Interrogé sur ses audiences avec plusieurs responsables, le ministre du Commerce et du Tourisme a souligné qu'il a eu des entretiens avec les responsables politiques allemands. «Le premier avec le secrétaire d'Etat allemand à qui j'ai demandé de faire les efforts nécessaires pour que le ministère des Affaires étrangères allemand enlève l'ensemble des restrictions aux voyages sur l'ensemble du pays parce qu' aujourd'hui la sécurité est garantie partout en Tunisie et il m'a dit qu'il le ferait. Je l'ai également invité à venir en Tunisie me voir avant la fin du mois parce que c'est la meilleure façon de montrer aux Allemands que la situation est sécurisée». Interpellé sur l'image de la Tunisie après la révolution, M.Haouas a affirmé qu'il a «surtout pris conscience que l'image de la Tunisie actuelle est un peu brouillée par les différentes images que l'on voit de manière continue par ce qui se passe en Libye, ce qui se passe en Egypte ou au Yémen, parce que nous avons eu la générosité d'avoir non seulement exporté notre révolution mais aussi nos slogans et notre drapeau. Ce qui fait que de temps en temps on voit les images au Yémen avec un ‘‘Dégage'' et un drapeau tunisien qui troublent un peu la quiétude de la situation en Tunisie. Et ça, ça ressort aussi auprès des tour-opérateurs qui ont besoin maintenant d'une vraie relance marketing plus forte et auxquels j'ai dit que si on avait un peu ralenti le processus de communication et la relance de la campagne c'était justement pour laisser cette situation s'éclaircir et enlever un peu le brouillage». Sur un autre plan, le ministre a révélé qu'il a eu «beaucoup de messages de soutien et de sympathie ne serait-ce qu'au niveau de la cérémonie d'ouverture et d'inauguration. Elle est sous l'égide de la Pologne, mais l'ensemble des speakers a réellement rendu un grand hommage aux deux pays qui ont aujourd'hui réussi la première phase de la révolution : la Tunisie et l'Egypte et on sent un grand élan de sympathie. ça, au niveau de l'organisation. On sent aussi cet élan de sympathie au niveau des TO qui relâchent un peu la pression. Quand ils sont venus nous voir en Tunisie, c'est vrai qu'ils ont fait beaucoup de pression pour qu'on débloque pas mal de budget marketing et pour que l'on fasse comme en Egypte, le sponsoring de l'aérien. Ce qui ne me semble pas aujourd'hui une bonne chose. Et c'est un axe sur lequel je résiste encore un petit peu. On sent aussi une inquiétude sur la situation sécuritaire en Tunisie. Car les images qui sont dans les mémoires ou dans l'inconscient des clients ce sont celles véhiculées il y a une quinzaine de jours.» Cependant, le ministre ne cache pas sa détermination à changer autant que possible l'image du pays. «Il faut qu'on fasse l'effort commun de montrer le nouveau visage de la Tunisie, une Tunisie vraie et une Tunisie qui ne ment pas». Quant à la participation des professionnels tunisiens au salon de l'ITB, le ministre a indiqué qu' ils «sont venus en masse». «Maintenant, est-ce qu'on peut mesurer l'efficacité de leur action tout de suite, je ne sais pas. De toute façon, il fallait assurer une présence, ils l'ont faite. Il fallait montrer que nos infrastructures hôtelières n'ont pas été touchées pendant la révolution, ils l'ont fait. Il fallait rassurer les professionnels du secteur touristique qu'on était en capacité d'accueillir leurs clients, cela a été fait. Il y a eu de gros débats sur l'aérien et je pense que les réponses ont été apportées par les équipes de Tunisair. Ces réponses m'ont convaincu et j'ose espérer qu'elles auront pu con-vaincre aussi les partenaires étrangers», a affirmé M.Haouas. Peut-il évaluer la participation tunisienne? «C'est mon premier salon, je ne peux pas comparer avec ce qui se faisait auparavant. Néanmoins, si je devais faire une remarque dans l'absolu, je dirais qu'on a fait le maximum avec les moyens du bord.» Et que «je suis persuadé que l'année prochaine on fera mieux. Mais j'ai vu des gens motivés, disponibles». Les choses sont-elles faciles pour lui? «Dans un contexte difficile, les questions qu'on nous pose sont toujours des questions à contre-courant. Quand la sécurité va bien, on nous ressort l'humanitaire à la frontière, tandis qu'on est capable de faire les deux, on nous dit: est-ce que les flux humanitaires à Djerba ne vont pas polluer le tourisme. Donc, on est toujours dans un contexte compliqué et il va falloir qu'on continue à redoubler d'efforts», rétorque-t-il. Cela dit, peut-on sauver la saison ? Le ministre est clair sur ce point : «On ne va pas sauver la saison. Ce n'est pas possible. 2011 va être difficile pour tout le monde. Mais il faut qu'on fasse le maximum parce qu'il y a beaucoup de gens qui vivent de ce tourisme.Et le tourisme c'est aussi la vitrine visible du pays. Un hôtel qui est fermé et qui ne marche pas c'est tout un écosystème en berne. Un hôtel qui vit avec un tourisme conséquent c'est tout un écosystème qui s'épanouit et ça c'est notre responsabilité à tous». Comment compte-t-il faire ? «Nous allons lancer rapidement une campagne marketing destinée aux consommateurs finaux». Pour les TO, «on ne sera pas dans une configuration win-win, être dans une configuration lost-lost ce n'est pas bien, par contre, on peut se placer dans une configuration «invest-invest» et préparer 2012, 2013, 2014. Et si on se met dans cet état d'esprit, il faut que les efforts soient communs. Je pense que ce message est passé vers les opérateurs allemands», a-t-il conclu.