Mustapha Baazaoui, diplômé de l'Institut des techniciens de banque de Paris, a cherché à contribuer à sa manière à la réussite et la préservation de la révolution tunisienne, en mettant en place un projet bien réfléchi pour garantir un développement significatif, équitable et durable au niveau des régions. Il estime à cet effet que «ce projet est une idée qui doit être mise en place pour le développement des régions défavorisées dans le cadre d'une vision futuriste qui garantit, entre autres, un financement durable et des rentrées liquides capables de maintenir un rythme de croissance soutenue et l'abandon du recours à l'endettement pour le financement du développement». Sa principale vocation «est de cibler les régions les plus défavorisées par ordre de besoins et d'assurer le financement, en premier lieu, des infrastructures de base pour améliorer la qualité de vie des gens et de jouer, par conséquent, le rôle de wagon d'entraînement pour le développement économique et social de ces régions par les effets collatéraux que va engendrer cette dynamique de croissance durable. Sa répercussion est directe sur l'amélioration de la qualité de vie des gens ainsi que sur l'emploi, les revenus, et les mouvements d'exode internes ou d'immigration». Il demeure entendu, nuance notre expert «que les programmes de développement habituels de l'Etat et les budgets alloués y afférents doivent se maintenir dans les mêmes proportions qu'auparavant. Toutefois, ce projet peut s'inscrire comme moteur complémentaire de ces programmes et ne peut en aucun cas se substituer à la volonté politique indispensable pour faire sortir ces régions des conditions indécentes de la vie humaine et diminuer le plus possible les écarts interrégionaux de notre pays». Il précise à cet effet que «ce projet tire sa pertinence du fait que la richesse de la Tunisie est à tous les Tunisiens, et que le déséquilibre et les torsions des rythmes de croissance entre les régions sont le résultat d'une politique malveillante pour justement perdurer les inégalités. La richesse nationale doit être partagée par tous les citoyens non pas sur la base des priorités de développement ou de la croissance fixés par les commis de l'Etat ou en réponse à une demande étrangère, mais sur la base des besoins réels et justifiés de la population. Le revenu national et la richesse nationale, doivent être équitablement répartis entre les citoyens par priorité de nécessités et de besoin et non par priorité sectorielle, régionale ou par ordre d'importance d'objectifs macroéconomiques à l'échelle nationale». Si, par exemple, l'Etat envisage «de développer un secteur plutôt qu'un autre ou favoriser une activité par rapport à une autre ou créer un nouveau créneau de croissance, il n'a qu'à allouer les ressources appropriées ne touchant guère les acquis sociaux et n'affectant pas le panier des gens ni la dégradation de leur qualité de vie». Il reconnaît justement que «la logique de l'attentisme et le report de développement régional pour cause de priorité nationale n'ont jamais été défendus que par les régimes totalitaires et les lobbys qui fuient leurs responsabilités d'assumer les fonctions qui sont les leurs et prendre en main la fonction suprême : celle de gouverner un peuple». L'expert soutient que «si le capitalisme repose sur la logique du profit, de l'exploitation et de la répartition inégale du produit national, il tient compte toujours dans ses analyses de la fonction de la demande, par conséquent de la consommation». Et sans un revenu convenable et un pouvoir d'achat décent «on ne peut pas parler de fonction de production ni d'investissement ni d'emploi. Toutefois, nos modèles économiques de l'après-indépendance sont d'une telle particularité qu'ils ne répondent à aucune analyse théorique. Tout simplement parce qu'ils sont un assemblage de tous types. Ce sont des économies informelles mises dans une apparence de modèle ou de systèmes plutôt que des modèles proprement économiques vus dans leurs ensembles. L'absence et la fiabilité de l'information économique sont parmi les caractéristiques de notre économie, mis à part certains secteurs ou branches d'activités tenues par le secteur privé qui, lui aussi, pour des raisons fiscales, fait perdre l'information qui est la base de toute action de développement». Dans ce cadre, un recensement des moyens de base au niveau des régions est primordial pour toute volonté future de développement. Par moyens de base, le responsable du projet entend les hôpitaux et la qualité de leurs équipements humains et matériels, les institutions d'enseignement des trois niveaux, l'infrastructure routière, le degré d'industrialisation et le niveau d'intégration de ces industries, le degré de mécanisation de l'agriculture et les ressources hydrauliques, la présence de l'administration publique et son taux d'encadrement, les potentialités naturelles de ces régions (ressources ou richesse naturelle), les créneaux de croissance susceptibles de créer de l'emploi et générer des revenus. Ce bilan peut être établi, a priori, sur la base des données existantes sans qu'il soit l'objet, comme d'habitude, de projet d'étude et mourir dans les tiroirs des fonctionnaires et se perdre dans les labyrinthes des sources d'information et de données parfois diamétralement opposées. Tout cela, pour dire que «si on commence par recenser ces moyens au niveau des régions et à partir des unités en fonction sur le terrain, on peut, dans un temps très court, faire un inventaire fiable des moyens en place en se basant sur les données des différents ministères chacun en ce qui le concerne». En d'autres termes, «il n'est pas sorcier de recenser les moyens de base existants des hôpitaux, le nombre de lits, le nombre de médecins (généralistes et spécialistes) le nombre d'appareils radios, de scanners, les différents services suivant la discipline ou la spécialité, le rayon géographique et le nombre de citoyens couverts par ces installations, etc. Ce qui peut se faire pour la santé pourra être fait pour l'infrastructure routière, pour le secteur agricole, pour l'éducation, les moyens de transport, l'assistance sociale, le domaine sportif, etc.» Sur la base de ce bilan régional préliminaire, on peut établir un classement des régions qui fera apparaître les disparités des moyens entre elles et par conséquent établir un programme d'intervention d'urgence pour entamer des actions ponctuelles et réelles afin de déclencher l'action de décollage de ces régions et participer au développement global de notre pays.