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Lettre ouverte à Hillary Clinton
OPINIONS
Publié dans La Presse de Tunisie le 17 - 03 - 2011


Par Hédi GUELLA *
Madame la secrétaire d'Etat,
Vous êtes en visite dans notre pays, qui vient d'opérer un changement historique dans ses choix de gestion de nos affaires et – par une option déterminée et sans retour possible – pour l'exercice d'une démocratie qui aura la forme, la stratégie et les institutions que nous désigneront notre réalité propre et la volonté de notre peuple souverain.
Il est vrai qu'il n'y a pas eu d'expérience républicaine démocratique dans notre pays, mais le Saint Coran nous indiquait déjà, il y a plus 1.400 ans : «Et leurs affaires feront l'objet de consultation entre eux».
Vous êtes, Madame, l'émissaire du pays le plus puissant de la planète, le même pays dont le Congrès a rendu hommage, par une ovation de tous ses membres, au courage et à la victoire du peuple tunisien… nous en sommes reconnaissants.
C'est donc au titre de cet hommage et dans son sillage que nous percevons votre visite.
Nous savons que les USA, par un certain nombre d'agences et d'institutions spécialisées dans le renseignement, sont extrêmement attentifs à tout ce qui se passe dans le monde, même aux événements qui échappent à toute prévision – comme les soulèvements révolutionnaires des peuples tunisien, égyptien, libyen et bahreïni.
Nous savons également que votre gouvernement inscrit toutes ses démarches dans le moyen et le long terme.
Nous avons vu les USA s'impliquer dans des conflits dans lesquels il n'a pas toujours été facile d'imposer la vision, les plans, les modèles et autres planifications américains. Et nous considérons la situation en Irak occupé comme une profonde plaie dans le corps de notre monde arabe.
Nous avons vu tant et tant de chefs d'Etat opprimer leurs peuples et écraser toute velléité de liberté en sachant qu'ils pouvaient compter sur l'appui du gouvernement américain.
Nous avons vu et voyons encore des Etats hors-la-loi (internationale) qui font fi des résolutions de l'ONU et qui continuent de bénéficier du soutien et du véto des USA et d'autres grands de ce monde : ainsi Israël, Etat constitué sur la base du mensonge historique, Etat agresseur, Etat oppresseur du peuple palestinien et planificateur de la subversion et de la déstabilisation au Moyen-Orient et ailleurs, enfin Etat qui donne chaque jour la preuve qu'il ne veut pas la paix et, tel les parasites, ne peut survivre qu'en détruisant autour de soi.
Quant à notre peuple et notre pays, tous deux portent haut un étendard sur lequel brillent ces vers de notre poète national Aboul Kacem Al Chebbi:
«Si le peuple un jour veut la vie
Force est au destin d'y répondre
La nuit finira par se dissiper
Et les chaînes par se briser».
Le peuple tunisien a démis un dictateur qui avait bénéficié de bien des complicités extérieures. Cette décision du peuple s'est appuyée sur une démarche fondamentale : les manifestations pacifiques. Il a gagné.
Mahatma Ghandi n'a-t-il pas bien indiqué : «Non-violence is the greatest force at the disposal of mankind. It is mightier than the mightiest weapon of destruction devised by the ingenuity of man». («La non-violence est la plus grande force qui soit à la disposition de l'humanité. Elle est plus puissante que l'arme de destruction la plus puissante jamais conçue par l'ingéniosité de l'homme»).
Le peuple égyptien aussi.
Ce n'est pas le cas pour nos frères de Libye qui combattent un dictateur sanguinaire doublé d'un schizo-paranoïaque sans foi ni loi. Le peuple libyen vaincra et l'histoire jugera tous ceux qui ont accordé soutien et complicité à l'assassin Kadhafi.
Ecoutons à nouveau Mahatma Ghandi – la «Grande Âme» : «What difference does it make to the dead, the orphans, and the homeless, whether the mad destruction is wrought under the name of totalitarianism or the holy name of liberty or democracy?» («Quelle serait la différence pour les morts, les orphelins et les sans-abris, que la folle destruction soit commise au nom du totalitarisme ou du nom sacro-saint de liberté ou de démocratie ? »
Le monde, Madame, est ainsi fait qu'une guerre démesurée a été imposée à l'Irak suite à l'intervention de celui-ci au Koweït … alors que les grands de ce monde se taisent devant l'entrée  de 1.000 soldats saoudiens dans Bahreïn où le peuple revendique des droits légitimes… N'est-ce pas là une honte pour toute l'humanité ?
