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Tous les Ben Ali dégageront
OPINIONS
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 03 - 2011


Par Mourad LOUSSAIEF *
La Révolution tunisienne a surpris tout le monde, à commencer par les Tunisiens eux-mêmes. Nul ne l'a prévue et nul ne pouvait honnêtement la prévoir.
Mais si la chute de Ben Ali était imprévisible, celle des autres régimes arabes (et même l'Iran) devient très prévisible et, pour tour dire, quasi certaine.
L'effet détonateur ayant été donné par la Tunisie, le reste se fera tout seul car tous ces régimes ont choisi de se retrouver autour de la dictature, de la répression, de la persécution des citoyens, de la nullité sans nom des discours de leurs dirigeants qui ne les représentent en rien, de l'expropriation de pans entiers de l'économie pour cause d'utilité familiale, bref de tout ce qu'il faut pour se faire rapidement et brutalement évincer.
C'est ainsi qu'au niveau régional, les conséquences de notre révolution ont été et seront d'une importance capitale et inespérée.
Un minimum de connaissance de la nature des régimes arabes permet de prévoir actuellement leur effondrement à court terme les uns après les autres. La guerre du peuple est invincible pour peu qu'elle se mette en marche et puis tous ces régimes sont tellement pourris, tellement iniques, tellement répressifs, tellement usurpateurs de leurs pouvoirs, qu'ils n'ont vraiment aucune chance.
Un château de sable
On peut même avancer leur durée d'agonie, à savoir quelques semaines au plus à compter du début du premier soulèvement réprimé dans le sang. On peut aussi mesurer le laps de contagion. L'Egypte s'est soulevée quelques jours après la chute de Ben Ali, la Libye quelques jours après celle de Moubarak et il est permis de prévoir et d'espérer la chute de Abdallah Salah, quelques jours après la capitulation de Gueddafi…
Dans peu de temps (une ou deux années par exemple), nous serons délivrés de la majorité, voire de la totalité, de ces régimes, et il ne faut surtout pas penser que les pétromonarchies du Golfe, et à leur tête l'Arabie Saoudite, soient en reste. Ces régimes connaîtront, à leur tour, un sort similaire.
Mais qu'espèrent encore ces régimes suceurs de peuples et garants d'une redistribution équitable de la pauvreté ?
Comment peuvent-ils s'accrocher à ce point à un pouvoir si usurpé ?
Ces malades qui continuent à gouverner n'ont pas pensé un instant à donner la liberté de parole à leur peuple, tellement ils savent qu'ils ne valent rien à leurs yeux et qu'ils seront balayés par une éventuelle démocratisation de leur pays.
Examinons leurs réactions pathétiques.
Songer par exemple que le roi Ubu (86 ans) revenant de son voyage de villégiature du Maroc, a accepté dans un geste de générosité incroyable de diminuer son profit personnel des recettes du pétrole (car le pétrole lui appartient en propre) de quelque 35 milliards de dollars (soit 2 fois et demie le budget tunisien), pour résoudre les problèmes de son pays, un pays qui ne souffre aucun parlement ni aucun parti politique ! Ce geste serait sans doute salué par la presse locale, si elle existait.
Voilà comment on traite les revendications de liberté en Arabie.
Des mesurettes mais pas de liberté
Le petit roi de Jordanie en a fait tout autant, les recettes de pétrole en moins. Il a pris des mesurettes comme baisser les prix par-ci (ce qui prouve que c'était possible), ou changer un Premier ministre par-là. Ce nouveau Premier ministre, soit dit en passant, est un ancien général de l'armée et ex-ambassadeur en Israël qui a déjà dirigé le gouvernement entre 2005 et 2007 ! Autant dire qu'on se fout carrément du peuple avec cette nomination plus que provocatrice. De toutes les façons, le roi a omis l'essentiel : la liberté.
