, plane l'ombre de Imed Trabelsi. D'où les différentes entorses signalées ci-dessus. Comme quoi, les pions des Trabelsi sont toujours dans les affaires malgré l'arrestation de leurs boss.