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« L'aéroport de Monastir ne fermera pas »
Interview - Dr Mustafa Sani Sener, président du directoire du holding TAV Airports
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 03 - 2011

Le serpent de mer alimente de nouveaux les débats sur une éventuelle fermeture de l'aéroport international Habib-Bourguiba à Monastir. Contacté à Berlin en marge de la 45e édition du Salon international du tourisme ITB, le P.-d.g de TAV Holding, qui travaillait déjà d'arrache-pied pour la promotion des deux sites aéroportuaires qu'il exploite en Tunisie, tombait des nues devant une telle idée saugrenue. En effet, l'opérateur qui dément catégoriquement cette information, explique qu'il est d'abord tenu légalement de respecter à la lettre les termes de la convention de concession signée avec le gouvernement et qui exige le maintien en activité de cet aéroport. Interview.
Pourquoi est-ce que l'aéroport d'Enfidha ne parvient pas encore à décoller ?
Sous l'ancien régime, les autorités ne semblaient pas très enthousiastes à l'idée d'un transfert partiel de l'activité de l'aéroport de Monastir ou d'autres aéroports à celui d'Enfidha. Tunisair n'est pas venue, Nouvelair non plus. Pourtant, nous avons recruté le personnel nécessaire pour faire fonctionner l'aéroport d'Enfidha. Pour avoir des revenus, il faut trouver suffisamment de passagers. Pour faire venir les passagers, il faut faire venir les compagnies aériennes. Certes, Tunisair arrive lentement sur le site mais Nouvelair n'est pas très chaude à l'idée d'opérer à partir de cet aéroport. Sous l'ancien régime, les choses étaient très compliquées et il n'y avait pas une volonté réelle pour faire fonctionner à plein régime cet aéroport. D'ailleurs, il n'a jamais été inauguré.
Avez-vous soulevé ce point lors de votre rencontre aujourd'hui avec le ministre du Commerce et du Tourisme ?
Tout à fait. Je l'ai mentionné au ministre du Commerce et du Tourisme lors de notre rencontre et je l'ai également évoqué avec le ministre du Transport et de l'Equipement lors de ma dernière visite en Tunisie. Ils sont très enthousiastes à l'idée d'une cérémonie d'inauguration de cet aéroport qu'ils considèrent comme un joyau de l'infrastructure aéroportuaire non seulement pour la Tunisie mais aussi pour l'Afrique.
Avant la révolution, quand nous avons terminé la construction de l'aéroport, nous avons demandé au gouvernement de l'ancien régime d'inaugurer l'aéroport. Ils n'ont jamais accepté de le faire. Et cela nous a empêché d'annoncer au monde entier l'entrée en exploitation de cet aéroport. Même l'ambassade de turquie avait exprimé à la présidence tunisienne le souhait du président turc de faire partie de la cérémonie d'inauguration. Mais ils ont refusé quand même.
Comptez-vous parmi vos actionnaires des membres des clans de l'ancien régime ? Ont-ils des intérêts particuliers avec la TAV ?
Nous ne comptons aucun actionnaire ayant des liens de parenté avec les familles de l'ancien régime. Nous sommes une société cotée en Bourse et n'importe qui peut consulter la liste de nos actionnaires à la Bourse d'Istanbul. Le capital de TAV Tunisie est détenu à 67% par TAV Holding, à 15% par l'IFC et à 18% par le Fonds panafricain pour le développement de l'infrastructure.
Des bruits courent quant à l'intention de TAV Tunisie de détourner le trafic de l'aéroport international de Monastir sur Enfidha. Envisagez-vous la fermeture de l'aéroport de Monastir ?
Non. Ce n'est pas vrai et ce n'est pas du tout le cas. Nous avons investi dans l'aéroport d'Enfidha et nous avons également investi dans la rénovation et la modernisation de l'aéroport de Monastir. Cependant, la capacité de l'aéroport de Monastir est de 1,5 million de passagers. Par le passé, on a forcé cette capacité pour arriver à 4 millions de passagers. Résultats des courses : promiscuité, de longues files d'attente, perte de bagages et des passagers mécontents à cause de la mauvaise qualité de services. C'est un aéroport qui fonctionne bien mais on ne peut pas y opérer une extension et c'est là un autre problème. De plus, le nombre élevé d'avions au décollage et à l'atterrissage à l'aéroport de Monastir est à l'origine d'une pollution sonore qui perturbe la quiétude aussi bien des touristes que des riverains.
