Au terme de la conférence internationale sur les «Révolutions arabes : l'heure de la démocratie et du progrès», le journal La Presse a voulu en savoir plus sur les attentes de la Tunisie et des pays de la région, aux yeux de M. Mustapha Ben Jaâfar, secrétaire général du parti organisateur, le Forum démocratique pour le travail et les libertés. La Presse : Au-delà des rapports bilatéraux entre partis socialistes, dans quels cadre et perspectives s'inscrit la présente conférence ? M.B.J. : C'est pour nous la consolidation de relations anciennes entre le Forum démocratique pour le travail et les libertés, et le Parti socialiste européen, mais aussi la suite logique des révolutions arabes qui ont changé la donne et qui interpellent aujourd'hui les Européens quant à la nécessité de revoir les relations euro-méditerranéennes sur de nouvelles bases. La Presse : Que peut-on en attendre de concret ? M.B.J. : D'abord une réflexion profonde sur la refondation nécessaire du partenariat euroméditerranéen. Ce partenariat, que ce soit dans les formules du processus de Barcelone, dans la politique de voisinage ou même au niveau de l'expérience de l'Union pour la Méditerranée, a atteint ses limites - pour ne pas dire qu'il a échoué – parce qu'il a donné la priorité à la sécurité, aux dépens des valeurs communes de démocratie et de liberté. La Presse : Quel peut être l'apport du Parti socialiste européen au niveau de notre transition démocratique ? M.B.J. : Dans cette transition, tous les amis de la Tunisie, et les socialistes européens en tête, sont invités à soutenir les forces démocratiques et à aider le peuple tunisien dans la réalisation des objectifs de la révolution. Sans ingérence. Ils peuvent nous aider en pressant leurs gouvernements à rendre au peuple tunisien les biens mal acquis qui leur ont été subtilisés, en encourageant les entreprises européennes installées en Tunisie à ne pas délocaliser, en invitant les touristes européens à venir en Tunisie… Bien entendu, des investissements massifs dans les régions tunisiennes qui souffrent de la pauvreté et du chômage sont les bienvenus. La Presse : Plus généralement dans l'ensemble de la région arabe, que pourraient apporter le PSE ou l'Union européenne pour encourager la transition démocratique ? M.B.J. : Indiscutablement, en plus d'une nouvelle vision de ces relations, sur la base du respect des libertés et de la démocratie d'une part, et une stratégie de codéveloppement d'autre part, la question palestinienne reste au cœur des relations euroméditerranéennes. L'adoption par les Européens d'une position équitable et équilibrée, et la reconnaissance de l'Etat palestinien pourraient constituer une avancée dans le sens de l'assainissement des relations de l'Europe avec l'ensemble du monde arabe. La Presse : Votre Conférence internationale a abordé les problématiques de la migration irrégulière. Le PSE se distingue-t-il sur cette question par une approche spécifique ? M.B.J. : Le PSE va dans le sens de positions globales qui s'intégreraient dans cette refondation du partenariat. Mais, en urgence, il se soucie de l'organisation de l'accueil de ces immigrés conformément avec le droit international et le strict respect des droits de l'homme. Il faut aussi envisager de quelle manière ces immigrés pourraient recevoir une formation qui leur donnerait de nouvelles perspectives de travail, qu'ils restent en Europe ou qu'ils retournent dans leur pays.