Il n'a pas compris le message pourtant on ne peut plus clair que lui ont envoyé pour la première fois quelques tribus locales, pour dénoncer la mainmise sur les terres et sur l'économie du pays par la famille régnante. Pour toute réponse indigente, il a menacé de les poursuivre en justice. Il a oublié qu'il n'a justement pas de justice.
Le grand Bouteflika a, lui, préféré la police, toute la police et rien que la police. Pour rester au pouvoir jusqu'à la mort, ce qui est pour lui le bonheur absolu que nous autres du peuple nous ne pouvons pas comprendre, il applique l'opération arithmétique suivante : si les manifestants sont une dizaine, il faut mobiliser plusieurs centaines de policiers et procéder autant que faire se peut à l'arrestation de tous. Si les manifestants se comptent par centaines, il faut recourir à plusieurs milliers de policiers et s'ils arrivent à être un millier ou plus, les flics doivent se compter par plusieurs dizaines de milliers. Il ne faut pas lésiner sur les flics. Tout cela sans compter naturellement les civils et les multiples barrages savants pour empêcher les manifestants de se rassembler.
Corruption effréné
La corruption effrénée, le chômage record, la pauvreté métastatique, son propre cancer, le détournement colossal des recettes gigantesques du pétrole et surtout du gaz, tout ça doit se gérer par cette réponse indigente et dérisoire et accessoirement par l'annulation de l'état d'urgence ou d'une hausse malvenue du prix des denrées de base. Lui qui connaît un peu plus l'histoire de son pays que son ex-homologue tunisien ne connaissait la sienne ne voit même pas combien de millions d'Algériens ont déjà donné leurs vies, pour obtenir l'indépendance et de quel bois ils se chauffent pour le chasser.
Pour le régime syrien conduit par un ophtalmo malvoyant des malheurs de son peuple et qui n'a vraiment rien à envier à la Corée du Nord en matière de libertés, la réponse est la même. Le ministère de l'Intérieur n'a jamais été aussi important. Ce tyran, fils de tyran, a proposé l'approche suivante : couper carrément internet sur tout le territoire, infiltrer plus que jamais le peuple et les éventuels traîtres à la nation qui voudraient manifester un quelconque mécontentement et proclamer haut et fort et sans rire que son régime est démocratique et loin de tout danger.
C'est vrai qu'il a une tradition totalitaire de père en fils à respecter et à faire respecter. Pour le Bahreïn qui peut se targuer d'avoir un Premier ministre emphytéotique puisqu'il est là depuis plus de trente ans (eh oui, ça existe) et qu'il est de surcroît l'oncle richissime du roi richissime, on n'a pas failli à la mission sacrée de tuer les manifestants pacifiques.
Répression et démagogie
On a tergiversé entre répression et démagogie.
On a sorti l'armée se promener pour faire quelques morts puis rentrer vite fait dans ses bases, on a libéré des prisonniers politiques qu'on disait il n'y a pas si longtemps inexistants, brandi la menace de la dislocation rituelle de la nation (il y a une majorité chi'ite) et remplacé ridiculement un ministre par un autre. Pour les pécules distribués au peuple en guise de cadeau de consolation, on n'a pas non plus failli à la règle. Mais la démocratisation dans tout ça demeure étrangère à son altesse, qui ne peut même pas, histoire d'endormir le peuple, promettre de ne pas se représenter, faute de scrutins.
Pour le Yémen, le président est également durable. Voilà plus de trente ans qu'il gouverne avec abnégation et bravoure son pays. Toutefois, sentant le danger approcher, il a commencé par promettre de ne pas se représenter. C'est vrai que c'est un grand geste de ne pas briguer un troisième mandat de 7 ans et ça résoudra tout le problème de la démocratie… Puis il a martelé que le changement ne doit pas se faire dans la violence qui n'est permise qu'à lui pour réprimer les manifestants pacifiques. Résultat, il y a des dizaines de morts et le peuple yéménite ne baissera jamais les bras jusqu'à son abdication.
