Par Wafa KAMMOUN* Ne soyons pas pessimistes ! Il y a encore de braves hommes en Tunisie, qui peuvent sauver le pays et le protéger des dangers qui le guettent. Ne perdons pas espoir ! La Tunisie a aussi enfanté de bons enfants fidèles, intègres et dévoués qui répondent à l'appel de la mère patrie au signal de détresse... Un brave parmi ces braves, c'est le professeur ancien doyen de la faculté de Droit de Tunis, notre éminent Maître Sadok Belaïd, qui nous a admirablement surpris et éblouis par l'ardeur avec laquelle il a rédigé son article paru dans notre journal préféré La Presse, le dimanche 10-04-2011, intitulé : «Déclarer immédiatement la guerre à la corruption». Le grand pédagogue soviétique Makarenko, spécialiste dans le domaine de la rééducation et la réadaptation des délinquants et adolescents pervers, disait : «Les mauvais enfants de la Nation sont plus dangereux que l'ennemi déclaré du pays» Dans un autre endroit, il disait: «Tout le mal vient de leur mauvaise éducation»: Nous pouvons citer ce qu'avait dit Bourguiba à ce propos : «Ce qui menace la viabilité et la marche de la Tunisie, ce sont les mauvaises graines du pays. Notre ennemi ne viendra pas de l'extérieur, il est parmi nous». Et sans relâche, il ne cessait de réitérer et de répéter ce qu'avait dit le grand poète Ahmed Chaouki : «La valeur d'une nation dépend de ses valeurs morales et sociales. Toute cadence des mœurs entraîne la société au péril». Il semble que le problème revient, en grande partie, à la mauvaise éducation de base de ces énergumènes sans foi ni loi. Une brebis galeuse, comme dit le proverbe, infecte le troupeau de moutons. En effet, celui qui était placé au plus haut sommet de la pyramide du pouvoir et censé donner le bon exemple de comportement et de conduite à son peuple (sachant que tel dirigeant, tels administrés et tel maitre tel élève) était lui-même corrompu et zéro de conduite. Le psychanalyste Pierre Daco disait : «Personne ne peut conduire personne plus loin qu'elle n'est arrivée elle-même». Avec de la farine charançonnée peut on faire du bon pain ? Peut-on empêcher les gamins de danser, alors que le père dopé jouait au tambour, et que la marâtre composait avec une bande de corrompus … ? L'objectif de celle-ci était de corrompre les mœurs en utilisant divers moyens et instruments tels que les mauvais livres qui débauchent l'esprit des jeunes en faisant croire à des idées diaboliques à l'envers de la morale, telles que : «La vertu est incapable de produire des richesses. Au contraire, les séductions du vice et les goûts du luxe sont les véritables moteurs de l'économie. Eux seuls permettent l'opulence. En vain vous cherchez à associer la grandeur d'une nation avec la probité». Telles étaient leurs idées et pensées diaboliques. Ainsi était leur entreprise pour corrompre la société, dépraver la jeunesse, dérégler les mœurs, et conduire le peuple à la dérive et à la débauche. On n'est pas le fruit du hasard, nous sommes les fruits de l'éducation qu'on a reçue. J'insiste sur ce point, car — et je suis désolée de le dire — on a semé la pagaille dans notre système éducatif. L'esprit de discernement, d'analyse et de synthèse fut embrouillé et notre vision troublée. Nous avons perdu nos repères. Ce qui a entrainé le désordre et la gabegie, «qui sème le vent récolte la tempête et qui mal veut, mal tourne». Le résultat est bien connu : c'est la régression du niveau de l'enseignement d'une part, ainsi nous pouvons dire que la corruption est due à une mauvaise éducation de base (l'école représentait une toute petite partie de l'ensemble étant manœuvrée sous l'emprise du système). Nous sommes donc tenus de revoir les finalités et les objectifs de notre Education, ainsi que les programmes et les méthodes d'enseignement, et de concevoir une nouvelle pédagogie, car celle pratiquée actuellement contribue à former des sujets et non des citoyens. Elle vise à former des têtes bien pleines et non des têtes bien faites. Dans l'esprit de la Révolution et dans le sens de l'évolution, nous devons réclamer de vive voix «une pédagogie nouvelle pour une Tunisie nouvelle». Chose certaine, c'est que la Tunisie va connaître une rénovation. Ce sont ces jeunes qui vont la rénover. Nous sommes tenus de comprendre nos jeunes et de savoir communiquer avec eux. Rousseau disait : «Commencez par connaître vos enfants». Dans le même contexte, le grand éducateur américain John Dewey s'interrogeait : «Qu'est-ce qu'il faut pour enseigner à John ? et connaître John et savoir ce qu'on va enseigner à John ?» . Et pour conclure, je vous invite à méditer une vérité de grande portée pédagogique et qui a été dite avec grande sagesse par Ali Ibn Abi Taleb : «Dispensez à vos enfants un enseignement autre que le vôtre, car ils appartiendront à une génération différente qui est la leur».