Mais pour revenir à nos propos, on est venu en Tunisie et on a investi pendant la crise financière 550 millions d'euros et nous employons aujourd'hui à peu près mille employés tunisiens et seulement trente employés turcs. C'est un très bon exemple pour tous les investisseurs étrangers. Mais aujourd'hui que se passe t-il ? Quelques employés, une poignée en tout, qui viennent commettre des actes de vandalisme à l'aéroport, qui ôtent les fanions de TAV Tunisie et cassent des vitres. Ce genre d'actes, bien qu'ils soient isolés, me chagrinent en tant qu'investisseur étranger très attaché à la Tunisie. Nous nous considérons comme une société tunisienne. Il ne faut pas oublier que les aéroports sont la vitrine du pays : la première impression du voyageur c'est à l'aéroport et sa dernière impression également à l'aéroport. Et la Tunisie est en droit de s'enorgueillir d'avoir des aéroports comme celui d'Enfidha. La Tunisie comme tous les autres pays ont besoin d'IDE et d'ouverture sur le monde. Et c'est pour cela qu'il y a eu cette magnifique révolution en Tunisie, pour justement ouvrir le pays sur le monde. Et après cette révolution, les investisseurs veulent venir au pays et il y aura un effet d'entraînement pour attirer d'autres investisseurs. Il ne faut pas oublier que chaque million supplémentaire de passagers génère mille emplois directs et deux mille emplois indirects.
Je peux vous assurer que Monastir ne fermera pas. De toute façon, en vertu de la convention de concession qui nous lie à l'Etat tunisien, nous sommes tenus de garder un trafic minimum d'un million et demi à Monastir. D'ailleurs à l'ITB, comme vous le voyez, on fait la promotion de l'aéroport de Monastir tout comme on fait celle d'Enfidha. Ceci dit, on ne fait pas uniquement la promotion de TAV mais on fait la promotion de la Tunisie.
Avez-vous atteint vos objectifs assignés à la première décennie de la création de TAV Holding ?
Oui. Nous avons prévu la construction d'un aéroport par an et nous sommes actuellement à dix aéroports dans le monde.
Quels sont vos objectifs pour 2020 ?
Actuellement nous traitons 47 millions passagers par an et notre objectif est d'arriver à 100 millions de passagers en 2020.
Comment comptez-vous y arriver et quel rôle pourrait jouer l'aéroport d'Enfidha pour atteindre un tel objectif ?
La capacité de l'aéroport d'Enfidha actuellement est de 7 millions de passagers. Quand nous atteindrons le volume de sept millions de passagers, nous comptons entamer la construction d' une deuxième tranche pour porter la capacité de l'aéroport à 22 millions passagers par an.
Avez-vous atteint vos objectifs à l'aéroport d'Enfidha ?
Nous n'avons pas atteint nos objectifs en Tunisie car l'année 2009, année de l'ouverture de l'aéroport, était une année de crise et parce que l'ancien gouvernement avait compliqué les choses. Maintenant, après la révolution, mes contacts avec les nouveaux membres du gouvernement sont rassurants et ils m'ont assuré qu'ils étaient prêts à nous aider pour atteindre nos objectifs.
Vous avez accueilli la réunion de l'Iata à Istanbul. Quels sont les problèmes dont vous avez débattu ?
Le problème principal dont on avait parlé était celui qui a porté sur le congestionnement des aéroports et comment y remédier. Dans l'industrie aéronautique, il y a trois secteurs : la construction, les compagnies aériennes et l'exploitation des aéroports. Les deux premiers sont privés et ont pu développer leurs activités d'une façon remarquable. Cependant, les aéroports qui sont encore sous le régime des autorités publiques, n'ont pas pu se développer au même rythme. En Turquie, la privatisation des aéroports a commencé en 2000 (Ndlr‑: 7 aéroports dont 4 gérés par TAV). Avant la privatisation, le nombre de passagers dans ces aéroports était de 33 millions.
Après la privatisation, le nombre de passagers a atteint, en 2010, 102 millions de passagers. Je crois qu'en Tunisie, avec ce nouvel aéroport, l'on se dirige vers le développement de cette activité et de celle du tourisme.
Comment voyez-vous l'avenir de l'activité des aéroports ?
Dans le monde, il y a maintenant 22.000 avions qui transportent 4,7 billions de passagers par an. Les constructeurs Boeing et Airbus estiment qu'en 2025, il y aura 40.000 appareils et que l'on passera alors à 10 billions de passagers par an. Donc, les constructeurs sont prêts, les compagnies aériennes sont prêtes tandis que les aéroports ne sont pas encore prêts. De ce fait, la Tunisie, en engageant la privatisation de ce secteur, a réussi à s'offrir un joyau comme l'aéroport d'Enfidha et à moderniser son infrastructure aéroportuaire sans avoir à investir un seul euro du budget de l'Etat. L'avenir est à la privatisation de ce secteur dans le monde.
Que pensez-vous de la Révolution tunisienne ?
Dans le monde islamique, il y a deux modèles laïques, à savoir la Tunisie et la Turquie. Mais aussi nous sommes fiers des liens historiques qui nous lient et très fiers que la révolution qui a soufflé un vent de liberté sur le monde islamique et arabe soit tunisienne.


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