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« Créer un comité de salut public adossé à l'armée »
M. Ghazi Mabrouk à La Presse
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 02 - 2011

M.Ghazi Mabrouk est docteur en sciences politiques de l'université de Paris et possède plusieurs cordes à son arc.
Il est, entre autres, conseiller spécial de l'Observatoire européen du Maghreb, Euro lobbyiste, spécialiste des fonds souverains, délégué général auprès des institutions internationales, vice-président de l'Alliance économique européenne, ancien président éxécutif de la Convention euroméditerranée sur le libre-échange, ancien vice-président de la Commission Méditerranée au Conseil fédéral européen...
De passage à Tunis, nous l'avons interrogé sur sa perception de la situation actuelle dans notre pays, les acteurs en lice et les perspectives de coopération avec nos partenaires traditionnels. Entretien.
En votre qualité de spécialiste en sciences politiques, considérez-vous la Révolution du 14 janvier 2011 comme une révolution au plein sens du terme ?
Généralement il aurait fallu créer un Comité de salut public adossé à l'armée – qui est légitimiste – dissoudre les deux assemblées et la Constitution et confier à un gouvernement de technocrates l'expédition des affaires courantes. Avec le cafouillage de l'article 56 devenu article 57 — et ce qui s'en est suivi «à l'insu de leur plein gré» — les dirigeants déjà en place ont choisi une toute autre approche. Cela reste en tout cas une vraie Révolution, celle de la dignité et de la Liberté, grâce au sacrifice de centaines de morts et de blessés symbolisés par Bouazizi. C'est même une révolution «2 en 1». Exit le despote et sa mafia et ouverture à des élections libres pour la première fois en cinquante ans. Pour l'anecdote, je n'ai jamais retiré de carte d'électeur sous Bourguiba ni sous Ben Ali, et je viens de m'inscrire à ma municipalité pour en recevoir une. C'est vous dire combien j'ai foi aussi en l'avenir démocratique de notre pays.
L'option de gouvernance transitoire actuelle pourra-t-elle perdurer ?
C'est une «Révolution du Jasmin», comme cela a été dit, c'est-à-dire aux senteurs hilarantes et sans épines. Elle est conforme à la tradition et à la civilisation tunisienne avec le visage paternel avenant d'un Foued Mebazaâ, le côté rassurant et mesuré d'un Mohamed Ghanouchi et l'aspect rigoureux et légitimiste d'un Rachid Ammar.
Est-ce cela qu'attend le peuple, à terme‑? Les élections à venir le diront en toute liberté et en toute démocratie.
Quelle est la corrélation Europe – USA avec cette révolution ?
Les USA et l'Europe, et notamment la France, s'étaient accommodés du régime de Ben Ali jusqu'au jour où il paraissait évident que les problèmes allaient surgir, notamment s'agissant de sa succession. Il était question d'intrigues de palais pour positionner Leïla Trabelsi de manière durable et l'inquiétude des partenaires occidentaux était manifeste. Les USA cherchaient, depuis un moment déjà, le moyen d'éviter la crise à venir et l'occasion leur en a été fournie par le déclenchement de la Révolution populaire après le sacrifice de Bouazizi. Ils se sont donc engouffrés dans la brèche pour jouer le rôle qu'on leur prête. Cela n'a pas été le cas de l'Europe, ni de la France, qui ont continué à imaginer «surfer sur la continuité», en trompe-l'œil. Aujourd'hui ils tentent de rectifier le tir et cela finira par rentrer dans l'ordre, sachant le niveau extrêmement élevé des relations économiques et partenariales de la Tunisie avec l'Europe. Certes les USA feront de grands gestes en matière d'investissements, ce ne sont certes pas de simples «randonneurs», mais des alpinistes chevronnés, mais c'est l'Europe qui restera le partenaire principal de l'économie tunisienne.
Justement, vous avez informé le chef de l'Etat par intérim et le Premier ministre de la nécessité de reprendre en main les relais pro-tunisiens en Europe et en France; sur quelles bases ?
Je leur ai signalé que depuis ce 14 janvier 2011 les réseaux d'influence, d'opinion et les relais médiatiques sur lesquels la Tunisie s'était appuyée en Europe – et notamment en France – sont discrédités. Que la vulgarisation depuis la France, que couvrait l'ambassade auprès de l'Unesco, est désormais inopérante. Je leur ai précisé qu'il serait fâcheux de décrocher en ce moment face au flottement et au vide actuel dans cette région, qui est le principal business-partner de la Tunisie et dont les décideurs économiques et les leaders d'opinion ont besoin d'être rassurés. Je considère que le poste à pourvoir de l'Unesco demeure un pivot pour des actions extraterritoriales immédiates de reprise en main des vecteurs d'image et de messages de la Tunisie en France et en Europe. Ceux-ci devront alors passer par une réactivation restructurée des réseaux et relais, sur des bases adaptées aux données politiques nouvelles pour soutenir le processus électoral futur, prévenir et pallier les carences éventuelles que l'économie tunisienne risquerait de connaître en 2011, en matière de tourisme et d'investissements.
Vous aviez jusque-là parlé de l'UPM — Union pour la Méditerranée — en des termes empreints de scepticisme. Est-ce toujours le cas ?
Aujourd'hui le secrétaire général de l'UPM, le jordanien Ahmad Massa'deh a jeté l'éponge, tandis que l'intérim est assuré par le Secrétaire général italien Lino Cardarelli. La France, qui est le moteur de cette initiative, et est orpheline de la co-présidence égyptienne, regarde du côté du Maghreb pour réinitialiser la fonction. Je pense que la Tunisie libérée est actuellement en mesure de préempter ce secrétariat général. Tout le monde sera d'accord à n'en pas douter — à commencer par Serge Telle qui assure la coordination pour la France — si le gouvernement de transition empruntait cette voie royale qui lui est offerte. A mon sens, il conviendrait de maintenir à l'UPM une coprésidence nord et sud de la Méditerranée mais de créer à ses côtés un «Collège d'Honneur» de hautes personnalités historiques et respectées, de maintenir le secrétariat général pour la gestion de la structure mais de créer la fonction de président-éxécutif plus politique et qui assurera effectivement le travail de relais de la présidence et de supervision stratégique, et enfin, de recentrer provisoirement les projets et actions de l'UPM vers la Méditerranée occidentale, dans un système de «cercles concentriques» adaptable à l'évolution de la situation en Méditerranée orientale. De plus il serait judicieux d'ancrer les projets et financements à l'Euromed, en corrélation avec les missions dévolues par l'Union européenne à cette structure régionale.


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