Pourtant, au 19e siècle, votre grand président Thomas Jefferson disait : «Conquest is not in our principles. It is inconsistent with our government». («La conquête ne fait pas partie de nos principes. Elle est antinomique avec notre (système de) gouvernement».
Thomas Jefferson a également affirmé cette vérité rigoureusement applicable à notre pays et aux pays arabes : «The genius of the United States is not best or most in its executives or legislatures, nor in its ambassadors or authors or colleges, or churches, or parlors, nor even in its newspapers or inventors, but always most in the common people». («Le génie des Etats-Unis ne s'affiche pas au mieux et de la manière la plus prononcée par ses hauts responsables ou ses législatures, ni par ses ambassadeurs, auteurs ou ses facultés, ni encore par ses journaux et inventeurs, mais toujours et essentiellement par les gens ordinaires»).
D'où la souveraineté des peuples.
Ce même grand homme d'Etat déclarait : «Peace and friendship with all mankind is our wisest policy, and I wish we may be permitted to pursue it». («Paix et amitié avec l'ensemble de l'humanité est notre politique la plus sage et j'espère que l'on nous permettra de la poursuivre»).
Madame la secrétaire d'Etat,
Notre peuple a vaincu le colonialisme français, a une longue tradition de luttes populaires et démocratiques et a donné de grands noms qui ont contribué à l'enrichissement de la culture arabe et universelle.
Il refuse ceux, dénoncés par le grand chef sioux Sitting Bull, qui veulent porter atteinte à sa souveraineté, son indépendance, son autodétermination et ses richesses.
Les voici, décrits par le grand chef indien : «Regardez mes frères, le printemps est venu, la terre a reçu les baisers du soleil et nous verrons bientôt les fruits de cet amour. Chaque graine est éveillée, et de même, tout animal est en vie. C'est à ce pouvoir mystérieux que nous devons nous aussi notre existence. C'est pourquoi nous concédons à nos voisins, même nos voisins animaux, autant de droit qu'à nous d'habiter cette terre. Cependant écoutez-moi mes frères, nous devons maintenant compter avec une autre race, petite et faible quand nos pères l'ont rencontrée pour la première fois, mais aujourd'hui, elle est devenue tyrannique. 
Fort étrangement, ils ont dans l'esprit la volonté de cultiver le sol, et l'amour de posséder est chez eux une maladie. Ce peuple a fait des lois que les riches peuvent briser mais non les pauvres. Ils prélèvent des taxes sur les pauvres et les faibles pour entretenir les riches qui gouvernent. Ils revendiquent notre mère à tous, la terre, pour eux seuls et ils se barricadent contre leurs voisins. Ils défigurent la terre avec leurs constructions et leurs rebuts. Cette nation est comme le torrent de neige fondue qui sort de son lit et détruit tout sur son passage».
Notre peuple veut l'amitié, les rapports égaux dénudés de tout désir de domination ou de paternalisme. Il veut un commerce équitable avec l'ensemble des pays du monde – y compris les plus puissants. Il veut faire vivre sa culture millénaire et ne jamais se soumettre à un quelconque modèle de culture extérieur, même s'il a toujours été ouvert à tous les autres peuples. C'est ce que veulent aussi notre gouvernement actuel et le gouvernement à venir.
Ces quelques impressions, je vous les adresse, Madame, avec dans l'esprit le souvenir immortel des 300 martyrs de notre révolution que nous devons honorer sans relâche par l'application de ces principes et en allant de l'avant.
En 1915 mourait un chanteur engagé américain – Joe Hill – membre du syndicat IWW (Travailleurs industriels du monde) et la merveilleuse chanteuse américaine Joan Baez chante encore :
«I dreamt I saw Joe Hill last night
Alive as you and me
Says I ‘but Joe, you're ten years dead'
‘I never died' said he»
«J'ai vu en rêve Joe Hill cette nuit
Vivant comme vous et moi
Je dis ‘mais Joe tu es mort depuis dix ans'
‘Jamais je ne mourus' répondit-il».
(Auteur-compositeur-chanteur, traducteur-interprète)


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