Pour la Libye voisine, le scénario est carrément tragi-comique. Gueddafi a battu tous les records de longévité (42 ans) et d'ineptie. Avec lui, on peut vraiment regretter que le ridicule ne tue pas.
Ses discours interminables, sa voix sourde et monotone censée égrener les vérités premières, ses tenues grotesques, sa tente démagogique équipée d'un chasse-mouches révolutionnaire du pur terroir, ses analyses politiques burlesques, tout ça il faut vraiment le voir pour le croire. Son dernier discours télévisé laisse sans voix.
Récit délirant
En plus du lieu délabré ridiculement choisi, de la main serrant un chasseur américain imposé toutes les 5 ou 10 minutes aux yeux du pauvre spectateur arabe, de l'étrange Gueddafi-mobile de laquelle il surgit la première fois sous un parapluie dans une voie de garage… en plus de tout ça, il fallait subir pendant plus d'une heure le récit délirant de sa carrière politique, les insupportables remontrances faites aux manifestants qualifiés de rats et le futur bain de sang qui leur était promis.
Ce fou à lier a maintenu délibérément son peuple dans l'ignorance. Il a fait déferler sur le pays sa horde de rejetons à l'appétit vorace et aux multiples frasques qui ont humilié les Libyens.
Il a humilié les Tunisiens en nous souhaitant le retour salvateur de l'irremplaçable Ben Ali. Il a fait subir à son pays un embargo inutile pour après lécher les bottes de ses ennemis. Et comme tout cela ne suffisait pas, il a choisi de bombarder ses propres citoyens et d'infester le pays de mercenaires.
La Libye paiera sans doute le plus lourd tribut parmi les pays arabes, pour gagner le billet d'entrée dans le cercle des démocraties.
Quant au Maroc, son roi, qui aime sans le dire être déifié, ne tardera pas à subir le même sort. Il y a déjà eu 5 morts dans ce pays et même s'ils ne semblent pas l'avoir été par les balles de la police, cela donne une idée sur l'état d'esprit de la population excédée.
A Oman, le sultan est là depuis 41 ans. Lui aussi a pris ses mesurettes. Lui aussi a tiré sur des manifestants pacifiques. Lui aussi dégagera.
C'est déjà une démocratie
En revanche, certains pays pourraient échapper à la contagion pour diverses raisons. La Turquie est par exemple déjà une démocratie.
L'Irak est malheureusement un cas à part en ce sens qu'on ne peut même pas parler d'un Etat mais de miettes d'Etat, disloqué, désuni et affamé par les Américains. Nul doute en tout cas que la tête brûlée Saddam aurait, s'il était encore là, été balayé par ce mouvement et nul doute qu'il aurait dépassé Gueddafi en matière de bain de sang. Il en est de même de la Somalie.
Pour ce qui est du Qatar, des EAU et du Koweït, on peut de prime abord hésiter car la population locale est si peu nombreuse et si riche, mais le mot liberté est toujours exclu de leur lexique et cela peut suffire à les faire dégringoler.
D'ailleurs à l'heure où nous écrivions ces lignes, le Koweït commence à bouger et l'Emir du Qatar commence à faire des gesticulations politiques. Il est à noter que cet émir, qui a lancé Al Jazeera, a bénéficié du silence absolu de cette chaîne par rapport à son Etat. Cela suffit à donner une idée sur la fermeture de son régime à toute critique.
On peut donc retenir en fin d'analyse que la Révolution de la Tunisie a provoqué et provoquera la chute sinon de la totalité des régimes arabes, en tout cas de leur majorité. Mais ce n'est pas tout.
Il faut après se tourner vers les autres dictatures dans le monde, pour constater avec fierté et étonnement que cet appel de la liberté tunisien ne semble pas contaminer seulement les voisins.
Sans être prétentieux ni chauvin, on peut dire que la Tunisie a montré et montrera le chemin aux peuples arabes pour accélérer la chute des dictatures restantes.
* Avocat


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