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Un Etat laïque pour éradiquer dictature et intégrisme
OPINIONS
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 02 - 2011


Par Abdessatar Klai*
Un commentaire FB sur l'une des pages d'un ami a attiré mon attention. C'était d'un professeur tunisien, en réponse à quelqu'un qui parlait de la menace intégriste en Tunisie et du choix de garder le pouvoir actuel «Madame ! Richard a raison ! Quelle est l'alternative à proposer ! En Tunisie, il y a une opposition non structurée qui pratique l'amalgame. Pour le moment nous avons une urgence, le social, le politique ça ne s'improvise pas, sinon c'est le basculement salafiste. Le régime a tout intérêt à favoriser une opposition impliquée dans la vie associative, pas une opposition qui pratique le voyeurisme pervers et qui rêve de voir la Tunisie basculer dans le désordre incontrôlé».
D'une certaine façon, les terroristes n'occupent-ils pas déjà le terrain pour ceux rêvant «d'aventure» et de changement ?
Le phénomène terroriste a commencé en Egypte dans les années 1970. Ont suivi une insurrection armée du FIS, l'école de l'Afghanistan — la jeunesse arabe est partie s'y entraîner. Le bilan montre que non seulement les terroristes n'ont pas réussi à faire bouger les choses, mais ont de plus servi d'alibi aux dictatures qu'ils ont permis de renforcer. Les Américains et les Européens avaient commencé à réaliser que ces dictatures étaient responsables à la fois du terrorisme et de l'immigration sauvage.
Les attentats du 11 septembre 2001 sont arrivés et tout le discours démocratique a disparu. Alors que le régime tunisien était aux abois en 2000, il s'est repris et la répression fut terrible. Dans le futur, les terroristes seraient-ils capables de s'organiser ? Je ne pense pas qu'un Mao arrive ! Les terroristes ont une capacité de nuisance importante, mais en fin de compte ils renforcent la dictature et sont incapables de guider ou d'organiser les révolutions.
La fraction armée des islamistes avait renforcé les dictatures en leur donnant une légitimité. La fraction islamiste centriste a accepté de se faire nommer au Parlement au Maroc, en Jordanie, etc. et participe pleinement à la dictature. Les islamistes qui se disent apolitiques et emmènent la population dans les mosquées pour une religiosité de consolation retirent une part des citoyens du combat politique. Le slogan «l'Islam est la solution» se révèle trente ans plus tard parfaitement faux.
En tant que démocrates dans la bataille pour les idées, nous nous battons à la fois contre les dictateurs et contre les islamistes extrémistes. Les deux combats sont un peu différents. Contre la dictature, il est simple et clair, il s'agit de la dénoncer. Le second est bien plus difficile, car il se déroule au niveau des idées.
Nous avons à faire savoir que l'islamisme n'est qu'une fausse alternative, un masque plaqué sur le même squelette autoritaire. Nous devons convaincre notre opinion publique que la démocratie n'est pas une marchandise occidentale, mais une technique ubiquitaire de gouvernement comme l'électricité est une technique ubiquitaire d'énergie.
Comment une dictature opère-t-elle et recourt-elle à de nouvelles techniques de camouflage ? Comment reprend-elle à la fois les mécanismes de la démocratie et son langage, pour devenir encore plus terrible et malsaine ? Voilà une spécificité de ces dictatures par rapport à ce que furent les dictatures en Europe. Hitler n'a en effet jamais assuré soutenir les droits de l'Homme, tandis que les dictateurs du monde arabe s'en déclarent actuellement de fervents défenseurs. Ne pas s'opposer revient à renoncer à la citoyenneté.
Les pays arabes ont connu l'échec du nationalisme, du panarabisme, du socialisme, et affrontent actuellement celui de l'islamisme. Chacune de ces chimères s'est fondée sur le mythe du groupe salvateur.
Le contrôle de la société a également échoué car le parti unique a partout explosé dans le monde arabe. Plus aucun pays ne peut y prétendre. Organiser le faux pluralisme, mais toutes ses structures — partis de faux nationalistes arabes, de faux gauchistes, fausses associations féministes — ont échoué à encadrer la «pluralité dictatoriale».
J'ai du mal à comprendre que malgré 55 ans d'indépendance, un taux de scolarité qui frôle les 99%, une femme libre, des générations parmi les plus éveillées du monde arabe, voire d'Afrique, une ouverture d'esprit exceptionnelle vers le reste du monde, on continue de traiter ce peuple comme un bébé immature.
Le peuple tunisien est mature, adulte et prêt à vivre et à construire une vraie démocratie et sait que l'islamisme n'est pas la solution en regardant l'Algérie voisine et sa guerre civile de 10 ans et le désastre irakien.
La laïcité est une valeur essentielle, avec ce souci de la liberté de conscience et de l'égalité de tous les hommes, qu'ils soient croyants, athées ou agnostiques. L'idéal laïc n'est pas un idéal négatif de ressentiment contre la religion. C'est le plus grand contresens que l'on puisse faire sur la laïcité que d'y voir une sorte d'hostilité de principe à la religion. Mais c'est un idéal positif d'affirmation de la liberté de conscience, de l'égalité des croyants et des athées et de l'idée que la loi républicaine doit viser le bien commun et non pas l'intérêt particulier. C'est ce qu'on appelle le principe de neutralité de la sphère publique
Le turbo capitalisme, dirigé par la droite néolibérale et soutenu par une partie de la gauche, a aujourd'hui deux alliés cosubstantiels contradictoires : le communautarisme et l'intégrisme d'une part et l'ultra-laïcisme raciste de l'autre. Le premier lui permet d'engager le processus de marchandisation des services publics et de la protection sociale par la privatisation des profits et la socialisation des pertes. Pour aboutir in fine à une harmonisation mondialisée par le bas en développant la charité communautariste et intégriste en lieu et place de la solidarité républicaine. Le deuxième lui permet d'alimenter la stratégie du choc des civilisations de Samuel Huttington pour détourner les «belles âmes» du seul chemin émancipateur qui passe par le dépassement du turbo capitalisme.
La priorité reste donc celle du combat pour la globalisation des combats contre la confusion dans les esprits des citoyens, des militants, des élus et des intellectuels.
C'est pour cela que la priorité des citoyens et militants conscients reste l'éducation populaire tournée vers l'action et le débat qu'elle provoque.
Il faut être courageux et clairvoyant pour dire haut et fort que l'unique solution envisageable pour enterrer la dictature et l'intégrisme est la liberté  avec un vrai jeu démocratique laïque. Un état laïc (voir la Turquie d'Atatürk) où la séparation entre l'Etat et la religion doit être réalisée. Ainsi on s'éloigne du jeu malsain «Moi ou le chaos intégriste».
Jacqueline de Romilly écrivait : "Apprendre à penser, à réfléchir, à peser les termes de son discours, à échanger les concepts; à écouter l'autre, c'est être capable de dialoguer, c'est le seul moyen d'endiguer la violence effrayante qui monte autour de nous. La parole est le rempart contre la bestialité ". Voici la feuille de route pour les peuples arabes qui veulent atteindre les rives de la démocratie et de la liberté.
* Ingénieur informaticien, chef département BULL, Paris


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